Catriona Ward est une récidiviste ! Après avoir gentiment joué avec nos nerfs avec son précédent ouvrage La dernière maison avant les bois, la voilà qui recommence de plus belle avec son nouveau titre Mirror Bay, que nous proposent les éditions Sonatine. L’auteure sera présente au mois d’avril au festival Quai du polar à Lyon, ce qui vous laisse du temps pour lire son précédent ouvrage si ce n’est pas déjà fait et enchaîner avec ce génial Mirror Bay qui vous fera beaucoup réfléchir sur la mémoire et le passé, les traumatismes et les récits que l’on s’en fait.

L’histoire nous propulse au cœur de l’été 1989. Les parents de Wilder Harlow viennent d’hériter d’un cottage dominant les côtes du Maine. L’adolescent, plutôt mal dans sa peau, fait la connaissance sur la plage d’une jeune fille, Harper, et d’un garçon, Nat. Très vite, le trio devient inséparable. Mais malgré le tableau idyllique du bord de mer, des balades en bateau, des amitiés naissantes et des secrets partagés, des rumeurs courent à Whistler Bay. On parle d’une mystérieuse noyée dont le corps n’a jamais été retrouvé, d’un homme qui s’introduit la nuit dans les villas pour prendre en photo les enfants pendant leur sommeil... Bientôt, l’inquiétude laisse place à des événements beaucoup plus sombres. Pour les trois adolescents, les portes de l’enfance viennent définitivement de se refermer. Des années plus tard, Wilder, devenu écrivain, entreprend de raconter ses mémoires. Prenant un visage totalement inattendu, l’horreur frappe à nouveau…

Si vous aimez les ouvrages qui vous manipulent, ce livre est celui qu’il vous faut. Si vous aimez les intrigues alambiquées bien comme il faut, Mirror Bay est parfait car Catriona Ward la construit sur plusieurs temporalités autour du passé, du présent et du futur.

L’ouvrage s’appuie aussi sur des personnages travaillés, une fois encore, qui permettent une narration sous la forme du roman choral, très utilisé aujourd’hui dans les thrillers, particulièrement efficace pour donner du rythme à la lecture et donner l’envie au lecteur de ne pas lâcher l’ouvrage. C’est ici aussi encore une fois particulièrement réussi.

C’est donc une superbe expérience de lecture que nous propose l’auteur avec ce puzzle diabolique qui se reconstruit au fil des pages, sans que l’on sache toujours où l’auteur veut nous emmener avec la délicieuse sensation parfois d’être perdu mais conscient que le fil conducteur est toujours bien présent, malgré des retournements de situation. On comprend tout à la fin, ébahi par la finesse de cette intrigue que l’auteur nous a proposée.