One woman show écrit par Cléo Sénia et Alexandre Zambeaux, mis en scène par Léa Bréhan avec Cléo Sénia
Tandis que sur le rideau de fils qui sert d'écran est diffusé le film d'archive en noir et blanc des obsèques nationales de Sidonie-Gabrielle Colette dite Colette, Cléo Sénia telle une meneuse de revue vient présenter cet hommage à cette grande dame de la littérature dans ce "Music-Hall Colette" qu'elle annonce "librement inspiré de sa vie".
Et voilà le spectateur projeté immédiatement dans la maison d'enfance de Sidonie à Saint-Sauveur-en-Puisaye en Bourgogne à la fin du XIXème siècle. Un havre de paix où elle goûtera l'appel de la nature sur les conseils de sa mère qui lui en montrera tous ses trésors.
Mais la famille excentrique, bientôt ruinée, devra déménager et quitter la maison familiale. Ce sera un traumatisme important pour Sidonie-Colette qui ne s'en remettra pas facilement.
A Paris, où elle a d'abord du mal à se plaire, elle fera la connaissance d'Henry Gauthier- Villars surnommé Willy, auteur et éditeur qu'elle épousera et qui lui fera découvrir le monde littéraire et musical mais pas seulement...
Celui-ci, voyant ses dons d'écriture qu'elle n'a jamais cultivés, lui conseille de raconter son enfance et Colette crée ainsi le personnage de Claudine, co-signé par son mari à qui elle sert de prête-plume.
Elle connaîtra une ascension fulgurante et sa faculté à observer et décrire les choses de façon poétique ainsi que son style impertinent en feront rapidement la coqueluche du tout-Paris de la Belle époque.
Avec ce spectacle qu'elle a co-écrit avec Alexandre Zambeaux, Cléo Sénia propose une rétrospective à la fois ludique et moderne sur une des plus grandes femmes de lettre de la littérature française (qui présidera même l'Académie Goncourt à la fin de sa vie) mais aussi journaliste et artiste de music-hall à la réputation sulfureuse.
Avec une extraordinaire inventivité et des bulles de joie pure, s'appuyant sur la scénographie de Marie Hervé, le travail vidéo de Julien Dubois, les chansons d'Hervé Devolder ou les lumières de Denis Koransky, Léna Bréban signe une mise en scène en tout point magnifique.
Que ce soit les costumes superbes d'Alice Touvet, les chorégraphies inspirées de Jean-Marc Hoolbecq ou la musique et la composition sonore brillantes de Victor Belin et Raphaël Aucler, tout concourt à la grande qualité de cet original biopic.
Quant à Cléo Sénia, telle une tornade, terriblement attachante et drôle, elle est impressionnante d'aisance et d'énergie dans ce feu d'artifice. Quel plaisir de l'admirer dans toute l'étendue de son talent tant celui-ci est immense...
Avec malice, sensualité et émotion, elle donne corps à la vie de Colette. En vraie artiste de music-hall, elle sait tout faire : chanter, jouer la comédie, danser et mène avec un tempérament de feu (ses "whouhou !" sont définitivement irrésistibles) cet hommage à cette femme qu'elle admire et on le comprend, toutes deux ayant en commun un caractère bien trempé et une intarissable soif de liberté.
A travers le parcours de la grande femme de lettre, son âme irrévérencieuse et sa quête d'absolu à la recherche du bonheur de son enfance, Cléo Sénia, merveilleusement accompagnée par Léna Bréban, propose avec une générosité totale un spectacle kaléidoscopique surprenant, émouvant et terriblement beau qui parle aussi d'une artiste d'aujourd'hui.
Une merveilleuse ode à la vie !
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