Spectacle écrit par John Cameron Mitchell, musique de Stephen Trask, mis en scène par Dominique Guillo avec Brice Hillairet, Anthéa Chauvière, Lucie Wendremaire, Louis Buisset, Antonin Holub, Raphaël Sanchez
On ne vient pas par hasard voir "Hedwig and the Angry Inch". Soit on connaît depuis sa création ce musical underground créé off Broadway en 1998 par John Cameron Mitchell, soit on a vu le film qu'il en a lui-même tiré en 2001, soit on a entendu reprises ici et là des chansons de ce spectacle hors norme écrit et composé par Stephen Trask, comme le tube "The Origin of love" que l'on peut trouver sur youtube dans la version impeccable de Rufus Wainwright.
Maintenant, on pourra aussi se réclamer de la version française mise en scène par Dominique Guillo et interprété pour le rôle titre par Brice Hillairet.
Dans "Hedwig and the Angry Inch", on assiste à un spectacle protéiforme dans lequel Hedwig, anciennement Hansel, raconte, avec un accent germanique volontairement exagéré, son histoire insensée en la ponctuant de chansons. On y découvrira successivement : comment après avoir fui la RDA il va se transformer en femme pour gagner l'Amérique en contractant un mariage avec un militaire américain; comment le pire des chirurgiens ratera l'opération et comment Tony, un musicien américain et un autre de ses amants, lui volera toute sa musique...
Devant cette trahison qui mène Tony vers la gloire, Hedwig suit une autre route, celle de l'Amérique des paumés et des ratés. En la sillonnant, il prétend pourtant reprendre son bien, rétablir la vérité.
Y parviendra-t-elle ? Avant que le show trouve son rythme de croisière, elle parle beaucoup, sans doute trop, mais comment en serait-il autrement pour évoquer autant d' identités parallèles, autant de facettes multiples ?
Sur scène, elle a pour choriste principal Yitzhak (Anthéa Chauvière), avec qui elle partage désormais sa vie. Derrière eux, il y a bien sûr le groupe, "The Angry inch", composé de Lucie Wendremaire (batterie), Louis Buisset (guitare), Antonin Holub (basse) et Raphaël Sanchez (piano).
On l'a déjà dit : "Hedwig and the Angry Inch" n'est pas une comédie musicale. Seul le couple Hedwig et Yitzhak bouge, joue, chante et interprète le livret écrit par John Cameron Mitchell. Les autres, pendant cette partie parlée restent statiques derrière leurs instruments. Ils le font très bien et quand viennent les parties jouées et/ou chantées, on ne peut nier que "ça déménage". A l'inverse, quand Hedwig parle, on est un peu frustré que ses musiciens soient le plus souvent cantonnés à n'être que ses spectateurs.
Mais, sauf quelques nouveaux venus, on est entre aficionados qui connaissent le texte par cœur et savent que chaque morceau de bravoure viendra à son heure.
Spectacle culte, "Hedwig and the Angry Inch" s'est constitué en vingt ans un vrai public, avide de constater comment son spectacle favori évolue une fois encore. Il ne sera pas déçu par la version française qui respecte ce qu'il attend avec un vrai plus : l'interprétation de Brice Hillairet, bien secondé par sa partenaire Anthéa Chauvière, parfaite elle aussi dans le rôle de Ytzhak.
Un spectacle à découvrir. Attention, on peut vite en devenir addict !
Philippe Person
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