En février dernier, les éditions de l’Olivier me permettaient de découvrir un auteur considéré comme l’inventeur du roman d’espionnage, un certain Eric Ambler. Avec Le masque de Dimitrios, je rencontrais donc la plume incroyable de cet auteur, apprenant en même temps qu’une nouvelle publication arriverait en avril.
J’ai donc reçu cette nouvelle publication, Je ne suis pas un héros, que j’attendais avec impatience pour voir si le plaisir de lecture obtenu avec le précédent ouvrage serait de nouveau bien présent avec celui-ci.
Et bien c’est un grand oui pour ce nouveau plaisir de lecture. Cette deuxieme lecture d’Eric Ambler s’est avérée tout autant passionnante que la première. Avec Je ne suis pas un héros, on se retrouve autour d’un livre prémonitoire, où les enjeux de l’économie de guerre et les techniques de manipulation font pour la première fois leur apparition dans un roman d’espionnage.
L’histoire se déroule en 1937. L'ingénieur Nicky Marlow accepte la direction d'une filiale de machines-outils britannique à Milan. Or à peine arrivé en Italie, il voit son passeport confisqué pour "formalités d'enregistrement". Puis il reçoit la visite d'un étrange général yougoslave et est contacté par un non moins mystérieux "importateur" de parfums marocains, de poissons norvégiens et de bicyclettes françaises. Marlow veut se contenter de faire son travail, mais les périls montent en Europe et lorsqu'on dirige une entreprise qui fournit au gouvernement italien des machines destinées à la fabrication d'obus, on est vite sollicité pour transmettre des renseignements. Marlow n'est pas un héros. Pourtant, peut-on rester neutre en sachant que vos "clients" utiliseront peut-être contre votre pays les armes que vous les aidez à fabriquer ? Marlow doit choisir son camp avant que le piège ne se referme sur lui.
Avec cet ouvrage, l’auteur nous embarque de Milan aux Balkans de façon purement addictive. Il nous décrit aussi une époque, celle des années 30, marquée par la crise économique qui sévit. On est véritablement dans le roman d’espionnage parfait avec une lecture aussi puissante que celles d’un John Le Carre.
On suit avec frénésie l’ingenieur Marlow au cœur de cette Europe folle des années 30. On le voit pris dans des machinations impensables, impitoyables aussi, dans une Italie mussolinienne où la mafia est bien présente.
Avec cet ouvrage, l’auteur prend soin d’éviter les clichés concernant cette période si particulière, il s’appuie sur son écriture élégante pour nous dévoiler un magnifique roman d’espionnage qui demeure indémodable. On comprend très bien pourquoi ces romans reparaissent aujourd’hui dans des traductions intégralement révisées, pour notre plus grand plaisir. On attend maintenant que les éditions de l’Olivier nous proposent une nouvelle publication d’Eric Ambler, prévue pour l’année 2025 maintenant. |