Double intention dans ce disque : rendre hommage à la musique de Gabriel Fauré et l’injonction de continuer de rêver (et c’est effectivement important de continuer de rêver).
Enrico Pieranunzi est l’un des rares pianistes à être influencé aussi fortement par la musique "classique" et par le jazz, créant un Ménage à trois (Bonsaï Music, 2016), avec Diego Imbert et André Ceccarelli, où il faisait vivre son épouse (la musique classique) et sa maîtresse (le jazz). Trio que l’on retrouvait avec Monsieur Claude (Bonsaï Music, 2018) où ils revisitaient la musique de Claude Debussy.
On reprend les mêmes (avec en plus la participation pour certains morceaux du clarinettiste Gabriele Mirabassi et de la chanteuse Simona Severini) mais donc cette fois s’attaquant avec subtilité et élégance au répertoire de Fauré (Romance sans paroles Op.17 No.1, Chanson d'amour Op.27 No. 1, La Berceuse de la suite Dolly, Sicilienne Op.78, Prélude Op.103 No.1, Mai Op.1 No. 2, Pavane Op.50, Après un rêve Op.7 No. 1, Barcarolle Op.44 No.4).
Tout comme avec la musique de Debussy, Satie, Liszt, Milhaud... plus encore que simplement "jazzifier" la musique de Fauré, Enrico Pieranunzi, André Ceccarelli, Diego Imbert trouvent une sorte d’alchimie pour faire parler autrement le vocabulaire et la grammaire fauréenne. On retrouve la subtilité de son univers poétique, l’audace de ses constructions harmoniques, certes agencées d’une autre manière, se baladant même entre différents instruments (sans oublier la batterie de Ceccarelli) et la voix, mais toujours bien là. De plus, ce disque a de surcroît le mérite de nous rappeler quel maître de la mélodie était Fauré, dont la grammaire a trouvé ici d’excellents interprètes.