Premier jour du premier grand festival de l'été 2006. Peut être le seul d'ailleurs à mélanger aussi harmonieusement art, spectacle vivant et musique actuelle. C'est parti pour trois jours d'emerveillements visuels et sonores avec Art Rock 2006 en plein coeur de Saint-Brieuc.
Le village s'est transformé cette année avec l'apparition d'un Magic Mirror (sorte de cabaret démontable que l'on voit de plus en plus souvent sur les festivals) planté au beau milieu de place de la résistance où auront lieu les concerts gratuits de l'après midi.
Dans la grande salle de la Passerelle, haut lieu de spectacle, rien n'a changé et la journée commence par un savoureux reportage sur les scopitones et toutes ces années où les yéyés se faisaient filmer par des Lelouch ou Mamy Scopitone, Daidy David Boyer. Images kitsch, témoignages émouvants, une bonne entrée en matière avant d'aborder de la musique plus moderne.
Pendant ce temps dans le village, après un bon concert de Sofiane Saidi en ouverture du lieu, l'équipe de My Lullaby envahit la petite scène avec leur rock accrocheur fait d'effets savamment maitrisés pour soutenir une voix qui n'est pas sans rappeler celle de Matthew Bellamy.
Il est temps d'ouvrir la grande scène, fidèle à sa place Poulain Corbion et sans changements aucuns pour le retour en France des Fun Lovin Criminals.
Le trio new-yorkais inclassable et peu connu en France malgré un tube entêtant il y a quelques années parvient sans difficultés à faire bouger la foule avec des rythmes rock'n'roll imparables et un énorme son dans tout le lieu.
Pendant ce temps au petit théâtre a lieu la performance du jeune japonais Hiroaki Umeda. Lentement, sur une vidéo répétitive et sous un vrombissement sonore, le corps se déplace, oscille pour terminer dans une chorégraphie déchaînée sous les hurlements des enceintes.
Un spectacle particulier tout comme celui d'Adrien M., 'Convergence 1.0' où le jongleur en duo avec une violoncelliste manie aussi bien, et avec grand talent, les boules réelles que les boules virtuelles. Derrière un grand écran, il joue avec son image, avec les boules qui apparaissent, disparaissent, se figent et dessinent son double numérique. Une maitrise parfaite des effets et un exploit technique pour ce spectacle.
Que dire de Goran Bregovic et de son orchestre des mariages et des enterrements ? Sinon que dès les premiers morceaux, ils posent l'ambiance : fanfare tzigane, costumes traditionnels, il ne faut que quelques minutes pour se retrouver en europe de l'est en plein milieu d'un film de Kusturica dans un mélange de folklore et de musique remplie de cuivres.
Cuivres toujours avec Seun Kuti du Nigeria dans un déluge de couleurs. Il présente ses musiciens dès le premier morceau et se lance dans de longs morceaux dansants aux intonations jazzy. Le public est sous le charme et c'est toute la foule de Poulain Corbion qui bouge sous le saxo ou la voix du personnage.
Premier concert du forum avec Black Heart Procession dans une chaleur moite. Les barbus débarquent sur le plateau et entament une longue série de chansons noires. Scie musicale, violon, cuivres et guitares ethérées, ils réalisent un concert un peu répétitif mais néanmoins fort intéressant dans un forum bien rempli.
Les concerts des petites scènes n'ont pas forcément été très ponctuel dans la journée et c'est encore le cas pour la balance de why? qui déborde sur le planning.
Les musiciens plaisantent en sortant du plateau et reviennent aussitôt pour un concert de rappel. Et cette fois ci on tient la révélation de la journée. Le setup est original : un chanteur debout sur ses deux pédales muni d'un clavier, d'une caisse claire et d'une cymbale, un batteur déchainé armé de percussion et surtout un guitariste-clavier-bassiste-avec-les-pieds totalement hors du commun.
Les chansons sont pop avec un phrasé parfois hip hop mais une voix toujours impeccable. Le batteur passe de rythmique classique à solos dévastateurs en un clin d'oeil tandis que, les deux mains sur son clavier, le guitariste joue de la basse avec son pédalier. Le groupe reviendra pour un rappel avec un Yoni Wolf chauffé à blanc qui chante, monte sur les retours, tombe et laisse le public sans voix.
D'ailleurs tout cela a même fait oublier qu'il y avait Fishbone sur la grande scène. Parfois mieux vaut découvrir une perle que risquer d'être deçu par des anciens...
A demain pour la grande journée du retour des Happy Mondays, entre Katerine, dEUS, les Rakes et tout le bonheur de ce progrmmation du samedi !
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