Le Funambule Montmartre
(Paris) du 10 septembre au 28 janvier 2025
Texte de Bernard Moitessier, adapté et mis en scène par Thierry Lavat avec Thierry Lavat.
"Allez-y !". On aimerait être assez persuasif pour n'avoir qu'à écrire ces deux mots pour convaincre tout le monde de venir voir Thierry Lavat rendre un hommage amoureux à Bernard Moitessier.
On le remerciera d'abord de remettre dans l'actualité ce marin mythique mort il y a déjà vingt-huit ans. Quand on parle de lui, on s'aperçoit qu'il n'est pas tant inconnu que ça, qu'il y a de nombreuses personnes, évidemment plutôt intéressées par la mer, qui se souviennent de lui, qui l'ont lu, qui l'ont aimé.
En allant découvrir Thierry Lavat habillé en marin barbu et en marinière bleue rayée prendre le large pour raconter sur sa planisphère-bateau l'épopée autour du monde de Bernard Moitessier, c'est un sacré voyage qu'ils vont effectuer.
Thierry Lavat a déjà réalisé un vrai miracle : résumer en une heure de soixante-dix minutes un livre de plus de trois-cents pages où rien n'est à enlever...
Pour ceux qui ignorent tout de Moitessier, on leur rappellera qu'il est né en 1925 et qu'il a donc déjà une quarantaine d'années quand en 1968, un journal anglais a l'idée d'organiser une course autour du monde sans escale, le "Golden Globe Challenge". Bernard, à bord de son voilier Joshua, décide d'y participer...
A l'époque, on est encore loin des bolides des mers sponsorisés par des multinationales qui traversent les océans en une semaine pour précéder de quelques secondes leurs concurrents. Le bateau de Bernard est beau, fait rêver même soixante ans après quand Thierry Lavat accroche sa réplique sous forme de maquette à l'avant de sa planisphère reine des mers.
Dès qu'il commence son récit, on sait que rien ne se passera comme certains, connaissant mal Bernard, pensaient que ça se passerait. Le vent souffle, les mots ont le goût des embruns et il n'est jamais question de record, de bataille contre des solitaires qui ne seront jamais des adversaires, a fortiori des ennemis. On est, il ne faut pas l'oublier, en 1968 et parler d'utopie, ce n'est pas encore employer un gros mot. Quand Bernard s'apprête à gagner, il n'étonne qu'à moitié quand il ne franchit pas la ligne et s'en repart pour un autre tour du monde qui le conduira sur les traces d'Alain Gerbault, de Gauguin, de Segalen, c'est-à-dire à Tahiti.
Moitessier a fait rêver plusieurs générations de passionnés de la navigation maritime, Thierry Lavat s'occupe des plus jeunes. Sans se permettre la facilité du lyrisme, il maîtrise son sujet. Il inscrit son parcours sur sa planisphère géante, sorte de longue patate affublée des continents, conçue par Emmanuel Charles pour un voyage au long cours.
Tous les soirs, Thierry Lavat va emporter dans l'univers de Bernard Moitessier ceux qui auront la bonne idée de se laisser happer par son grand talent.
Et pas simplement pour une heure de soixante-dix minutes mais pour bien plus longtemps. Car ce spectacle fait rêver d'ailleurs chaque fois qu'on y repense.
Absolument immanquable.
Philippe Person
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