Réalisé par Hugues Hariche. Drame. 1h44. Sortie le 30 octobre 2024. Avec Flavie Delangle, Sarah Bramms, Camille Rutherford, Till Clémence, Claude Fugère, Faustine Matthieu.
Le cinéma français n'est pas très client de scénarios originaux. Ainsi, les films qui prennent le sport comme cadre sont rares alors que les sujets, à commencer par les inévitables biopics, ne manqueraient pas et pourraient toucher de nombreuses disciplines . A l'intérieur du genre, il pourrait aussi y avoir des films racontant l'ascension d'un jeune sportif, sa formation, sa chrysalide à l'adolescence qui le mènera ou non vers la gloire.
Pour son premier long métrage, le franco-suisse Hugues Hariche a eu la bonne idée de s'intéresser au devenir d'une jeune hockeyeuse , Manon Rivière, en décrivant un moment crucial de son existence.
Il faut dire que "Rivière" le nom qu'elle porte dans la vie est un nom qui a déjà eu une histoire dans le hockey sur glace, puisque son père a été un professionnel célébré, qu'il a fini par laisser sa femme et sa fille en Suisse pour jouer en France et en a profité pour refaire sa vie.
A 17 ans, Manon fugue et traverse la frontière pour tenter de rejoindre son père qu'elle croit à Belfort . Si ce père fantasque et immature a laissé là sa nouvelle femme, il n'y vit pas régulièrement . En attendant son retour hypothétique, elle fera surtout la connaissance de sa demi-sœur, ce qui lui sera finalement plus bénéfique. Le film raconte comment sa recherche de ce père insaisissable va lui permettre par la bande de construire sa vie d'adulte, entre le hockey et la révélation de sa sexualité. A l'instar de bien des sportifs ou des sportives qui n'ont pas connu jeunes leurs pères ou mères en activité, c'est cette absence, ce manque, qui les aura mené à pratiquer le sport de leur géniteur ou génitrice. A défaut de l'avoir physiquement dans la peau, ils ou elles auront son nom floqué dans le dos de leur tenue de compétition.
Film didactique, où sont très bien filmés les matchs de hockey, "Rivière" raconte les rêves et les espoirs d'une sportive douée. Hugues Hariche la suit dans la période chaotique où la recherche de son père interfère avec ce moment charnière où elle va devoir s'affirmer dans son sport. Ce qui nécessiterait qu'elle ne soit pas distraite par autre chose... Quoique... Puisque c'est l'exemple de son amie Karine, patineuse artistique aux portes de la dépression et de l'overdose médicale, qui lui permettra de relativiser son propre mal de vivre.
"Rivière" fera comprendre que la pratique intensive d'un sport, comme ceux dits de glace, oblige des jeunes filles à troquer une partie de leur enfance pour une entrée précoce dans le monde des adultes où les guette un avenir aléatoire. Le jeu en vaut-il la chandelle ? S'il y a des performances et la transformation de sa passion en métier, c'est fort possible... Reste ceux qui auront fait les mêmes sacrifices et n'auront pas eu les mêmes résultats ou les mêmes chances...
"Rivière" de Hugues Hariche risque de passer aux yeux de beaucoup comme un téléfilm "France 3". Ce serait injuste car le cinéaste a trouvé deux jeunes filles, Flavie Delangle et Sarah Bramms, très crédibles en acharnées de la patinoire, dont les performances de comédiennes méritent d'être saluées et soulignées.
Espérons que le public sera réceptif à ce film et qu'il sera suffisamment vu pour que d'autres réalisateurs aient à leur tour envie de s'emparer du "continent sportif" pour en raconter les affres ou les épopées.
Philippe Person
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