Illustre et inconnue. L'affiche de la Cigale, ce soir, était belle comme une Suède mystique et ses suédois mythiques. Paraîtrait même qu'il y en a prénommé Peter Von Poehl, et que son premier album Going to see where tea trees are serait un succès, et que oui je te jure on le verrait même sur France 4 ou dans "A nous Paris" , c'est pour te dire.
C'est pour te dire que ce soir il y avait des bonnes et des mauvaises nouvelles à s'annoncer. Les bonnes ? Peut-être sans doute cet happening en préambule avec ce pianiste, cet organiste talentueux du nom de Charlie O, époustouflant de virtuosité.
L'espace d'un instant on aurait cru voir et entendre Jimmy Smith, et Charlie assurait, vraiment, clope au bec comme les grands. Oui c'est aussi le clavier de Peter Von Poehl, avec l'autre on se demandait s'il était le fils spirituel de Charlie Oleg, la coïncidence serait heureuse ne trouves-tu pas ?
Où est Charlie me demandes tu, ah ah ? Sur www.myspace.com/charlieooo pour l'instant mais quelqu'un m'a dit que l'artiste préparait un album solo…Contre-courant musical quand tu nous tiens….Charlie O distillait le boogie comme personne depuis longtemps à Paris. To be continued.
La mauvaise nouvelle alors ? Marie Modiano, la fragile fille de, qui égrenait ses chansons squelettes comme d'autres tapent la raquette. Oui c'est d'actualité je sais. Le genre de chansons à la Libération, style Télérama ++, la nouvelle scène française et ses apôtres ayant mal au cœur. Cette chanson parle des amours compliqués ? L'auditeur connaît-il des amours simples…Quelle question !.
Marie, corps de poupée, est un peu gonflante, et ses accents british à souhaits et refrains convenus. Que faire, que faire, si ce n'est souffler devant l'ersatz de Cat Power et Pj Harvey, ses gimmicks sans étincelles. On se cache et l'on fume, on empeste ses voisins tous attentifs à ce rock pour fille, s'il faut qualifier la chose.
Les arrangements à la Paul Personne sauvent l'affaire, l'ensemble gentil route 66 Amérique mystique s'avère dur, comme "C'est dur l'amour" (Sic) ou "Honolulu" . Donnez moi T-bone Walker ou JJ Cale par pitié… Joli grain de voix et consensus du public ébahi, je m'efface au bar.
Retour en fanfare dans la Cigale remplie à craquer pour Peter Von Poehl, et son album sensible, tout en cordes lumineuses.
Un rayon de soleil éclairant la salle.
Menu , discret et timide le rayon de soleil qui filtre à travers les cheveux de Peter, accompagné de son groupe.
Quasi-bilingue, le suédois s'excuserait presque dans la langue de Lorie d'être là ce soir, alors qu'il y est acclamé.
Début des hostilités avec "The story of the impossible", seul à l'acoustique et voix haut perchée, voix qui se chauffe dans les aigus. Poils qui se hérissent, et l'humeur romantique se propage dans les rangs, comme un virus.
Et vient "Global Conspiracy" , écrite suite à la rencontre avec un ami paranoïaque qui pensait être sur écoute, et l'on se dit à ce stade qu'il est dur de décrire une ambiance magnifique avec quelques mots fades.
Peter Von Poehl est bien le virtuose annoncé à la guitare, sèche ou électrique, comme sur "A broken skeleton key" ou "Scorpion grass" , joué à la mini guitare, sorte de ukulélé.
"Scorpion grass" s'avère être le single évident, salué par le public comme le "Jumpin' Jack Flash" des Stones. Les cuivres réchauffent un peu plus encore la salle à son comble de l'orgasme, la salle bouge et pleure, les titres s'enchaînent et aucune faute de goût à l'horizon.
Peter, en homme de goût, explique ses chansons, comme "Tooth Fairy", l'histoire d'une fée qui volerait l'argent donné aux enfants lorsqu'ils perdent leurs dents, ou "Little Creatures", l'histoire d'une souris vue en rêve…
L'homme est poète, sensible. Artiste en un mot. Capable de reprendre "Heartbreak Hotel" comme si elle était faite pour lui.
Le temps s'étant perdu en route, Marie Modiano se joint à Peter pour un duo, reprise d'un titre des Righteous Brothers, étonnant moment de pureté et d'intimité, et acclamation du public. Plus un siège de libre, tout le monde en stand-up, et trois rappels pour un artiste en plein envol, dans ses cieux pop mirifiques.
Et l'on repense à Burgalat, qui depuis longtemps déjà, l'avait encouragé à composer et jouer seul... Merci Bertrand merci Peter. |