Voilà donc un bien bel ouvrage qui ravira les amateurs d’Histoire concernant la Seconde Guerre mondiale. Les éditions Perrin ont décidé de réunir dans un seul ouvrage deux livres publiés il y a quelques années consacrées aux grandes erreurs de la Seconde Guerre mondiale et aux mythes de cette Seconde Guerre mondiale.
Les éditions Perrin nous proposent un nouvel ouvrage collectif rédigé sous la direction de deux grands historiens avec une première partie consacrée aux grandes erreurs de la Seconde Guerre mondiale. L’ouvrage revient donc sur vingt erreurs stratégiques lors de cette guerre, des erreurs expliquées par une équipe d’historiens spécialistes dirigée par Jean Lopez et Olivier Wieviorka.
La Seconde Guerre mondiale a duré plus de six années, aussi longues que terribles. Une durée qui s’explique par les formidables moyens que les belligérants déployèrent sur terre, sur mer et dans les airs. Si Hitler ne s’était pas obstiné à gagner la bataille de l’Angleterre, si la France n’avait pas imprudemment lancé ses forces en Belgique et en Hollande, si les Américains n’avaient pas débarqué en Afrique du Nord, la face de la guerre en eut été changée et sa durée vraisemblablement raccourcie.
En traquant les erreurs commises par les deux camps, l’ouvrage explore la rationalité des acteurs. Car les décisions prises par les dirigeants politiques ou les chefs militaires reposaient sur un ensemble de paramètres qu’il importe de décrire, afin de comprendre pourquoi ils menèrent à l’échec. Les stratégies se fondaient sur des informations parfois imparfaites, sur des moyens souvent limités, sur des hypothèses par moment fallacieuses. Malgré les enjeux colossaux d’une guerre où des millions de vies étaient en jeu, l’orgueil, l’obstination, le carriérisme et l’opportunisme pesèrent aussi lourdement dans la prise de décisions, souvent mauvaises.
Comme toujours avec ce genre d’ouvrage, constitué de chapitres indépendants les uns des autres, réalisés par des auteurs différents, on peut aller piocher là où bon nous semble (même si évidemment tous les articles sont intéressants et écrits par des spécialistes de la question) en fonction de nos centres d’intérêt, de nos connaissances ou de notre curiosité.
De mon côté, je me suis lancé en premier sur le chapitre traitant de l’invasion de la Chine, sur ceux concernant Malte et Singapour et sur celui concernant la capitulation. Le chapitre sur Singapour et le désastre anglais traite d’un sujet peu abordé quand on parle de la Seconde Guerre mondiale. On nous y explique les raisons de cette défaite qui fut considérée par Churchill comme le pire désastre de l’histoire militaire britannique. Le chapitre sur Malte nous montre l’importance de cette île méditerranéenne dans le conflit. Cette possession anglaise joua un rôle important du fait de sa position stratégique entre l’Europe et l’Afrique. Le chapitre nous montre les occasions ratées de s’attaquer à cette île de la part des Italiens et des Allemands, Malte étant un objectif toujours considéré dans les plans mais jamais attaqué. Alors que cela aurait pu changer structurellement l’équilibre des forces en Méditerranée.
L’histoire de la Seconde Guerre mondiale nous semble bien connue. Elle est en réalité encore largement construite sur un certain nombre de mythes qui ont toujours la vie dure auprès du grand public. Pour y remédier, Olivier Wieviorka et Jean Lopez ont réuni les meilleurs historiens français et étrangers de la période. La deuxième partie est consacrée aux mythes de la seconde guerre mondiale.
Sur chaque sujet, ils cassent les clichés convenus et les images toutes faites, donnant un ouvrage aussi agréable à lire que novateur. Autour de deux parties, ce sont donc trente-sept mythes qui sont déconstruits sous la plume de ces brillants historiens, trente-sept chapitres courts et enlevés qui livrent un nouveau regard sur ce moment décisif de l’histoire du monde.
Et du coup, on doit bien avouer que l’ouvrage nous permet d’apprendre de nombreuses choses concernant les différents belligérants de cette Seconde Guerre mondiale, les mythes ayant l’originalité de tous les toucher que l’on soit du côté des vainqueurs ou des vaincus. L’ouvrage revient par exemple sur l’inéluctabilité de la défaite française en 1940, nous explique que le froid qui aurait vaincu les Allemands en URSS serait en fait une raison trouvée par Hitler pour cacher la vérité aux Allemands. Les talents de Patton sont aussi remis en cause dans l’ouvrage, ce qui devrait beaucoup plaire à mon ami Benoît Rondeau, auteur d’un superbe ouvrage sur ce général américain. Le poids d’Hiroshima dans la capitulation japonaise est aussi fortement remis en question, l’ouvrage nous montrant que c’est plutôt la peur d’une attaque de l’URSS qui incita l’empereur nippon à prendre cette décision.
On apprend aussi (enfin, pas vraiment pour moi puisque je suis en train de lire une biographie qui en parle aussi) que l’union sacrée autour de Churchill pendant la guerre ne fut pas tant effective que cela. L’ouvrage nous montre aussi que les dégâts à Pearl Harbour ne furent pas si importants que l’on a pu nous le dire, que certains évènements ont été plus déterminants que d’autres davantage mis en avant.
Les mythes de la Seconde Guerre mondiale est donc un ouvrage passionnant dans lequel on peut aller picorer dans l’ordre que l’on veut les articles que l’on veut lire en fonction de nos préférences ou de nos connaissances. Parfaitement adaptés à tous les publics, les chapitres se lisent très facilement pour notre plus grand plaisir. Il est un ouvrage référence pour ceux qui s’intéressent de près à la Seconde Guerre mondiale.
Au final, cet ouvrage sera le cadeau parfait de fin d’année, le livre à mettre sous le sapin de ceux qui aiment l’Histoire. |