8 décembre 2024, la nouvelle édition des Trans Musicales de Rennes est terminée et c'était encore un melting pot de découvertes musicales, un voyage à travers le monde selon une recette immuable mais toujours efficace de la part de l'équipe d'organisation, avec, en tête, Jean-Louis Brossard et son jeune padawan Théo Muller, responsables de la programmation.
Comme tous les ans, puisqu'il est difficile de rendre compte de l'intégralité des concerts, nous allons parler des coups de cœur avec tout d'abord la révélation de l'édition 2024, le coup de cœur immédiat. Rencontré une première fois dans le hall du Liberté, nouveau grand lieu du festival, gratuit et accessible du jeudi au samedi dans des conditions excellents, puis sur la scène du hall 4, le groupe londonien Dog Race et sa chanteuse Katie Healy, habitée, yeux clos, toute de rouge vêtue présente une cold wave envoûtante tantôt lente et intense, tantôt rythmée à la Joy Division. La voix est grave, déchirée, les gestes sont chaotiques à l'image des quelques clips déjà publiés par le quintet. On ressort lessivés par le groupe tandis qu'après s'être agenouillée au sol, l'ombre rouge s'échappe de scène sans un bruit. À suivre de très près.
Autre belle découverte lors des concerts gratuits en ville, le trio suisse Alice mené par une mère et sa fille a proposé dans l'après-midi un magnifique moment poétique, parfois un peu décousu mais toujours drôle. Trois chanteuses, Yvonne et Lisa Harder, associées à Sarah André, un clavier Bontempi et de petites chansons pleines de sous entendus sur l'écologie, la politique, la vie. On passe d'un "oiseau magnifique" (qui n'est qu'un bout de plastique) à l'évocation d'une "fête nulle" pendant ce superbe concert tout en douceur avec ce petit collectif qui gagne à être connu.
Le Hall 4 du Parc des Expositions est traditionnellement dédié aux groupes rock et cette année encore se sont succédées d'excellentes formations comme les shoegazers portuguais de Travo ou encore l'étonnante performance de Benefits, ovni bruitiste mélange de sons, de spoken word et de cris, mais rien ne fut aussi empressé et énergique que le concert des Finlandais de Us. Harmonica en avant et toutes guitares dehors, le concert fut une chevauchée endiablée sur un territoire rock classique mais terriblement incarné. Les cordes de guitare sont martyrisées, les rythmes foncent à une vitesse prodigieuse, et le public se déchaîne devant les 5 rockeurs en fusion.
Parlons enfin du groupe sélectionné pour la résidence des Trans Musicales, programmé 5 soirs de suite à guichets fermés, le duo Candeur Cyclone. Formé par Mina et Marius, découverts sur TikTok et accompagnés sur scène par l'excellent Dani Terreur aux machines et à la guitare, ils proposent l'intégralité de leur album fraichement sorti Teenage Dirtbag en version live avec une jolie mise en scène et pas mal d'interactions avec le public. Racontant les affres de l'adolescence, la peur de l'avenir, la santé mentale fragile, le duo, installé dans la reproduction d'un petit appartement, livre ses maux en précisant tout de même qu'ils vont bien. On leur souhaite de tout coeur un grand succès et de prolonger ces premiers pas sur scène par de belles tournées.
Comme tous les ans, en plus de ces coups de coeur, nous avons pu assister à de nombreuses petites perles, de découvertes françaises ou internationales qu'il ne reste plus qu'à attendre de revoir un peu partout dans nos salles et festivals dans les prochaines années. Merci les Trans. |