Amateur d’histoire et du septième art, ne cherchez plus le cadeau que vous pouvez demander au pied de votre sapin dans quelques jours. Les éditions Ouest-France et Benoît Rondeau vous proposent un très bel ouvrage grand format représentant une rétrospective complète sur la façon dont le cinéma s’est emparé de la Seconde Guerre mondiale comme sujet de création.
C’est donc un ouvrage totalement inédit qui se retrouve à notre disposition. Un ouvrage dans lequel il s’agit d’aborder le sujet selon le point de vue d’un historien. Un ouvrage qui ouvre de nombreuses interrogations. Comment a-t-on filmé des fictions sur le conflit de 1939-1945, selon la période, selon le pays (la résistance vue par Hollywood est différente dans un film français réalisé après-guerre, qui présente également un autre regard que celui d’une œuvre française qui sort sur les écrans dans les années 2000) ou selon le réalisme, depuis 1939 jusqu’à nos jours ? L’ouvrage en même temps aborde aussi les questions de la censure et des difficultés de tournage.
C’est un très bel ouvrage que nous propose Benoît Rondeau, dans un grand format et avec une très belle qualité de papier, nécessaire pour bien mettre en valeur les nombreuses photographies que l’on va retrouver lors de la lecture.
Dans chaque chapitre, on découvre la représentation des différents fronts ou personnages au fil du temps. L’ouvrage nous permet de comparer l’évolution du septième art sur de nombreux sujets, comme par exemple pour ce qui est de la guerre du pacifique avec le film de John Wayne et celui de Clint Eastwood.
L’ouvrage nous embarque au cœur des œuvres majeures du cinéma français comme du cinéma étranger autour de vieux films comme de films plus récents. On pourra s’arrêter sur Le silence de la mer comme Le vieux fusil mais aussi parcourir La vie est belle ou encore La chute, des films plus récents. Il est par exemple intéressant de voir comment le cinéma a pu ériger en mythe certains évènements de la Seconde Guerre mondiale.
L’ouvrage est construit de façon chronologique avec dans un premier temps les films sortis pendant le conflit, que cela soit le cinéma nazi, le cinéma allié ou le cinéma soviétique. Un deuxième temps est consacré au cinéma d’après-guerre et des années 50, qu’il soit français, américain ou soviétique. On y découvre l’héroïsme américain dans certains films, le patriotisme côté soviétique mais aussi les faits d’armes britanniques. Du côté du cinéma français, les longs métrages magnifient la résistance. Du côté des anciens pays de l’axe, c’est un cinéma des vaincus qui nous est proposé.
Les années 60 et 70 marquent le temps des superproductions et des films d’action. Quand celui de la fin des années 70 et des années 80 est marqué par la fin des héros tout en dénoncant les horreurs de la guerre. La résistance peut être filmée sous l’angle de la comédie, des films sont consacrés au génocide juif.
Depuis les années 90, l’ouvrage nous montre l’exigence de réalisme du cinéma et les nouveaux thèmes qu’il peut aborder. Evidemment, on va y retrouver Il faut sauver le soldat Ryan mais aussi des films sur la Shoah filmés avec un réalisme redoublé. Indigènes vient bousculer la mémoire sélective, remettant tout à l’honneur les troupes coloniales. Imitation Game (excellent film) traite du décodage de la machine Enigma et Christopher Nolan nous propose Dunkerque. Plus récemment, on a pu voir dans les salles l’excellent Oppenheimer.
Alors voilà, cet ouvrage est vraiment passionnant, éclairant sur le cinéma consacré à la Seconde Guerre mondiale. Il nous permet d’appréhender différemment ce conflit en offrant un regard critique d’historien. Il devrait trouver sa place facilement au pied du sapin de Noël de ceux qui aiment les beaux ouvrages d’histoire et de cinéma. |