Réalisé par Philippe Van Leeuw. Thriller. 1h36. Sortie le 18 décembre 2024. Avec Vicky Krieps, Mike Wilson, Ezekiel Velasco.
Les Américains, ou plutôt les Etasuniens, sont des êtres paradoxaux. Ils élisent des présidents qui construisent des murs pour contenir l'immigration sauvage à la frontière mexicaine... et jamais ils ne revendiquent leurs mauvais actions.
La preuve ? Il faut un directeur de la photo belge, Philippe Van Leeuw, passé tardivement à la réalisation, et une actrice luxembourgeoise, Vicky Krieps, pour que la question fasse enfin l'objet d'un film. Un film clair et net... mais qui cache sa bénéluxité derrière un titre en anglais : "The Wal".
Ceux qui ne feront pas attention à la nationalité des protagonistes cités penseront qu'ils voient un très réussi film indépendant américain. Il ne faudra pas les détromper, car les vrais films indépendants US pas trop Sundance, sont devenus hélas extrêmement rares.
Ici, le résultat est là : Il n'y a pas plus américain que cette histoire tendue contant le quotidien d'une femme policière appartenant à la police des frontières, opérant entre l'Arizona et le Mexique.
Anticipant la réélection de Donald Trump, "The Wall" se permet même de faire de Jessica Comley , le personnage de Vicky Krieps, une zélée presque fanatisée de la chasse aux immigrés. Avec elle, pas question de lâcher la piste d'un de ses malheureux ayant traversé une partie de l'Amérique du Sud ou Centrale pour se retrouver tout près de franchir la dernière difficulté avant la "terre promise ".
Jessica est en guerre et ses collègues, pourtant pas des enfants de chœur, paraissent des mous dans la traque aux clandestins. Elle est dopée par un nationalisme militant nourri d'un racisme viscéral contre les Amérindiens qui vivent dans le secteur qu'elle contrôle, qu'elle se refuse à voir comme de vrais Américains et qu'elle soupçonne d'agir en passeurs.
Racontée ainsi, la figure de Jessica semble bien caricaturale. Ce qui n'est pas le cas : si on peut constamment douter de sa bonne santé mentale, elle fait preuve d'une grande intelligence, teintée d'une bonne dose de perversité, pour parvenir à ses fins. Son entourage policier peut légitimement ne rien voir à ses agissements qui flirtent avec l'illégalité.
On pense constamment aux deux "Bad Lieutenant", celui interprété par Harvey Keitel pour Abel Ferrara et celui joué par Nicolas Cage pour Werner Herzog. Cette fliquette crypto-fasciste a, entre autres, des méthodes bien à elle pour attraper ses proies.
Si "The Wall" anticipe la politique anti-immigrants de Donald Trump, il pourrait en être la bande-annonce.
En tout cas, Philippe Van Leeuw, également scénariste du film, dessine plan après plan un portrait d'une froideur cauchemardesque d'une femme possédée par la haine de l'autre. Certes, il fournit moult détails sur la vie de Jessica, qui devant un tribunal lui vaudraient quelques circonstances atténuantes et prouvent qu'il n'est pas aussi manichéen que son personnage.
Mais, face à cette figure du mal, il y a un vieil indien et son petit-fils qui ne se revendiquent pas des mêmes "valeurs" ni de la même "histoire".
Ils seront toujours là, en vie ou en esprit, pour apporter un peu d'humanité et de réconfort à ceux qui sont assez désespérés pour croire que derrière ces murs maçonnés par les Blancs il y aurait peut-être un paradis...
Philippe Person
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