D'après le texte de Sophocle, spectacle mis en scène par Betty Pelissou, avec Lucille Arnaud, Sébastien Ory, Valentine Lebrun, Betty Pelissou, Anais Richez, Damien Dufour (en alternance) et Johan Schies (en alternance).
Ce n'est pas pour rien qu'on joue Antigone de Sophocle depuis près de 2 500 ans ! Et qu'on peut toujours comprendre cette tragédie et lui trouver un écho moderne...
C'est aujourd'hui la Compagnie Popeline qui propose sa version en étant d'emblée très clair sur son propos puisque dès l'affiche, on peut y trouver ce principe de base que va appliquer, à ses risques et périls, la jeune Antigone : "Résister à la tyrannie".
La tyrannie, en l'occurrence, c'est celle d'un homme, roi de Thèbes, et qui s'appelle Créon. On connaît presque tous l'histoire et elle est expliquée avec une grande simplicité grâce à la mise en scène de Betty Pelissou. Thèbes est en guerre et les deux fils jumeaux d'Oedipe, ancien roi de la cité et héros grec au destin au-delà du tragique et des générations, sont dans des camps rivaux. Etéocle défend Thèbes et Polynice la combat... Résultat : ils s'entretuent. Et Cléon veut tirer de ce drame une leçon politique, de celles qui plaisent aux tyrans. Celui qui a choisi Thèbes sera honoré et la Cité lui rendra hommage en lui érigeant un tombeau digne d'un roi. Quant à son frère, traître à la ville, il ne sera pas enterré et son cadavre sera dévoré par les bêtes sauvages et livré à la pourriture.
Antigone (Lucille Arnaud) et sa sœur Ismène (Valentine Lebrun) apprennent la sentence réservée à leur frère et s'opposent sur l'attitude à adopter. Antigone veut enterrer Polynice et Ismène, arguant qu'elle n'est qu'une "femme", accepte l'ordre établi par Créon (Sébastien Ory).
Là aussi, Sophocle est plus moderne qu'antique : Antigone est une femme et contrairement à la soumission aux hommes demandée aux femmes, elle va dire non. Sans se soucier de sa vie, elle qui devait épouser le fils de Créon, Hémon (Damien Dufour en alternance avec Johan Schies).
En une heure presque chrono, Betty Pelissou réussit son "Antigone". Elle transforme son plateau en échiquier avec des costumes en noir et blanc comme les couleurs des pièces. Son tropisme pour le jeu d'échecs et son parti-pris pour des costumes contemporains n'ajoutent rien à sa démonstration, mais ne sont pas non plu gênants. Elle souhaite que le spectateur sente que Antigone est une pièce qui oppose deux joueurs, Créon et Antigone, devant leur échiquier. Elle ajoute même encore un peu de suspense entre les scènes grâce à une musique qui n'a jamais quitté la tête des amateurs de Kubrick : la Sarabande de Haendel, le célèbre morceau utilisé dans Barry Lyndon...
Mise en scène limpide, en supprimant le coryphée remplacé par une actrice (Anaïs Richez), distribution de qualité, cette version "modeste" d'Antigone qui a privilégié la clarté au tape-à-l'œil permettra aux jeunes de découvrir une œuvre immortelle, aux autres de la revoir sans qu'elle soit soumise aux modes du jour. |