Réalisé par Richard Linklater. Comédie, drame. 1h36. Sortie le 8 janvier 2025. Avec Jack Black, Shirley McLaine, Matthew McConaughey.
Quand le film est sorti en novembre 2014, il est comme on dit pudiquement "passé inaperçu" au point qu'en apprenant la ressortie de Bernie, certains ont pu croire qu'on allait pouvoir revoir le premier film d'Albert Dupontel.
Heureusement... non ! Car le film de Richard Linkage n'est pas un condensé de cynisme à la Canal+ grande époque pour les narines des prétentieux.
Si l'on connaît les films du prolifique réalisateur des films de la série Before où l'on suit à travers les âges le couple Julie Delpy-Ethan Hawke, on n'ignore pas qu'il ne filme jamais pour rien, même si sa filmographie est l'occasion de grands écarts entre des films dits "grand publics" et d'autres plutôt "art et essai", voire expérimentaux.
Bernie appartient évidemment à la première veine de Richard Linkage, comme celui qu'il avait déjà tourné avec Jack Black, dont le titre était explicite, Rock Academy dans lequel le film musical et le film de collège s'ébattaient ensemble pour un mariage inédit et pas inintéressant.
Cette fois-ci, tiré d'un fait réel, il s'attaque à la comédie dite "noire". Il bénéfice pour cela d'un Jack Black, tout en rondeurs mielleuses, qui a la chance de pouvoir jouer avec l'immense Shirley MacLaine qui ne s'est pas souvent rendue dans les années 2000 sur les tournages pour poursuivre un métier qu'elle possède sur le bout des doigts.
On se doute qu'elle va interpréter une parente américaine de Tatie Danielle qui donnera envie à ceux qui ne l'ont pas vu jadis dans des Wilder comme Irma la douce et La Garconnière de vite combler leurs manques.
Et c'est rien d'annoncer que sa prestation vaut le coup. D'autant que Black se hisse à son niveau. Linkage n'a besoin que de leur fournir un bon carburant, celui d'un organisateur de pompes funèbres catégorie haut de gamme devenu le compagnon de la milliardaire odieuse de la petite ville de Carthage, Texas.
Comme toujours, les habitants de l'Etat, large chapeau sur la tête, seront fidèles à leur réputation de "braves gens" aimant les méthodes expéditives, mais peinés tout de même que "Bernie" ait été si voyant pour se débarrasser d'une vieille dame indigne. Sans exagérer nullement, on dira donc que le film est une réflexion un peu vive sur la population conservatrice texane. En procureur bien texan, Matthew McConaughey n'a pas beaucoup à se forcer, lui qui est un réac texan bon teint dans la vie.
Au moment où Donald Trump reprend les rênes d'un pouvoir que d'aucuns préféreraient aux mains des bons hypocrites qui soutiennent des criminels de guerre, voir ou revoir Bernie de Richarld Linkage annonce peut-être la couleur qui va prédominer. Celle de la déraison et du grotesque. Bernie, dans ce contexte, est une oeuvre prémonitoire qui fera grincer des temps et donner à voir un pur divertissement. Mais, Diable, que Jack Black est formidable !
Philippe Person
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