Spectacle de Michel Mollard, mis en scène par François Michonneau, avec Bérengère Dautun, Benoît Dugas et Ilyès Bouyenzar.
Nous sommes en 1889. Romain Rolland n’est pas encore l’écrivain reconnu par ses pairs. Il hésite encore sur ce que sera son avenir, la Littérature, l’Histoire ou la Musique, la grande passion de sa vie. C'est chez son mentor, l’historien Gabriel Monod, que Romain Rolland rencontre pour la première fois Malwida von Meysenbug, de cinquante ans son aînée.
Passionnée par l’éducation, les arts et les droits des femmes, Malwida est l'égérie d'artistes célèbres de son époque, comme Wagner, Liszt ou Nietsche. L’expérience dont est dénué le jeune auteur, Malwida va la combler avec la sienne propre. Cette existence romanesque a forgé une personnalité humaniste, ainsi que les principes et les idéaux qui en découlent, dont le jeune Romain Rolland se nourrira.
Elle est une intellectuelle émancipée qui "choisit ses enfants". Avec le jeune Romain Rolland, et elle va nouer une amitié exceptionnelle et indéfectible jusqu'à la fin de sa vie. C'est cette relation hors du commun qui prend vie sur la scène du Studio Hébertot, où l'on se plonge dans les salons feutrés du 19e siècle. Une amitié qui bouleverse la vie de Romain Rolland, jeune auteur idéaliste, tant Malwida le chérit et le confronte.
La voix de Jean-Claude Drouot, qui incarne celle de l’écrivain à la fin de sa vie, remémore cette touchante histoire entre Malwida et Romain, incarnés avec brio par les trois comédiens.
Bérangère Dautun incarne avec conviction une Malwida jusque dans sa passion et son lyrisme. Ilyes Bouyenzar, qui joue le jeune Romain Rolland, ponctue au piano les différents épisodes de cette amitié avec du Bach, du Beethoven ou du Wagner, des références que ne renierait pas Jean-Christophe, le héros de son futur roman, le plus célèbre à ce jour. Benoît Dugas incarne quant à lui le rôle de l’historien Gabriel Monod avec subtilité.
La pièce de Michel Mollard est écrite avec délicatesse, chaque mot est une note précise sur une portée jouée avec conviction et engagement par les trois comédiens, le texte nous happe par sa teneur et sa profondeur. La mise en scène de François Michonneau, sobre et dénuée d’artifices, met en mouvement la relation intellectuelle et épistolaire hors du commun de ces deux idéalistes.
Cette pièce nous relate ce leg spirituel dont Romain Rolland héritera et c'est beau d'assister à ces moments privilégiés.
Marie Bitschené & Laurent Duguet
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