"On n’en a jamais fini avec l’Amérique !" nous disent les éditions Sonatine et on ne peut se rendre qu’à l’évidence que ce propos est vrai. Car oui, une fois encore, en ce début d’année 2025, les éditions Sonatine nous permettent de nouveau de découvrir un nouvel auteur, déjà encensé par ce qui se fait de mieux du côté de littérature américaine comme S. A. Cosby (à lire absolument si ce n’est pas déjà fait), David Joy (immense écrivain) et Megan Abbott (qui a reçu de nombreux prix littéraires).
Avec Chiens des Ozarks, salué dès sa sortie par une critique unanime, Eli Cranor brosse un portrait d’un réalisme inquiétant, quasi documentaire, de la vie dans les monts Ozarks. L’histoire se déroule à Taggard, dans l’Arkansas. Le chômage et la récession frappent durement cette petite ville des monts Ozarks. C’est là que vit, au milieu de sa casse automobile, Jeremiah Fitzjurls, un vétéran du Vietnam, en compagnie de sa petite fille, Joanna. Pour protéger celle-ci d’un monde extérieur de plus en plus hostile, Jeremiah lui a transmis tout son savoir, en particulier sur le maniement des armes et l’auto-défense. Mais aucune ressource n’est suffisante quand les Ledford, une famille de suprémacistes blancs de la région, dealers de meth, décident de s’en prendre à la jeune fille pour régler une dette de sang, Jeremiah comprend alors que plus rien n’arrêtera la violence, sinon peut-être la violence…
Waouh, c’est encore une très belle lecture que nous proposent les éditions Sonatine avec cet auteur qui nous propose un ouvrage profondément ancré dans la réalité autour des Monts Ozarks et d’une casse automobile qui fleure bon la poussière et l’huile de vidange. Chiens des Ozarks, c’est aussi l’histoire de liens forts qui unissent un grand-père et sa petite fille, malgré le fossé des générations. Jeremiah est un grand-père qui est loin d’être ordinaire, un grand-père qui possède autant d’armes que de livres dont le fils est en prison pour longtemps. Cette relation qu’il entretient avec sa petite fille est d’une beauté rare, elle est magnifiquement décrite et racontée par la plume d’Eli Cranor.
Et puis, dans cet ouvrage, en son cœur aussi, il y a cette histoire de vengeance, entre deux familles qui se detestent, celle du grand-père et les Ledford, des suprémacistes blancs, trafiquants de drogues, de mèche avec des narcotrafiquants mexicains.
Avec Chiens des Ozarks, on plonge parfaitement dans la littérature noire américaine, celle de David Joy, faite de larmes, de sueur et de sang. Dans un ouvrage dense d’à peine 300 pages, on ne peut pas s’ennuyer, l’intensité de la lecture est forte, émotions et tensions sont au rendez-vous à chaque page.
Tout est maîtrisé dans cet ouvrage, une action qui ne prend que quelques pages pour arriver, un scénario digne d’un très bon film (on imagine très bien que cet ouvrage pourrait être l’objet d’une adaptation au cinéma d’ailleurs), des tensions qui montent au fil des pages en même temps que se déploie la violence.
Chiens des Ozarks est une très belle découverte, on commence donc très bien l’année du côté des éditions Sonatine qui nous promettent encore de très belles lectures à venir. Eli Cranor est une révélation, vivement que l’on nous propose d’autres romans de cet auteur qui a déjà tout d’un grand. |