Spectacle tiré du roman de Tanguy Viel adapté et mis en scène par Emmanuel Noblet avec Vincent Garanger et Emmanuel Noblet.
Palais de Justice de Brest dans les années 90. Un homme accusé d'avoir jeté à la mer un escroc est interrogé par le juge. Il va raconter les années qui ont précédées ce moment. Ses relations avec son fils notamment. Le tout avec une étonnante lucidité.
Nous sommes au Palais de Justice mais sur scène c'est dans le trou creusé pour l'édification du futur complexe (superbe scénographie d'Alain Lagarde) dans le petit village face à la rade de Brest, où devait être l'appartement avec vue sur la mer acheté par Martial Kermeur, que tournent les deux protagonistes.
Emmanuel Noblet a formidablement bien adapté le texte ciselé et puissant de Tanguy Viel, auteur du roman éponyme. Un texte brillant, d'une densité peu commune. Et le résultat est impressionnant de talent.
Tout dans ce spectacle est d'une perfection absolue : de la création vidéo de Pierre Martin Oriol, sobre et évocatrice, de la lumière fine de Vyara Stefanova, de la création sonore troublante de Sébastien Trouvé jusqu'aux costumes de Noé Quilichini, impeccables.
Et que dire des comédiens ? Emmanuel Noblet est d'une écoute et d'une précision redoutable. Son personnage, d'un regard ou d'une courte réplique, fait basculer la pièce à chaque intervention.
Quant à Vincent Garanger, magistral, il trouve ici son plus beau rôle, retraçant avec mille nuances toute l'histoire de Martial Kermeur, toutes ses failles et toute sa fragilité.
Le comédien montre avec un talent inouï toute l'évolution et la lente dérive de celui qui a connu l'humiliation, la honte et vécu des années avec un sentiment d'impuissance qu'il transmet formidablement. Une très grande interprétation !
Emmanuel Noblet réussit avec "Article 353 du Code pénal" un spectacle aussi passionnant que bouleversant d'une profonde humanité dont on sort totalement abasourdi.
Coup de cœur !
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