Il est des disques que l’on achète et que l’on met sur sa platine sans véritablement rien attendre d’eux, sinon passer un agréable moment de musique. Ne rien attendre de quelqu’un ou de quelque chose, c’est aussi un peu espérer y trouver de quoi nous remuer, nous mettre du baume au cœur ou tout simplement nous donner du plaisir.
Chez moi, il est très facile de savoir quand j’aime un disque. Je partage, j’encense, je l’écoute en boucle. Lorsqu’un disque me touche, je ressens l’envie voire l’obligation de partager ce disque avec ceux ou celles que j’apprécie pour (sa)voir si le disque a le même effet sur eux que sur moi. Et en même temps, j’ai aussi envie que cette beauté reste (un peu) confidentielle, qu’elle ne reste accessible qu’à ceux ou celles qui soient capables d’y ressentir les mêmes émotions que moi.
Terrenoire, c’était pour moi un groupe sympathique qui nous avait proposé un album plaisant en 2021 avec de jolis textes portés par la musique d’un duo fraternel stéphanois. Ecouté de nombreuses fois lors de sa sortie, l’album proposé par Raphaël et Théo Herrerias s’était retrouvé au fil des mois perdu au milieu de mes nombreux vinyles. Je l’écoutais de temps en temps, avec plaisir évidemment sans forcément être à l’affût d’un nouvel opus.
L’arrivée d’un nouvel opus de Terrenoire ne pouvait me laisser pour autant indifférent et, prenant soin de ne pas lire les critiques déjà publiées concernant cet album, j’ai donc investi dans ce dernier disque, avide de voir et d’écouter ce que pouvaient nous proposer de nouveau les deux Stéphanois.
Protégé.e est sublime, il est tout ce que j’aime dans la chanson française. C'est un de ces disques qu’on écoute en boucle, découvrant au fur et à mesure la qualité des 14 titres qu’il comporte. Quatorze titres qui nous embarquent dans un florilège riche de sonorités électroniques, Hip-hop, pop ou même classique avec le morceau instrumental qui donne son nom à l’album.
Protégé.e touche à l’intime, à notre intimité, c’est une évidence. Ecouter "Alma" est une épreuve, c’est un titre d’une beauté sidérante qui se termine par une volée orientale grandiose. Profondément poétique, ce morceau ne peut laisser personne insensible…
L’album brille du feu de ses productions musicales variées dans lesquelles se marient avec grâce des synthés, un piano lumineux, des cordes luxuriantes, un saxo, un violoncelle ou une clarinette joués par des invités venus accompagner le duo au chant sur quelques titres.
Le duo fraternel s’épanouit aussi à travers son dialogue sur plusieurs morceaux, autour de voix qui se répondent et se croisent pour nous parler de la vie ou plutôt de nos vies qui résonnent dans leurs paroles. Ils nous parlent d’amour, de ceux qui nous manquent, de la maladie aussi, de la peur de la mort mais également d’écologie. Ecouter ce disque est pour moi une expérience auditive qui m’emporte vers des émotions multiples et des sensations contrastées. On passe de la mélancolie sur "Vivre Sobrement" à une sorte de transe folle sur "Le bon sens" avant de retrouver des sonorités douces et intenses sur "Ton territoire" qui ouvre le l’album.
S’il fallait choisir un seul titre de ce disque, nul doute que mon choix se porterait sur "Avancer". Merveille d’écriture, pensée et réfléchie au niveau des textes, il ne lasse jamais, mais bouleverse et apaise tout à la fois. Porté par l’émotion, ce morceau nous emporte dès les premières notes par la voix de l’un des frères et le slam de l’autre, comme une main tendue l’un vers l’autre. Tout est sublime dans ce titre.
"Pleurer devant la beauté", "Le jour où tout s’est ouvert", "Vivre sobrement", derrière chacun de ces titres se cachent des textes à la fois intimes et universels qui nous servent de refuge, nous prouvant qu’il n’existe rien de plus beau que la musique pour nous ramener à nos réalités, nous faire rêver, nous faire sourire mais aussi nous faire émouvoir aux larmes.
Protégé.e n’est pas seulement un disque, c’est un vaste territoire nous invitant à une réflexion sur nous-mêmes, sur nos comportements et sur la maladie avec "Un chien sur le port" qui évoque le cancer. Sensuel et percutant, poétique et déroutant, ce deuxième album de Terrenoire est une petite merveille, constituée de mélodies qui risquent de me hanter pendant un certain temps. Il fait partie de ces albums que l’on conserve précieusement, qui ne se démodera jamais, que j'aurais plaisir à écouter encore pendant très longtemps.
Pendant que notre équipe de choc met la dernière main à l'ouvrage, une page se tourne bientôt sur Froggy's Delight, en effet d'ici quelques jours, si tout va bien, vous trouverez en lieu et place de cette page qui existe depuis 2006 un tout nouveau site. En attendant voici le programme. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux !