Comme chaque année, quelques semaines avant l'été, le Festival Art Rock vient sortir la triste ville de Saint Brieuc de sa torpeur.
Pourquoi tant de fiel à propos de ce paisible gros bourg costarmoricain ? Venez y passer les 25 premières années de votre vie, revenez me voir et donnez moi 10 adjectifs pour raconter votre expérience. Je doute fort que l'ensemble soit élogieux…
Donc ce soir c'est soir de fête à Saint Brieuc et fait rare, il fait un temps magnifique. Non, je ne rigole pas, un vrai temps magnifique, avec soleil de plomb et température qui permet d'arborer foultitude de T-shirt à l'effigie de groupes recommandables (Ramones, Sonic youth) et d'autres moins (Sum 41 , Offspring).
NB : la moyenne d'âge des propriétaires de ces derniers est de 14 ans, donc on les excuse…. Là je vous vois venir : "Vieux con, t'as jamais écouté Offspring, voire pire pendant tes années collège ?" Oui, mais bon ça va. Et puis avec l'âge, je deviens comme Desproges, je hais les jeunes, point barre.
Bref on attend beaucoup de cette soirée sur le site de Poulain Corbion. Il est encore tôt (17 heures) lorsque les anglais de The Rakes investissent la scène. Le chanteur arbore un polo Fred Perry "de rigueur" et entame sans attendre par l'ironique "22 Grand Job", mini tube de ces gandins "so British".
Leur musique énergique, largement inspirée par la rage punk, s'inscrit dans la continuité de la nouvelle vague rock britannique (Bloc Party, Maximo Park).
Le chanteur ponctue les chansons de petites remarques rigolotes, mais le public ne capte rien. Les petits bretons ne sont pas doués dans la compréhension de la langue de Shakespeare (à mon avis, la faute aux profs) et c'est bien dommage…
Certes Jonathan Donhue n'a pas la verve ou la gouaille de Mike Skinner, le chanteur de The Streets, mais son récit blasé du métro, boulot, cuite, dodo du mâle anglais moyen reste bien observée.
"Open book" fait un tabac, car tout le monde a reconnu que le morceau est utilisé pour une réclame à la télévision. Cette prestation se terminera par un dynamique "Strasbourg", qui donnera l'occasion aux jeunes branleurs des premiers rangs de pogoter comme des sauvages…
Katerine, accompagné de membres des Little Rabbits, gratifiera le public des nombreux morceaux issus de son dernier opus en date, Tous Robots.
Comme le dit l'affiche promotionnelle pour le concert "Ca promet".
Promesse tenue : Phillipe Katerine promène sa dégaine de dandy vendéen, raconte/chante ses textes désopilants. Il terminera son show par une version punk de "L'idiot du village".
J'attendais beaucoup du concert de dEUS. Leur dernière prestation à la route du rock il y a deux ans m'avait laissé sur ma faim. Le groupe était méconnaissable et il semblait bien que la formation de l'époque était en bout de course et que la magie n'opérait plus.
Le changement de personnel semble avoir fait un bien fou aux anversois, puisque le set de ce soir ravivera le meilleur des concerts circa 1999.
Même si Tom Barman fera la part belle aux morceaux de The Pocket Revolution, il n'oubliera pas de puiser dans le meilleur du répertoire du groupe, que se soit dans The Ideal Crash ("Instant Street", "Magdalena"), Worst Case Scenario ("Via, Suds & Soda") ou encore l'excellent In A Bar, Under The Sea ("For the Roses").
Les belges ont la frite (désolé, trop facile… J'assume), pour le plus grand plaisir du public briochin…
Il y a trois ans, Karen O et sa troupe, les Yeah Yeah Yeahs, affolaient toutes les gazettes rock avec la parution d'un album sulfureux aux guitares chauffées à blanc. On se souvient d'ailleurs d'un concert mémorable à la route du rock.
Depuis, la tigresse Karen O s'est un peu assagie et les guitares de Nick Wenner sont devenues moins rugissantes.
Malgré tout le concert de ce soir sera de haute tenue : le trio s'inscrivant dans la pure tradition des meilleures formations noisy New Yorkaises, mais privilégiant les morceaux de son dernier opus plus maîtrisé et apaisé.
Et puis la chanteuse Karen O vaut le détour à elle seule : tenue sexy, provocante, voix de tigresse rock ‘n' roll… Un concert parfait mais sans rappel… Consternation dans le public briochin.
J'ai chargé mon frère de me faire un compte rendu du concert des Happy Mondays.
On se croise donc au barbecue familial du dimanche midi et je lui demande comment était ce concert de la mythique formation mancunienne : "Pathétique !" me répond-t-il sans sourciller. "Y avait un gars, on se demandait ce qu'il faisait là, il dansait vaguement (Bez, probablement) et le chanteur, habillé comme un caillera alors qu'il a quarante balais dépassés, qui chante ou plutôt annone (on aurait entendu Shaun Ryder s'exclamer "Putain c'est de la bonne!" dans les loges) une suite d'inepties ". Je te fais confiance frérot, et de toutes façons j'ai eu la confirmation par d'autres avis éclairés sur le festival… Mais bon, le pire reste à venir, il paraît qu'ils vont sortir un album…
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