A-t-on déjà vu un chat aboyer ? Un chien vendre des disques ? Un rappeur fan de Debussy et des Gymnopédies (cela doit hélas exister cela dit..) ?
Ce genre d'invraisemblances se retrouve à l'écoute de Another lonely soul, des Novastar, énième groupe belge prêt à déferler sur la France, comportant cela étant quelques contradictions. Si la pop alambiquée des belges fait tilt à l'oreille, c'est avant tout grâce à "Wrong", première chanson de l'album ayant déjà fait parler d'elle sur une compilation des nouvelles signatures belges sortie voila trois ans. La fraîcheur du morceau avait alors attisé les envies avec ses arpèges bien placés et son piano en background. Refrain et voix aériens, comme on imaginerait le survol de la Belgique en bimoteur à hélices…
Las. L'écoute de Another lonely soul renvoie au titre de l'album et à d' autres âmes seules, comme l'on pouvait le supposer. Dès "Lend me love", l'ombre de Sting plane sur le groupe, comme un mauvais nuage pluvieux sur une maison de campagne. La reverb' du micro, le grain de voix, tout fait penser à l'ex-policeman comme à un fléau qu'on croyait éteint. Période Russians pour les - malheureux- connaisseurs. La façon de chanter des sentiments faux et éteints, surjouer pour passer en high rotation sur RTL2 et vendre des albums têtes de gondole.
On se calme et on appuie sur next. "Never back down". Entre le piano de Keane et les batteries de Coldplay, Novastar hésite, et tranche en invitant le grand Ozark Henry, autre musicien belge ô combien respecté ici bas, à venir pousser sa voix rauque en compagnie du groupe. Si le résultat sonne définitivement bien, on peine à comprendre la présence de Novastar sur ce titre, tant Ozark s'accapare la chanson et ses grilles d'accords si semblables à celle de The sailor not the sea. Perplexité.
Et l'impression de vampirisme se prolonge sur "Rome", avec ses suites d'accords si prévisibles, son refrain évident. Certains y trouveront certainement leur compte, satisfait de l'ambiance piano-bar mi-crooner mi-rocker qui sied bien à la voix du chanteur. De l'émotion en boite de conserve, pouvant être assaisonnée à toutes les sauces.
Y a t il un producteur dans la salle, pour comprendre la beauté de "Wrong" et la blanche pâleur des autres titres, le mixage raté de la plupart des titres et ce piano manchot qui tape des notes comme on tape des mots à l'écran…Les batteries cliniques studios de "Lost out over" ramènent encore à Sting, et l'on se dit que Novastar a tout pour réussir son entrée sur l'hexagone, attirer les badauds avec son single très Phil Collins, les cheveux en plus.
"Where did we go wrong" chante Joost Sweegers. On ne sait pas trop en fait, à y réfléchir. On suppose le point d'arrivée, le rock pour jeunes filles imberbes. A choisir, autant prendre l'original, et réécouter Ozark et ses perles loin du rivage. |