Texte de Fabrice Melquiot, mise en scène de Damien Chardonnet-Darmaillacq avec Marie Bastide, Luc Cerutti, Laurianne Escaffre,
Yvonnick Muller, Adeline Picault et Audrey Santacroce.
Veilleur de nuit et gardien de ses rêves, Cyril ressasse ses fantasmes d'amour. A force de trop rêver sa vie, il veut vivre ses rêves et se répète une unique antienne : "Ce n'est pas la recherche du bonheur qui est le grand mobile des actions des hommes, mais le souhait inhérent à chacun des actes : Ne pas être celui que je suis."
Cyril qui se dit : "Je crois à l'amour et j'ai peur de la mort", à moins que ce ne soit en réalité l'inverse, part à la recherche de la femme, objet d'une brève histoire d'amour, dont le souvenir l'obsède.
L'écriture de Fabrice Melquiot est réellement exceptionnelle : elle a sa musique, fait rare en littérature, et son esthétisme singulier sans maniérisme. Elle claque rageuse comme un coup de fouet ou caresse tendre comme une joue d'enfant. A la fois simple et elliptique, le verbe oscille entre poésie et réalisme cru. Il vrille le cerveau, attaque le cœur et déchire les tripes.
La mise en scène de Damien Chardonnet-Darmaillacq, singulière, épurée, entre distanciation beckettienne et onirisme fellinien, fait reposer toute la synergie du spectacle sur le personnage principal. A cet égard, entouré de jeunes comédiens remarquables, Luc Cerutti, confronté à une partition difficile et exigeante, se révèle excellent. Habité, émouvant, il en est une incarnation parfaite, avec une scansion qui justement traduit à merveille l'intensité intinsèque du texte et sa richesse faite de rupture de tons et de sentiments.
Une très très belle réussite.
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