Tunng a de quoi surprendre.
Dans le marasme des sorties consensuelles, se prendre un objet oblong de cette taille dans l'oreille laisse quelques séquelles. Comme si le folk avait percuté un clavier d'ordinateur sur ressort.
Tunng c'est un groupe dématérialisé, adepte du Ctrl C/Ctrl V. Tunng c'est en quelque sorte l'album solo que Damon Albarn n'osera jamais publier, de peur de ne plus vendre des millions de galettes.
Tunng c'est de la Folktronica et des airs entêtants, comme ce sublime "The wind up bird", riff de guitare trituré sur Cubase ou Protools.
Tunng c'est les Boards of Canada de l'acoustique ou les Simon & Garfunkel de l'électro. Des voix qui s'entremêlent comme un chœur de l'armée rouge. Rose plutôt, tant les sentiments restent intacts après lavage.
Comme ce T-Shirt encore mouillé fraîchement sorti de la machine, "Man in the box", intime et samplé en boucle, des sitars indiens qui surgissent au fond dans la vallée, prêt à attaquer les cow-boys courageux, le banjo en bandoulière. A bas les structures couplet/refrains doivent se dire Mike Lindsay (production, guitare) et Sam Genders (chant, guitare), en bons anglais excentrés qu'ils sont. Avec Comments Of The Inner Chorus, Tunng semble plus proche de l'expérimental minimaliste que de la world ambient "Natures et Découvertes", y insérant allégrement extraits de répliques et inserts audios, à l'instar du bordel bobo de Cocorosie par exemple.
Composé à 100% d'ingrédients naturels, des guitares et des voix, Tunng n'est pas transgénique pour deux pounds, respectant ses aînés comme ses valeurs, poussant au maximum les lignes harmoniques (Le très bien nommé "It's because..We got hair !" ) et parvient à détendre l'auditeur tout en le captivant. Une bonne alternative sans message. Un compromis dans la tourmente.
En laissant la dépression et le mal-être au vestiaire. |