Un événement, un mausolée du rock, la péninsule des revivals, bref un concert high class attendu comme le messie par les quadras nostra'. Les New-York Dolls à l'Olympia, mi-poupée de cire mi-poupée de son, ont donc remis une couche de rimmel en ce samedi nocturne devant un parterre d'invités pas dégueus comme disait l'autre, Jad Wio, Thai Luc de La souris Déglinguée , Manœuvre sûrement pas très loin, Mareva Galanter, on en passe et des meilleurs...
Que reste-t-il de nos amours 35 ans après l'effusion Glam ou Glitter des New-yorkais ? Quelle est la teneur de ce retour sur scène, en bref, fallait-il débander les momies pour en voir les cicatrices et les cernes ?
Il fallut attendre quelques - éprouvantes - minutes pour le savoir, seul face à la première partie affligée par les Flickle et leur rock à casquette, plein de refrains sermonnés avec la fausse énergie des groupes s'étant tambourinés trop fort les Blink 182 et Rancid.
Adolescence douteuse et faux pathos, autant de raccourcis pour résumer cette épreuve. Fait assez surprenant pour l'écrire, David Johansen et sa clique Glam envahissent la scène à 00.30. Heure du crime parfait pour débuter l'opération à coups de scalpels électriques, soulever la salle avec leur sales gueules déformées par le temps et les excès qui passent.
Lumières qui s'éteignent et début du show, palpitant au maximum, apparition de Dave, charismatique comme un diable, déhanché intact et poses androgynes comme de bon aloi.
Le chanteur au sexe indéterminé et Sylvain Sylvain à la guitare restent aujourd'hui les deux seuls rescapés de l'époque glorieuse de Too much too soon, aujourd'hui accompagné par un backing band de stoners hauts en look et attitudes. Soit. Les hostilités débutent par un "Personality Crisis" de rigueur, son pourri et voix sous-mixée, comme pour masquer les effets du temps sur la voix de Johansen, comblant tant bien que mal ses déficiences par un jeu de scène nonchalant, et sa rock attitude éternelle.
Sylvain, de son côté, carbure à plein régime sur ses accords, au four et au moulin, jeu scénique parfait, comme si le plaisir d'être ici valait toutes les galères.
La disparition dans l'oubli des 80', la mort de Johnny Thunder et des autres, les icônes et les murs qui tombent.
Une petite saupoudrée du dernier album, One day it will please us to remember even this, avec un naïf "We're all in love" du meilleur effet, une fois oublié les légendes et les articles surannés sur le gang de New-York.
Les Dolls sont un bon groupe de rock, ni plus ni moins, ayant basé la majeure partie de leur répertoire sur les rythmiques boogie de Marc Bolan et Mick Ronson. Les foulards roses en plus.
"Looking for a kiss" , chanson ultime des Dolls, prolonge la danse, emmenée par un Dave Johansen électrisé, perdu dans le déluge sonore des comparses.
Foule transie, bercée par ses souvenirs et sa nostalgie, incapable de reconnaître qu'il ne s'agit que d'un live et non d'un événement. "C'est un peu chiant ici!" proclame hilare Dave, avant de s'enfiler un brin de Mescaline, pour se redonner un peu de force. Et le chanteur de déclarer que Janis Joplin était la meilleure, pour enchaîner sur un "Piece of my heart" repris en chœur par la foule.
Suivront une reprise acoustique de Johnny Thunder par un Sylvain Sylvain haut en voix, une autre de Johnny Winter. Les Dolls connaissent leurs classiques sur le bout des ongles vernis.
Et puis vient le temps du boogie, sûrement la force du groupe, avec un "Pills" débuté à l'harmonica par Johansen au souffle retrouvé, une bonne orgie sonore et un bordel qui redonne vie au groupe recomposé.
Un bon groupe de Rock & Roll en somme, une fois enlevé le filtre de groupe mythique ayant marqué toute une génération en deux albums au make-up bien fourni. Les couches de fond de teints s'empileront un peu plus chaque année, les concerts se raccourciront, Dave fumera un peu moins chaque jour, se fera moins sucer l'écharpe et restera une poignée de classiques comme "Private World" en conclusion.
Si la résurrection était de mise, il faudra néanmoins attendre encore pour l'érection jusqu'à la réincarnation des quatre New-yorkais en piano de bar. |