En
ces temps troublés où le rock retrouve doucement ses guitares,
The National nous propose avec son second album Sad
Songs for Dirty Lovers des morceaux denses et courts, bien construits
dont ils qualifient eux-mêmes de son de rock "placeless".
D'ailleurs, le rock des National ne s'apparente certes pas à avec celui
de cette vague d'écervelés (et parfois décervelés)
bruitistes venue envahir nos platines ces derniers temps (désolé
pas de nom !). Acoustique ou électrique, cet album nous donne un bien
bel aperçu des potentialités du groupe dont la composition (deux
couples de frères et leur ami chanteur) fondée sur des liens solides
permet d'espérer une certaine pérennité.
Sachant mettre en valeur la voix singulière de Matt Berninger
qui n'est jamais reléguée en arrière plan, The National
a effectué un vrai travail de songwriting en trouvant un juste équilibre
entre le folk-rock américain et le pop-rock anglosaxon même si
certains tempèrent très vite les satisfecits décernés
en faisant tomber le couperet du manque d'invention d'une musique qui ne révolutionnera
pas le monde musical. Force est de constater qu'il existe peu de révolutions
en ce domaine et il paraît difficile de tirer des plans sur la comète
pour ce jeune groupe qui peut réserver des surprises s'il intègre
et se libère des influences diverses qui paraissent patentes dans cet
album où chaque morceau est différent.
L'album est introduit par "Cardinal song" élégant
morceau pathétique tout en guitare douce et souffle de batterie constituant
un superbe écrin pour la voix très atypique de Matt Berninger,
à la fois rauque et tendre, pour embrayer sur "Slipping husband"
dont l'intro rappelle derechef certains morceaux des Tindersticks pour
déboucher sur du folk-rock rythmé et incisif, à grand coups
de guitares.Avec ces chœurs et ses guitares qui galopent autour de cette
voix qui se transforme en un cri, c'est un des morceaux forts de l'album sans
doute le plus accrocheur. Un tube assurément si il y avait un minimum
de justice au pays de la musique !
"90 miles water wall" avec sa guitare acoustique et ses
violons caressants a des résonances calexiquiennes et évoque aussi
les Bad Seeds dans leur formation Dirty Three.
Bien sûr le nom des Tindersticks revient en écoutant "Murder
me rachel" pour sa composition musicale toute en cacophonie sophistiquée
mais on pense aussi à un David Bowie période très
rock'n'roll.
Sur "Available" on se retrouve en pleine évocation
new wave, entre the Cure et Joy Division,(influences au demeurant reconnues
par le groupe (cf. interview
précédant leur concert
à la Guinguette Pirate)... une voix à la limite de
la rupture. Un morceau puissant, teigneux et sombre vraiment superbe que l'on
attend de découvrir en live.
De très belles ballades également avec "Thirsty"
aux arrangements très épurés avec un petit coté
Perry Blake, "Patterns of fairytales" ode à
Léonard Cohen ou "Lucky you" qui referme
avec calme cet album qui s'avère être un des plus intéressants
albums du moment.
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