Géo, médecin dans un centre médical pour marins - qui hait les matelots qui le rendent malade - et Célestine, un professeur de philosophie fervente pratiquante de la dialectique au quotidien, emménagent pour une vie de volupté à deux, sur fond de musique de chambre, qui est bien vite troublée par l'existence d'un étrange voisin, vivant reclus dans un gourbis en sous-sol, qui écoute à longueur de temps de la musique de bal musette.
En somme, tout commence comme une banale histoire de troubles du voisinage s'il n'y avait les premières phrases du roman : "Emménager dans un nouvel appartement, c'est comme venir au monde : parfois on tombe mal. Et impossible de se débarrasser du mal, à moins d'en crever ; ou de déménager une nouvelle fois, avec l'espoir de la résurrection. Grande affaire".
Car bizarrement - curiosité, amitié, voyeurisme ? - ce voisin, passionné de danses de salon, va initier un intérêt obsessionnel. Et en retour cet intérêt va insuffler une vie nouvelle chez le voisin. Car chaque rencontre modifie notre vie.
Commencent alors les mésaventures de Géo qui, omettant de faire sienne la maxime de Pascal "La danse, il faut bien penser où mettre les pieds", a mis les siens dans le même sabot, l'entraînent dans une ronde infernale. Elles sont toutes déclinées sur le mode de la danse endémique qui devient éminemment contagieuse ("Elle danse, mon voisin danse, tout le monde danse pendant que les marins de la Baltique agonisent dans mes bras.") Et sans doute que les connaisseurs de l'art de la danse décèleront de judicieuses métaphores avec les différentes passes.
François Vallejo manie d'une manière jubilatoire et frénétique aussi bien le non-sens, le burlesque, l'inquiétante étrangeté que le tragi-comique, le suspense et la farce onirique.
D'une écriture très cinétique, simple, terriblement intelligente et sous-tendue d'humour, quant au dérisoire de la vie ordinaire, qui dissèque subrepticement les âmes et les cœurs, la narration est fluide, vivante, presque haletante, tant il excelle dans la traduction littérale de la pensée du narrateur auquel lelecteur a tôt fait de s'identifier.
Avertisssement amical : attention, une fois commencé, vous n'aurez de cesse d'en connaître le dénouement ! |