Titre à rallonge pour un groupe mythique et éphémère. One Day it will please us to remember even this n'est que le troisième album des poupées de NY en 35 ans, une dizaine de mots qui en disent long sur la disette des 80' farineuses, des brushings décrépis et l'énergie enfin retrouvée pour ce troisième effort.
Retour du glam et fiscalité pressante oblige, David Johansen et Sylvain Sylvain remettent le couvert pour le désormais classique come-back de la cinquantaine. Que reste-t-il des Looking for a kiss et Pills une fois la méthadone ingurgitée, les morts enterrés (Johnny Thunder, RIP), le nouveau millénaire déjà bien entamé ?
Des titres marshmallows guimauvés en forme d'apothéose dès le premier titre, le clinquant "We're all in love" en platform boots fushias avec son intro moderne à la Strokes, l'harmonica rugissant comme le retraité sans sa pension.
Les New York Dolls sont de retour, toutes guitares dehors, avec des gimmicks agréablement écoutables, une fois le filtre "groupe culte de toute une génération" ôté du cerveau. David Johansen y parle de ses amours, des sorties d'écolières, de liquides innommables et de foulards abracadabrantesques.
Peu importe le thème, l'énergie des Dolls reste intacte sur ce premier titre, sûrement plus percutant que la réécoute des anciens titres. Moins datés peut-être. Le Glam Bolan renaît c'est certain sur le fusionnel "Runnin Around" enroulé dans son piano de bar, comme si les Stones n'avaient jamais franchis la limite de Beggars Banquet, comme si Mick Jagger n'avait jamais enfilé de survêtement roses au Budokan.
Chœurs angéliques et guitare dévastatrice, One Day it will please us to remember even this, c'est également – surtout - le retour aux affaires de Sylvain, avec ces solos si prévisibles, terriblement sataniques et malsains, comme sur le très hippie hippie shake "Dance like a monkey", avec la voix diablement sous-mixée, comme pour laisser place au groupe, faire de la place dans la boutique pour le groupe rafistolé. Peut-être également préserver l'auditeur des pertes d'octaves de Dave.
A bout de souffle, non. Les refrains tue-mouche collent aux Dolls, surtout quand ils évitent la parodie ballade à sentiments mièvres ("Plenty of music", "Maimed happiness") foutrement ennuyeux pour un groupe Glam. "Des bas et des cigarettes", voila ce que chante Johansen en 2006, un brin démago pour un plus très jeune rocker, toujours sur la brèche des perversions. Mais qui durerait moins longtemps. "I ain't go nothin" se réveille, et subitement Dave sonne comme un Van Morrison, ou Keith Richards, on ne sait pas trop.
Les Dolls, au bout du compte, sont des usurpateurs géniaux, ayant piqué les plans de moult Stones, Yardbirds, Led Zep et T-Rex, en y apportant l'attitude des 70' , un brin de blues par ci et un soupçon de boogie sous la jupe. Des copieux géniaux, and so…who cares ?
One Day it will please us to remember even this. Un album en forme de portfolio souvenirs pour les petits enfants qui un jour auront oublié que le rock se pratiquait jadis cigare au bec et mascara sur le faciès. |