Comédie écrite et mise en scène par Olivier Lejeune avec Virginie Pradal, Olivier Lejeune, Jean Christophe Barc, Virginie Stevenoot et Stéphane Malassenet
Si vous allez au théâtre ce soir, "Dévorez-moi !" est incontestablement une adresse incontournable.
Pour sa seconde pièce en tant qu'auteur, Olivier Lejeune a mitonné une comédie succulente à partir d'une recette éprouvée mais habilement revisitée : un sujet original légèrement trash (en l'espèce le cannibalisme), un duel sur fond de jalousie entre un redoutable et redouté critique gastronomique (Olivier Lejeune) sévissant au sein d'un fameux guide qui nourrit une féroce rancœur envers le chef étoilé d'un établissement réputé (Jean-Christophe Barc) qui a séduit son épouse, une jolie pièce bien saignante (Virginie Pradal), un bouquet garni à la plastique superbe (Virginie Stevenoot) et une pincée de cervelle de marmiton légèrement fondu (Stéphane Malassenet au physique à la Vincent Lagafe ).
La recette est infaillible mais encore faut-il la réussir. La plume d'Olivier Lejeune, aguerrie et virevoltante, n'en finit pas d'explorer tous les registres comiques avec force rebondissements, gags et eux de mots culinaires et des dialogues percutants le tout sur une partition vibrionnante.
Pour les âmes sensibles sujettes au mal de cœur, point de souci ni d'ambiguïté cependant sur ce qui est et reste une comédie de boulevard sans prétention métaphysico-philosophique. Olivier Lejeune applique à la lettre son postulat : "Mon but ? Le rire, encore le rire et toujours le rire !" D'ailleurs le Théâtre du Gymnase qui est un des rares encore à pratiquer le lever de rideau nous le rappelle en frappant les 3 coups : nous assistons à une représentation théâtrale.
Et pour le rire, avec "Dévorez-moi !" vous serez bien servis avec un trio infernal.
Jean-Christophe Barc, à qui échoit le rôle principal, marine dans l'inconfort de la situation, tiraillé entre ses convictions personnelles et ses ambitions professionnelles, et se démène comme un beau diable avec une énergie et une aisance remarquables et Olivier Lejeune, qui signe également la mise en scène vaudevillesque, excelle dans le rôle du Raminagrobis qui joue au chat et à la souris.
Quant à Virgine Pradal, dans le rôle titre de la victime sacrificielle volontaire, elle est tout simplement … à croquer ! Délirante, elle possède un abattage, au sens théâtral du terme, et un talent tout à fait singuliers pour faire accommoder les plus audacieux mélanges de saveurs entre comique, délire et burlesque.
A consommer donc !
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