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The Organ - Calla - Morrissey - Vénus - Jay-Jay Johanson - Lou Barlow - Mojave 3 - Soulwax - Justice - The Kooks - Nada Surf - Luke Pritchard - Rufus Wainwright - Franz Ferdinand - Ponihoax - Morning runner  (Espagne)  22 juillet 2006

Relativement gentils jusqu'à maintenant, les concerts du FIB reprennent ce samedi, et on entend ça et là le public espérer de meilleurs concerts ce soir. En avoir pour son argent, se prendre une bonne grosse claque au niveau du tympan. On comprend.

On se dirige vers la scène Fiberfib.com pour assister au concert de The Organ, cinq filles dans le vent canadien dont la notoriété grandissante nous incite à transpirer pour elles.

Fin d'après midi, aucun nuage dans le ciel, The Organ débute son show minimaliste emporté par sa chanteuse Katie Sketch, et autant dire que l'émotion ne filtre pas trop sur leurs visages. Comme si Joy Division rencontrait Ladytron.

L'ambiance tarde à monter, on s'ennuie un peu devant les comptines désabusées des canadiennes, qui récite pas coeur le contenu de Grab that gun, leur dernier album. Un choeur à trois sur "Brother" achève le concert qu'on se demande encore quel en était le moment fort. Peut-être la fin. La musique de The Organ se prête sûrement mieux aux lieux intimistes et impénétrables.

Autre groupe sous les feux de l'actualité, Calla et son Collisions, sorti voila quelques mois.

Calla qui fait quelques remous dans le rock indé avec un album de très bonne facture, et qui joue ce soir sur la même scène que The Organ. D'emblée le set électrique des New-Yorkais embrase la foule un peu endormie par le live précédent.

Le groupe misant sur la simplicité de titres comme "Play dead" ou "So far so what" pour dynamiser son set. Guitare empoignée solidement, batterie sèche, le set de Calla séduit le public ignorant jusqu'alors l'existence du groupe, qui reprend l'espace de quelques minutes "Stranglers" ou "Don't hold your breath" , issus de leur disque antérieur Televised.

Dur de résumer un concert rongé jusqu'à l'os, dur et nerveux.

La bande à Calla s'en sort avec les honneurs et devra être revu encore et encore pour en apprécier la teneur rock. Le public ayant déserté le concert à l'arrivée de Morrissey sur la scène principale, regard triste du chanteur, dura lex, sed lex...

Grosse sensation. Morrissey ouvre le bal ce soir sur l'Escenario Verde. L'ancien leader des Smith dispose encore d'une aura capable de déplacer des foules sur son nom. Et continue sa carrière solo, avec Ringleader of the tormentors.

Morrissey arrive sur scène, chemise jaune, le reste du groupe étant paré d'un tee-shirt playboy rouge (un hommage au drapeau espagnol?).

Occupant le devant de la scène, le reste du groupe est relégué à l'arrière plan, l'orgueil de l'anglais sans doute ! La star est Morrissey et personne ne doit lui faire de l'ombre.

Un style grandiloquent, de la prétention, Morrissey apparaît sûr de lui et de son aura, de son charisme. C'est un vieux standard des Smith, "Panic", qui sert d'ouverture. D'autres titres des Smith suivront, "Still ill" ou "Girlfriend in a coma". La suite est piochée essentiellement dans ses deux derniers albums You are the Quarry et le récent Ringleader of the tormentors, tels "You have killed me" son single ou "Youngest was the most loved" . "I ‘ll never be anybody's hero here", tiré de son dernier album, est l'occasion d'un hommage à feu Syd Barret. Morrissey s'amuse à décrire des figures avec le fil du micro

Toujours classieux, Morrissey retire sa chemise, se frotte énergiquement son corps avec puis avant un détour par son entrejambe e la lance dans le public. Tel un vieux crooner, Morrissey fait le beau et en fait des tonnes, et fait exploser le public sur "Irish Blood /English heart" .

L'Angleterre dans toute sa splendeur, sa décadence, son rock sensible. Il fallait sûrement être fan pour apprécier ...mais Morrissey reste une bête de scène.

Premiers frissons du samedi. L'arrivée de Vénus sur scène, à la tombée de la nuit. Vampires belges en costumes, beautés extrêmes, première classe pour un public venu en nombre apprécier la force tranquille du groupe, accompagné ce soir de l'ensemble Un-pop Classik.

Une façon d'appréhender Vénus différemment. Frisson qui commence à l'entrée du chanteur Marc Huygens, tout en débardeur musclé, beau comme un diable.

C'est d'abord The red room qui est passé au crible par Vénus, ce dernier album blues-rock de très bonne facture.

Groupe soudé, foule silencieuse pleine de respect. Les trentenaires assurent le live, et reprennent en choeur sans doute leur chanson la plus connue, "Beautiful Day", issue de Vertigone, dans une version épurée. Plus rock en somme, avant d'enchaîner sur un "Mother's voice" beau comme un chanteur belge.

Et, surprise, de reprendre "Amsterdam" de Brel dans la langue de Shakespeare. D'autres ont déjà repris Amsterdam, certes, mais l'émotion ce soir est réelle, en dépit des trous de mémoire de Marc, vite rattrapés cela dit. On aurait aimé les voir sur la scène principale, devant 40 000 personnes dans un silence monacal. Les belges conservent leur aura et leur intégrité.

Beau concert qui se solde par un accident, Marc Huygens cassant l'une des cymbales lui servant de tambourin, continuant malgré tout sur sa lancée, possédée, achevant son concert de bien belle manière.

Comme à l'accoutumée, Jay-Jay Johanson revient au FIB comme le messie en Espagne.

On peine à comprendre la relation d'amour entre le public espagnol et le crooner suédois. Forcément, standing ovation et applaudissements avant même que Jay-Jay ait prononcé le moindre mot. On connaît la chanson. Jay est là ce soir pour défendre Rush, étonnant album centré sur les 80' et les productions Daft Punk période Discovery.

Subtil mélange de pop acidulé et de techno bidouillée, les chansons de Jay-Jay, "Because of you" ou "On the radio" passent bien mieux en live que sur disque. Et la foule de proclamer son amour à Jay Jay qui en redemande, qui a trouvé un jeu très rigolo. Faire le tour de la scène par les backstage, et réapparaître de l'autre coté pour réclamer...Des bisous. A la limite de la dépendance.

La pop électronique de Jay-Jay fait malgré tout mouche, et revisite forcément les classiques comme "I'm older now" ou "Tell the girls I'm back in town". Grosse sensation sur "Believe in us", peut-être la plus connue des chansons de Jay-Jay, interrompue en plein milieu par le public, fou de joie, ivre de bonheur. Jay-Jay, aux anges, ne peut qu'acquiescer. Un rare moment de partage entre un artiste et son public.

A deux pas de là, Lou Barlow rencontre moins de succès avec sa formule solo.

Lui, qui était passé l'année dernière sur la scène principale avec Dinosaur Jr, passe ce soir sur une scène confidentielle pour défendre Emoh, son opus solo.

Devant un public forcément moins fourni que pour Dinosaur Jr. Logique et prévisible, les chansons folks intimistes de Lou se défendent seul à la guitare ou au clavier.

Episodique. Le lieu est mal choisi.

Beaucoup de spectateurs apres le show de Morrissey ont préféré aller onduler leur corps sur des rythmes électros. Les autres (les plus fatigués, les plus mélomanes …?) on choisit d'attendre Mojave 3.

Neil Halstead et son acolyte Rachel Goswell envahissent la scène principale avec leur groupe, déjà passé au FIB en 2000. Leur folk a depuis fait des petits, les voila propulsés tête d'affiche. Et leur bluegrass, rock sudiste, country Nashville, peu importe semble calmer l'audience.

Il ne manque plus que de la pedal steel à Halstead, pour faire rentrer ce concert dans une autre dimension. Puzzle like you fraichement sorti dans les bacs, le groupe assume la tranquilité en ouvrant les hostilités avec "Starlight no1", avant de poursuivre sur "Truck Driving man", histoire country forcément, avant de faire reprendre au public "Give what you take", avec sa mélodie simple et intimiste.

Les secondes défilent, les minutes s'égrènent et tout le monde a conscience du fait que Mojave 3 est une plage de détente dans la turpitude rock du festival. "Breaking the ice" débute, le public suit, et Neil semble heureux d'être là ce soir, sur cette grande scène, tous ces yeux rivés sur Mojave. "Bluebird of happiness" démarre dans une atmosphère candide et naive, comparable à un Pet Sounds country, avec bottes en croco' en sus.

Moment savoureux pour ce groupe de rock tendance shoegaze.

Direction maintenant la tente de Fiberfib. Très attendus par les festivaliers, ce soir c'est Soulwax featuring Justice bref que du beau monde. C'est Justice qui démarre le set.

Le duo parisien, Xavier et Gaspard, formé en 2003 surfe sur la vague rock électro et a déjà collaboré avec les plus grand comme Daft punk, Fatboy Slim, Franz Ferdinand et oui quand même !

C'est assez incroyable, en moins de 5 minutes, Justice met définitivement la foule en folie avec des morceaux comme "NY excuse" ou encore " Waters of Nazareth " très ‘tech'.

Le style varie aussi et donne des inspirations plus tech-house type dance floor avec "We are your friends". Cette reprise du groupe rock Simian finira par exploser l'ambiance ! Et ce n'est pas les quelques brumisateurs positionnés au plafond qui vont abaisser la température.

Les 10 000 personnes présentes transpirent à moitié nues et déhanchent leurs corps vampirisé par les 120 décibels…bref du n'importe quoi comme on aime !! Après pratiquementtrois quart d'heure de mix intensif, place à Soulwax Nite version .

Le mot d'ordre est de garder la même cadence… David Dewaele et Stephen avec les membres de Justice : l'affiche est plutôt alléchante. Les plus grands fans sont ravis, des morceaux comme "Teachers" , "E T alking" ou "Another Excuses" transcendent un public au bord de l'asphyxie. Le batteur est incontestablement l'homme de la soirée, il enchaîne les morceaux avec autant d'énergie qu'au début…tout bonnement incroyable !

Inside in inside out. Verre à moitié plein à moitié vide pour The Kooks .

Encore un groupe en THE, dont la moyenne d'age ne dépasse pas vingt ans. Celui là nous vient, pour ne pas changer, d'Angleterre, Brighton exactement.

Et le groupe revendique une pop anglaise influencée de leurs illustres prédécesseurs (the Kinks, the Clash) propageant un rock teinté de son garage, groove ou bien même reggae (Police n'est pas loin). L'insouciance de son âge excusant toutes les audaces, le groupe, sans complexes, y va à l'énergie et fait bouger le public, très demandeur de Benicassim.

Comme le rock de stade binaire, qui a au moins le mérite de défouler et libérer les hormones mâles...Notamment sur "Seaside" et "See the World". Luke Pritchard, chanteur de The Kooks, semble emprunté et gauche, peu adroit dans sa manière de jouer le showman.

Ce soir la scène était peut être trop grande pour le groupe. Il faudra donc attendre encore un peu, le groupe n'a même pas un an d'existence. Pas le temps de finir le set qu'il faut s'extraire de là, prendre une bouffée d'air frais et partir du coté de Vodafone.

Là se prépare le concert de Nada Surf.

Eh oui près de dix années nous séparent désormais du tube "Popular". Entre temps deux albums ont fait leur apparition, Let go en 2003 et The weight is a gift en 2005. Un concert qui plonge un public dans un mix des morceaux les plus connus tel que "Popular" justement, puis "There is a light that never goes" out ou bien "Always love" tiré du dernier album.

Autant dire qu'avec les années le groupe s'est rapproché d'un style plus popiste avec des allures romantique sur fond de positivisme…rien que ça ! Il faut croire qu'avec l'âge on s'adoucit !

L'émotion est palpable sur la scène Motorola, puisqu'un autre crooner décadent rentre en scène. Plus jeune que Morrissey, Rufus Wainwright reste l'une des attractions majeures du festival.

Chapiteau plein à craquer, à vomir son admiration du canadien. Seul sur scène, au piano, pour débuter un concert mémorable en forme de visite de son propre répertoire. Ce garçon fait penser à Jeff Buckley. Touché par la grâce, voix d'ange, impression de facilité déconcertante.

Ce garçon a 33 ans ce soir, clin d'oeil christique.

Et le concert débute par un "Grey Gardens" suivi d'un "Makers make", frissons sur la peau devant la voix sortie d'un autre monde. Puis "11.11", qui prend son envol. No comment.

Pour l'occasion, sa soeur Lucy le rejoint sur scène, histoire de lui offrir un gâteau d'anniversaire de rigueur. Et le public d'entamer un "Happy birthday to you" de circonstance. Emotion sincère. Peut être le concert du festival. Lucy et Rufus embrayent sur une poignée de chansons country, Rufus à la guitare acoustique. Et puis vient la reprise tant attendue, celle d'"Hallelujah", entendue par les plus jeunes sur la BO de "Shrek". Les plus vieux pensent à Leonard Cohen, ou Buckley.

C'est la grâce qui parle à travers Rufus, le concert dure et dure encore. "Il fait tellement chaud que j'ai envie de me déshabiller totalement" déclare Rufus. On veut bien le croire. Vient le moment du clin d'oeil au film "Moulin Rouge" avec la reprise en français de "La butte Montmartre". Autre clin d'oeil.

Dix minutes se passent, Wainwright revient sur scène et entame "Gay messiah" et "Cigarettes & Chocolate". Le public en a pour son argent, se dit-on ce soir, cela valait bien la peine de transpirer et de se mettre sur la pointe des pieds pour admirer le spectacle.

Aussitôt l'émotion du moment estompé, direction Escenario Verde pour une grande affiche, on veut bien sur parler de Franz Ferdinand.

On pensait avoir fait le plein avec the Strokes la veille et bien là c'est sold-out ! Une vraie marée humaine s'est littéralement amassée pour assister au concert des écossais, mieux valait ne pas arriver en retard...

Les Franz ne sont pas au complet ce soir et ont du faire face à un petit remaniement.

En effet le batteur du groupe Paul thompson est absent : il vient d'être papa ! Du coup Andy Knowles le remplace et c'est Scott Paterson des Sons & Daughters (autre groupe écossais) qui prend la guitare. Outre ce jeu de chaise musicale, les Franz Ferdinand nous préparent LE concert du FIB…

"Do you want", "Take me out" ou "Darts of pleasure" revisitent leurs influences des années 80' à la sauce 2000. Un mélange qui donne vraiment du sens à leur énorme succès du moment. Au début du morceau "Walk Away" Alex tient à le dédicacer à sa sœur…pour le public c'est un vrai moment d'émotion…Il y a vraiment une communion avec le public et on peut apprécier le live non formaté des écossais.

Un concert qui a largement répondu à notre attente…merci les Franz'

Dernière sensation française encensée par la presse ça et là, les parisiens de Ponihoax entrent en scène à 2 h 00 du matin.

La concurrence fait rage avec la présence sur la scène principale de Franz Ferdinand . Peu importe, le combo n'en a cure, quitte à retarder volontairement le début du live pour "récupérer" le public des anglais.

Ponihoax est impressionnant, vraiment, avec son rock-electro foutraque, débordant de claviers et deb beats pas mous. La fosse se remplit peu à peu, le chanteur de Poni enchaîne bières et cigarettes, l'ambiance se détend et l'un des deux tubes évidents, "Budapest", est joué par le groupe.

Budapest, c'est la rencontre de l'électro et de la pop, ses violons joués au synthé, sa batterie se cassant comme un navire sur les récifs. C'est beau, ça marche, le public étranger découvre le groupe en se demandant d'où ils viennent, où ils vont.

Et puis "She's on the radio", deuxième single hyper-puissant, débute. Et là, c'est le coup de massue pour l'audience. Cette histoire de nana passant sur les ondes radio achève de convaincre. Ponihoax est un groupe au futur tout tracé, en dépit des errances de son chanteur, qui boit, qui fume, qui vocifère, qui titube.

C'est le rock & roll qui gagne, quoi qu'il en soit. Vivement le retour à Paris pour les revoir encore et encore.

Sympathique petit groupe qui a la tâche de fermer l'Escenario Verde, Morning runner ne marquera pas les esprits. Après Franz Ferdinand, le public s'est retourné dans ses chaumières, ou parti sous les tentes electro.

Le public d'irréductibles restant est soit trop alcoolisé pour pouvoir se mouvoir soit réellement intéressé par ce jeune groupe qui vient de sortir son premier album Wilderness in paradise now .

Le quartet de Reading distille un rock easy-listening, tendance Ryan Adams. Très content d'être la malgré l'heure tardive, Morning Runner offre ses mélodies dans la nuit encore chaude et moite du festival, en évoquant la pop millimétrée de Starsailor ou Coldplay sur des titres comme "Have a good time", "The great escape" ou "Burning benches" .

Le chanteur, Matthew Greener, avoue "passer la meilleure nuit de sa vie". Ah... Le flegme et l'ironie anglaise...

 

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Crédits photos : Little Tom sauf Justice (Nathalie Paco), Morrissey (Oscar Tejeda) et Franz Ferdinand (François Ollivier)

Collaboration rédactionnelle de Christian Frattini


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"Papa est en voyage d'affaires" de Emir Kusturica

"Gondola" de Veit Helmer
"Aventurera" de Alberto Gout
"Karmapolice" de Julien Paolini
un DVD avec "Berlin boys" de David Wnendt
"Saravah" de Pierre Barouh
"La récréation de juillet" de Pablo Cotten et Joseph Rozé
"El profesor" de Marie Alché & Benjamin Naishtat
"Six pieds sur terre" de Hakim Bensalah
"Nouveau monde" de Vincent Capello
et toujours :
"La Gardav" de Thomas et Dimitri Lemoine
"Heroico" de Davis Zonana
"Roqya" de Saïd Belktibia
"L'esprit Coubertin" de Jérémie Sein

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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