Le Festival du Bout du Monde fêtait cette année sa 7ème édition en presqu’île de Crozon (tout au bout à l’Ouest !).
Festival rôdé, à la réputation grandissante chaque année, l’édition 2006 se tenait à guichets fermés, accueillant ainsi près de 60.000 spectateurs sur trois jours. Le public fidèle a la réputation d’être un public ouvert et familial.
Les festivaliers se retrouvent donc allègrement dans cette programmation métissée tournée aussi bien vers les musiques du monde (Afrique, Asie, Amérique latine…) que vers la scène régionale et nationale. S’appuyant sur plusieurs centaines de bénévoles, l’événement joue pleinement la carte de l’appropriation locale…
3 jours de programmation du 11 au 13 août 2006, 2 scènes de taille humaine (Landouadec et François Kermarrec), 1 cabaret sous chapiteau (le Cabaret du Bout du Monde), le tout installé dans un espace champêtre et boisée à quelques kilomètres des plages…
Voici donc le décor planté !
Vendredi 11 août : somptueux belges
La soirée du vendredi a été une magnifique introduction, oscillant notamment entre la musique hors cadre de Zita Swoon, les sonorités de l’Est de Goran Bregovic et les rythmes de David Walters…
Le concert de Zita Swoon a été sans conteste un des meilleurs moments du festival.
Jouant au milieu du chapiteau et au cœur du public, le groupe belge a fait sensation distillant un set semblable (mais malheureusement plus court) à celui de leur magnifique album live A band in box.
Stef Kamil Carlens et sa joyeuse bande (le sourire du début à la fin, ce n’est pas rien !) ont ainsi proposé leur musique, savant mélange de soul, blues, pop et chanson. Ce groupe est un véritable phénomène tant scéniquement que musicalement. La voix de Stef Kamil Carlens, accompagnée de deux choristes, prend toute sa saveur portée par de majestueux musiciens.
Un bonheur n’arrivant jamais seul, Miossec rejoignit le combo pour interpréter deux titres ("Maman" et "La mélancolie") de son nouvel album, l’Etreinte. Vu la complicité qui les unit, il n’est pas étonnant de retrouver Stef Kamil Carlens et sa bande sur l’album du Brestois. Merci, tout simplement, merci ! Certainement LE concert du festival !
Après le set de Zita Swoon sous le chapiteau, direction la grande scène pour le concert d’une des têtes d’affiches de la soirée.
Goran Bregovic, accompagné de l’orchestre des mariages et des enterrements, fait escale en Bretagne pour une date unique et le public les attend.
Goran et ses compères alternent entre le calme et le rythmé, n’enflammant véritablement le concert qu’au rappel.
Un des meilleurs moments restera l’interprétation magnifique de "In the death car", titre phare de la BO d’Arizona Dream (chanté initialement par Iggy Pop) dans une version épurée, portée par la voix chaude de Goran Bregovic.
Du côté de la scène François Kermarrec, une large partie du public attendait avec impatience le concert de David Walters.
Seul à la guitare et aux percus étranges, utilisant le sample, le jeune artiste joua ses compositions au carrefour du folk, de la musique afro, de la musique caribéenne, de l’électro…
Un phénomène qui en toucha plus d’un.
La soirée du vendredi accueillit également le légendaire Robert Plant accompagné du groupe Strange Sensation, le Sénégalais Ismaël Lô ainsi que Gayanne.
Samedi 12 août : les femmes à l’honneur
Lila Downs eut la lourde tâche d’inaugurer la journée du samedi.
Lourde tâche dans la mesure où il n’est jamais aisé de jouer devant un public clairsemé, la grande majorité n’étant pas encore sur le site. Force est de constater que le pari fut largement réussi du fait de la prestation impeccable de la Mexicaine et de ses musiciens.
Tantôt énergique voire rock, tantôt métissé ou mélancolique, le premier concert du samedi a su conquérir et trouver son public. La personnalité communicative, les danses et la gestuelle très expressives de Lila Downs ont séduit les festivaliers.
Les sauts de joie de l’artiste mexicaine et le salut final avec son groupe illustrèrent à merveille l’enchantement de cette prestation.
Déjà présente en 2001, Souad Massi revint au Bout du Monde auréolée d’une victoire de la musique (victoire 2006 de l’album world).
Très attendue par le public, l’artiste algérienne rayonna véritablement proposant un très beau concert, accompagnée de ses musiciens ou seule à la guitare. Cousine maghrébine de Joan Baez, elle fit reprendre quelques chansons par le public qui ne demandait que ça. Un joli rayon de soleil se montre sur le site de Crozon. Un ange passe…
De l’autre côté du site, sur la scène Kermarrec, la Capverdienne Lura offrit un concert tout en sensualité à un public conquis d’avance à sa musique, ses danses et sa cause.
Charmeuse et malicieuse, la jeune femme embarqua remarquablement le public ravi de se laisser guider aux sons chaloupés de la belle.
Anis, véritable révélation de l’année, présenta son album La Chance.
Les titres "Cergy" et "Métro", repris en choeur par les festivaliers, firent l’unanimité. Alternant les morceaux calmes et les morceaux plus enjoués, l’artiste parisien géra remarquablement un public festif à souhait.
Un bon concert qui appelle déjà des retrouvailles plus longues.
En ce samedi, d’autres artistes investirent les différentes scènes du festival comme les mythiques anglais de Steel Pulse, les Espagnols Amparanoïa et Paco Ibanez, le Sénégalais Cheikh Lô, Bonga, le Réunionnais Danyel Waro et les Marseillais Dupain.
Dimanche 13 août : une conclusion en beauté
Le plus attendu de la dernière journée du festival fut sans contestation Benabar.
Pourtant beaucoup s’interrogeait de sa présence dans la programmation.
Chanteur populaire dans le bon sens du terme, le trublion de la chanson française livra un set plein de malice et d’humour.
Un brin chambreur, Benabar montra une nouvelle fois sa simplicité et sa générosité envers son public, n’hésitant pas à mouiller le maillot ou plutôt la chemise.
Avec la complicité de ses musiciens, il proposa un concert très énergique, agrémentant ses chansons de nouveaux arrangements et d’humour décapant.
Quittant la scène sous les applaudissements du public, Benabar remercia, comme à son habitude, le public: "Merci d’être venu et surtout merci d’être resté". Merci à vous !
Un peu plus loin, Da Silva chauffa le chapiteau plein à craquer.
La réputation de l’auteur de l’excellent album Décembre en été n’est plus à faire, l’affluence l’illustrant à merveille. Le public reprit les chansons, n’hésitant pas à pousser un peu plus la voix à la demande de Da Silva tout sourire. Quelques nouveautés dont le titre "Le Bunker" s’immiscèrent entre les morceaux connus. De bonne augure pour le prochain album.
Le dernière journée du festival accueillait également Hubert-Félix Thiefaine, le zoulou blanc Johnny Clegg, le groupe de Mongolie Egschilgen, Jehro, Norkst, Mahala Raï banda, les Angevins de Lo’Jo, Dub Incorporation et bien d’autres encore…
N’hésitant pas à allier une programmation pointue et grand public, le Festival du Bout du Monde fit cette année encore le plein : le plein de sonorités métissées, le plein d’artistes généreux et de concerts mémorables… Singulier de par sa philosophie, le festival a encore de très belles éditions devant lui. Qu’il garde son âme et son esprit ! A l’année prochaine donc…
Merci aux organisateurs du festival et plus particulièrement à Antonin pour l’accueil et sa disponibilité. |