Katerine, ex-dandy lunaire, revient en force avec un album surréaliste Robots après tout et des concerts déjantés.
Interview borderline avec Philippe Katerine, tête d'affiche de dimanche à la Route du Rock 2006.
Katerine c'est un artiste-chanteur, un artiste-vidéaste, un artiste-réalisateur ? C'est une envie d'art total ?
Philippe Katerine : C'est un tout. Des fois je dessine, je change les draps de mon lit, je fais la cuisine, j'écris une chanson, je regarde la télévision, j'écris mes mémoires…Ensuite, je vais à la messe, je vais me promener, je vais à la piscine, tout fonctionne de la même manière. Il n'y a pas de hiérarchie.
Il n'y a jamais d'absolue nécessité ?
Philippe Katerine : Ah non… Je pourrai me passer ce que je fais. Je trouverais toujours de quoi m'occuper.
Cela fait partie d'un processus d'occupation du temps ?
Philippe Katerine : Complètement.
Sans volonté de montrer ou prouver quoi que ce soit. C'est donc accidentel de faire un album ou sortir un film ?
Philippe Katerine : Oui, tout est question de circonstance. Je ne m'en plains pas. L'important pour moi est de m'occuper sinon je fais des conneries.
Prendre un stylo et écrire une chanson est une sorte de balise ?
Philippe Katerine : Pour éviter le vandalisme par exemple qui est mon péché mignon. Brûler des voitures, détruire des biens est une passion. Donc il me faut des dérivatifs. Car c'est ma faiblesse. J'ai d'ailleurs été enfermé pour cela à Rennes. J'avais détruit un pare brise et je me suis fait prendre une nuit quand je faisais cela seul quand j'étais étudiant.
Seul ?
Philippe Katerine : Oui et c'est encore plus pathétique. Ce qui a fait que je me suis dit qu'il fallait que je trouve à m'occuper.
D'où la chanson et le changement de draps. C'est l'escalade ?
Philippe Katerine : Oui, jusqu'à la mort. La mort certaine.
La mort qui est inéluctable. Donc en attendant…on pose des limites.
Philippe Katerine : Oui. Et puis faire des chansons ça me permet de ne plus en avoir. Car je peux tout faire dans les chansons sans être puni par la loi.
Peut être une solution à la crise des banlieues ?
Philippe Katerine : Je n'irai pas jusque là …(rires). C'est une solution personnelle.
Le succès rencontré par votre nouvel album Robots après tout, avec notamment un tube - un accident sans doute - change-t-il quelque chose dans la vie de Philippe Katerine ?
Philippe Katerine : Oui parce que ma boulangère m'a demandé un autographe…mais elle m'a appelé Christine et donc là je l'ai giflée. Ah ben attends !
Il n'y a plus qu'à lui brûler sa bagnole et la boucle sera bouclée ?
Philippe Katerine : Exactement (rires).
Il y aussi la scène.
Philippe Katerine : Quand j'ai fait des concerts au début c'était également pour m'occuper.
C'est pour réjouir le public ?
Philippe Katerine : Non…Si ça les amuse tant mieux mais ce n'est pas le but premier. Le but premier est que cela me divertisse moi.
Charité bien ordonnée commence par soi-même ?
Philippe Katerine : Oui, c'est un adage assez juste.
Ca marche plutôt bien ?
Philippe Katerine : Oui, parce que j'aime le faire, je me sens bien sur scène. Ce qui est nouveau car il n'en a pas toujours été ainsi. Au bout de 2 minutes après le concert, j'avais oublié.
Et maintenant ?
Philippe Katerine : C'est 3-4 minutes ! (rires) 4-5 !
Donc un plaisir mais éphémère ?
Philippe Katerine : Oui. Il n'y a pas de sacralisation de l'événement. Pas du tout. Et j'espère que pour les gens c'est pareil. Mais le public est une notion tellement abstraite. Surtout quand il y a plus de 100 personnes.
Et celles qui viennent vous voir après le concert ?
Philippe Katerine : Oh, tous ne viennent pas me voir. Il y a une sévère sélection à l'entrée. Tous ne peuvent pas venir. Il faut un certain niveau d'études…il faut au moins un bac +8 sinon tu ne rentres pas dans les loges.
Même lors d'un festival ?
Philippe Katerine : Surtout au cours d'un festival. Et il faut aussi avoir pris une douche avant.
C'est draconien.
Philippe Katerine : D'autant que c'est vivement recommandé lors d'un festival !
Ce n'est pas faux ! S'agissant de l'album, cette histoire de robots c'est un pied de nez ?
Philippe Katerine : C'est un thème ancestral. Les robots ont toujours existé même avant l'existence des robots. Je pense que l'humanité a commencé par se robotiser avant d'arriver à l'humain.
Les sous-pulls en acrylique c'est facile à trouver ?
Philippe Katerine : Très difficile !
Ne pourrait-il pas y avoir une production Katerine ?
Philippe Katerine : Avec une usine ?
Oui.
Philippe Katerine : C'est une bonne idée. Je vais en parler à mon coach.
Ce serait bien dans le ton.
Philippe Katerine : Oui et surtout on se ferait énormément d'argent. L'usine Katerine…à 200 mètres à droite….(rêveur).
Moi, j'achèterai tout de suite un sous pull Katerine.
Philippe Katerine : Pourquoi ? Parce que tu es un robot ?
Parce que je suis fan.
Philippe Katerine : Ah voilà !
Bon concert !
Philippe Katerine : Bein pour vous aussi.
Oui, j'espère !
Philippe Katerine : Ah ??? Merde ! Il va falloir être à la hauteur alors !
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