Depuis
longtemps déjà, les albums des Tindersticks ne
ressemblent plus à un péplum. Fini les "Sweet man"
en 3 parties, les intermèdes et les morceaux brut de décoffrage.
Aujourd'hui, les Tindersticks on trouvé leur vitesse de croisière
et font des albums plutôt plus courts que la moyenne, 9 titres sur Simple
pleasure, 8 sur Can our Love et 10 sur celui-ci, le brillant Waiting
for the moon.
Une chose n'a pas changé en tout cas, le son "Tindersticks"
reconnaissable entre mille, le violon, la batterie et la basse formant en effet
chez ce groupe un ensemble tout à fait magique et unique. La voix de
Stuart Staples, n'a pas changé non plus et si sur les
premières mesure de "Until the Morning comes" c'est Dickon Hinchliffe que l'on entend avec une voix qui semble plus distante du morceau que ce que l'on connaît de lui, c'est surtout pour lui laisser la part belle sur cette superbe ballade surlignée
par un léger chœur et un souffle de violon, un murmure qui annonce
l'album le plus mélodique et subtil des Tindersticks.
"Say goodbye to the city" renoue avec la voix de Stuart qui se
mélange plus au instruments qu'elle ne les survole. Un morceau qui progresse
lentement mais sûrement comme savent si bien le faire les Tindersticks,
guitare et violon se font menaçants, et puis une trompette vient en renfort
au loin pour tout anéantir et puis revient le calme, après la
tempête... On souffle mais cette fois ci on sait que ça peut recommencer,
on retient notre respiration en attendant le prochain assaut.
"Sweet memory" rappelle assez largement "Tiny tears",
tant par le chant que par la musique. Mais loin de sentir le réchauffé,
c'est probablement (comme Tiny tears en son temps) un des morceaux forts de
l'album, superbe chanson mélancolique adoucie par la présence
d'un violoncelle. Malgré les cordes omniprésentes, ce morceau
semble dépouillé à l'extrême et les chœurs apportent
un peu de chaleur sans alourdir la mélodie.
"4.48 Psychosis" est un texte de Sarah Kane que
Stuart scande plus qu'il ne chante sur un fond de guitare électrique
qui donne au morceau un coté blues à la façon de Kat
Onoma du plus bel effet.
Bon bon, je vous sens impatient, je ne vais pas passer tous les titres en revue
mais quand même il faut dire un mot sur celui qui donne son nom à
l'album "Waiting for the moon", le plus court morceau mais
sans doute aussi un des plus émouvants de toutes les chansons des Tindersticks
(puisque je vous le dis que ce disque est fabuleux).
Et puis pour ceux qui ont eu la chance d'écouter le joli duo avec Isabella
Rossellini sur "A mariage made in Heaven", vous aurez
droit au très élégant "Sometimes it hurts"
en duo cette fois ci avec Lhasa de Sela. Trop poli pour être
honnête pourrait on dire tant ce duo rappelle beaucoup beaucoup celui
avec Isabella Rossellini, un auto plagiat gros comme une maison mais qui reste
dans l'absolu un très bon morceau et tant pis si ce n'est pas le plus
original, ne boudons pas notre plaisir ravivé largement par la chanson
marathon de l'album, "My oblivion" de 7 minutes enrobée
de violons.
Après cela, même l'harmonica et le banjo de "Just a dog"
ne réussissent pas à gâcher la fête même si
la voix semble franchement décalé sur cette musique de cowboy.
"Running Wild" est presque anecdotique et termine le disque
comme il a commencé, par une douce ballade sur laquelle s'égrènent
quelques notes de piano.
Rideau... Rouge bien sur.
Alors certes, "Waiting for the moon" a le défaut de sa qualité,
c'est d'être une album 100% Tindersticks. Une sorte de modèle déposé
peut être mais une chose est sûre, Stuart et sa bande sont bien
les seuls à pouvoir le faire. Et le résultat vaut largement le
détour.
Waiting for the moon, en attendant le prochain, sera sans doute élevé
au rang de référence dans leur discographie ... Reste à
savoir si les prochains culmineront encore davantage.
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