Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Mogwai
Happy songs for happy people  (rock action / Pias)  janvier 2004

Au tout début on est presque déçu de retrouver un disque dans la lignée de Rock Action ; En effet on garde pour ce dernier disque un respect mitigé qui n'atteint pas la passion pour les premiers albums du groupe. Si certains titres vraiment fabuleux d'alors comme "You don't know Jesus" ou surtout "Two rights make one wrong" valaient à eux seuls de rester fidèle à Mogwai, on n'était pas face à la claque des deux précédents.

La page est donc bien tournée, on est désormais dans une sorte de "Mogwai phase deux", pas calmés pour autant mais moins victimes de leurs influences : le math-rock ciselé disparaît derrière des arrangements plus complexes même dans les parties calmes, une transition plus souple mais donc aussi moins percutante.

Un son moins brut et organique, avec un faux air de production dû sans doute à une utilisation de nappe de vocodeurs et d'électronique toujours en développement, les guitares n'étant plus nécessairement au premier plan pour nous guider mais faisant partie d'un tout qui les dépasse. Après quelques écoutes on est forcé d'accepter cette nouvelle direction entièrement assumée, de découvrir les avancées entreprises et d'y porter une passion renouvelée.

La progression des morceaux sort en effet de l'enchaînement "calme-tempête" qui faisait la marque de fabrique du groupe, pour utiliser des effets de relance plus subtils en privilégiant des mouvements d'ensemble indiscernables plutôt que les riffs martelés. Attention ce n'est pas pour autant un album atmosphérique et ambiant dans la lignée du dernier Tarentel, il ne s'agit pas non plus bien évidemment de joyeuses chansons pour des auditeurs heureux comme pourrait l’insinuer une interprétation littéral du titre du disque.

L’ambiance générale bien qu'abstraite repose sur la frustration, le désenchantement, l'espoir vain et la violence au final comme seule échappatoire, une musique punk-rock sur le fond et les inspirations ("une musique si puissante qu’elle est au-delà de tout contrôle" comme disait Iggy Pop), supportée par une réalisation éthérée, brillante et dense sans être lourde.

La nouvelle dualité de Mogwai repose sans doute sur ce mélange de gravité et de légèreté. Leur musique n'a jamais été aussi évidente et expressionniste, les élans violents et viscéraux cohabitent avec un état contemplatif, n'étant plus juxtaposés mais intimement mêlés au sein des compositions. Le travail sur les mélodies est central et se fait parallèlement à un goût pour le bruit, presque concret, en arrière ou avant plan, un échange et un combat entre ses deux directions dont on ne sait jamais en début de morceau qui va sortir vainqueur du maelström.

Les passages calmes sont contrairement à ce qu'on peut trouver chez Set Fire to Flames extrêmement construits et denses, on n'est pas dans l'improvisation ou le nombrilisme, parfois même assez proche sur certains morceaux d'un Labradford moins minimaliste et précis. La nouvelle écriture plus ouverte laisse plus de liberté à l'auditeur, moins concentré sur des guitares pures, et un même morceau écouté dans différentes situations (d'esprit) peut rendre de manières totalement différentes tant on peut y puiser des sentiments variés.

Plus généralement Mogwai reste distant des influences post-rock connus et continue à évoluer dans son propre univers en mutation, une élaboration de constructions complexes et ambitieuses sans les poses de premier de classe des laborantins de Tortoise mais en allant comme des forcenés à l’assaut de ces cathédrales déchus (Mogwai n’a peur de rien, sauf de Satan…).

Les morceaux sont assez courts, ce qui est à vrai dire extrêmement frustrant aux premières écoutes, et loin des grandes fresques comme "Xmas steps" ou "Ex-cowboy", exception faite du délicieusement violent "Ratts of the Capital", qui commence sur un passage désenchanté - qui n'est pas sans rappeler les univers défrichés par A silver mt. Zion - et évolue ensuite en un élan volontariste prenant et lumineux avant d'infliger un riff martial chaotique et noir qui s'étouffera dans sa vanité après avoir épuisé toutes ses forces. Un nouveau classique qui décrit bien les ambitions et les forces qui habitent le groupe.

Le disque est au final extrêmement homogène (et court ce qui facilite son assimilation facile à défaut d’offrir beaucoup de matériel) et invite à un parcours vivant marqué par les morceaux les plus dynamiques qui sortent de l'atmosphère générale. On est au final moins chahuté que dans les premiers albums par l'enchaînement des titres, la violence circule voilée pour mieux nous surprendre sans nous abrutir.

Ainsi sur des titres comme "Killing all the flies" les cassures apparaissent en arrière plan avec beaucoup de justesse et sont d'une efficacité redoutable dans un crescendo incroyablement maîtrisé et ouvert vers l'absolu et l'abandon : on est alors forcé d'imaginer ce que ces nouveaux morceaux peuvent donner sur scène. Cet effort virtuel de se replacer dans ces conditions multiplie les effets du disque.

Car à l’instar de GY!BE ou de Explosions in the sky, c'est avant tout en live que le groupe prend toute son ampleur et trouve sa légitimité de groupe culte. On attend alors avec appréhension de rencontrer ces nouveaux titres en concerts et de découvrir comment ils se fondent dans l'ancien répertoire du groupe sous un déluge sonique enthousiasmant. Ce qui est sûr, c'est que Mogwai continue de rouler de l’avant sur ses propres rails, à nous étonner tout en nous prenant encore aux tripes. Ne les ratez pas en concert !

« If someone said that Mogwai are the stars I would not object.
If the stars had a sound, it would sound like this. »

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Mr Beast de Mogwai
Mogwai parmi une sélection de singles (été 2006)
La chronique de l'album Zidane : A 21st Century Portrait de Mogwai
La chronique de l'album The Hawk is Howling de Mogwai
La chronique de l'album Special Moves de Mogwai
La chronique de l'album Hardcore will never die but you will de Mogwai
La chronique de l'album Les Revenants OST de Mogwai
La chronique de l'album A wrenched virile lore de Mogwai
La chronique de l'album Rave Tapes de Mogwai
La chronique de l'album Central Belters de Mogwai
La chronique de l'album Every Country's Sun de Mogwai
Mogwai en concert à l'Elysée Montmartre (5 juin 2003)
Mogwai en concert à La Laiterie (9 avril 2006)
Mogwai en concert au Festival Primavera Sound 2006 (samedi)
Mogwai en concert au Festival Les Eurockéennes 2006 (dimanche)
Mogwai en concert au Festival La Route du Rock 2006 (vendredi)
Mogwai en concert à l'Olympia (30 septembre 2006)
Mogwai en concert au Festival Summercase 2008 (Samedi)
Mogwai en concert à L'Aéronef (vendredi 18 mars 2011)
Mogwai en concert au Trianon (jeudi 17 mars 2011)
Mogwai en concert au Festival La Route du Rock #21 (vendredi 12 août 2011)
Mogwai en concert au Festival Beauregard #11 (édition 2019) - Samedi 6 juillet
L'interview de Mogwai (Avril 2004)
L'interview de Mogwai (5 juin 2003)
L'interview de Mogwai (décembre 2005)
L'interview de Mogwai (8 juillet 2008)


Loopkin         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :


# 03 novembre 2024 :Pendant que l'on retient notre souffle

Une semaine qui verra, ou non, le monde basculer du côté obscure de la force, la force avec un petit "f". D'ici là cultivons-nous pour éviter de finir comme "eux". Et toujours Le replay de la MAG#91 disponible en attendant la #92 le 8/11...Pensez aussi à nous suivre sur nos réseaux sociaux.

Du côté de la musique :

"Disco sucks" de Catchy Peril
"Potion" de Djé Balèti
"Apocalypto" de Silmarils
et toujours :
Le Festival Les Indisciplinées c'est bientôt !
"Made in china" de Soviet Suprem
Nouvelle saison du Morceau Caché ! nouvel épisode "Rebonds, Partie 2"
"A place where life is better" de Back In The City
"No Title As Of 13 February 2024, 28,340 Dead" de Godspeed You ! Black Emperor
"Infinite Vol. II" de Jean-Pierre Como
"Dans l'attente d'un signe" de Kaori
"God doesn't exist" de Sex Shop Mushrooms
"Von B." de Von B.

Au théâtre :

"A la lumière des flammes" à La Manufacture des Abbesses
"L'homme à la guitare bleue et les gipsy kids" à La Comédie Saint-Michel
"Tu voulais un coup de foudre ?" au Théâtre du Marais
"Livraison comprise" au Studio Hébertot
"Un monde possible" au Théâtre Lepic

"Arletty, un coeur très occupé" ah Théâtre des Mathurins
"Have a good day !" au Théâtre du Rond-Point
"L'amante anglaise" au Théâtre de l'Atelier

"Elles improvisent" au Théâtre Bo Saint-Martin
"Hélène après la chute" au Théatre de l'Epée de Bois
"Jérusalem" au Théâtre 360
"Mothers - A song for wartime" au Théâtre du Rond-Point
"Tanguy Pastureau, un monde hostile" au Théâtre Tristan Bernard
"L'art de ne pas dire" au Théâtre Saint Georges
"Passage en revue" à La Divine Comédie
"Le choix des âmes" au Théâtre des Gémeaux Parisiens
'La double inconstance" au Théâtre Le Lucernaire
"ADN" au Théâtre Michel

des reprises :
(des pièces déjà chroniquées qui reviennent à l'affiche, atttention, parfois c'est dans un théâtre différent)
"Inavouable" au Théâtre La Scala
"Vole Eddie volle !" au Théâtre Montparnasse
"Le secret de Sherlock Holmes" au Café de la Gare
"Kessel, la liberté à tout prix" au Théâtre Rive Gauche
"Cloture de l'amour" au Théâtre de l'Atelier
"La rivière à l'envers" au Théâtre Essaion

Du côté de la lecture :

"L'heure bleue" de Paula Hawkins
"Anthologie présentée et commentée par Gabriel Martinez-Gros" de Ibn Khaldun

"Confessions d'une loser et autres romans" de Mark Safranko
"1945' de Jean-Christophe Buisson
"Histoires de frantômes" de Jeannette Winterson
"Ocean state" de Stewart O'Nan
"Un éclair bleu azur" de Kwon Yeo-Sun
et toujours :
"Bonheur d'occasion" de Gabrielle Roy
"Histoire de la guerre en infographie" de Julien Peltier, Vincent Bernard & Laurent Touchard
"Hurlements" de Alma Katsu
"L'armée allemande 1870-1945" de Benoit Rondeau
"Le paradis des fous" de Richard Ford

Il est toujours temps d'aller au cinéma ou regarder un bon film :

"Au Boulot !" de Gilles Perret et François Ruffin

"Le repli" de Joseph Paris
"Rivière" de Hugues Hariche
"Les oubliés de l'amérique" et autres films de Sean Baker
"Terrifier 3" de Damien Leone
"Papa est en voyage d'affaires" de Emir Kusturica

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=