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puce Elrik Thomas - Aldo Gilbert
Interview  (Paris)  11 septembre 2006

Elrik Thomas, auteur, comédien, metteur en scène, et Aldo Gilbert, musicien, compositeur, actuellement à l'affiche de la comédie de Paris dans "Tragique Academy" une pièce écrite et mise en scène par Antoine Seguin, sont amis et compères à la ville comme sur scène.

Interview croisée en laissant le micro à ses diables d'hommes connus aussi pour leur talent d'improvisateurs.

Elrik Thomas : Il serait temps pour toi de nous expliquer pourquoi tu as choisi de jouer des instruments à vent.

Aldo Gilbert : Ca c'est une bonne question. Au début, tout bébé j'ai commencé avec les percussions sur lesquelles on peut facilement taper. Je suis ensuite passé à la période "grattage" avec la guitare et des instruments à cordes. Ensuite ce furent les instruments à vent au terme d'une régression vers la période buccale. Je suis extrêmement buccal et c'est une sensation … (ndlr : no comment).

Dans la pièce "Tragique Academy" je joue d'instruments qui appartiennent aux 3 familles. Je joue du piano, instrument de percussion, du ukulélé, instrument à cordes, de la scie musicale, instrument à corde frottée, et du saxophone. Ce pourrait être une pièce pédagogique sur les différentes familles d'instruments de musique.

Elrik Thomas : Et tu y suis le même parcours que ton parcours personnel. Ca a un sens ou c'est fortuit ?

Aldo Gilbert : Antoine Séguin a travaillé de manière inconsciente. Et c'est rigolo comment l'écriture peut révéler des choses enfuies… enfouies.

Elrik Thomas : Enfuies c'était bien ! Autre question : c'est la première fois que tu montes sur une scène de théâtre en tant que comédien ?

Aldo Gilbert : Au départ, il n'y avait pas de rôle pour moi. Antoine Séguin ne m'avait contacté que pour écrire la musique et puis au cours des répétitions, je ne voyais toujours pas la musique arriver. Et en fait elle arrive à la fin et entre temps j'au eu du texte. Et je ne suis que comédien pendant toute une bonne partie de la pièce et le public est aussi étonné que moi.

Elrik Thomas : Et c'est une performance puisque c'est un texte qui n'est pas en français, dans une langue étrangère que tu ne parles pas ?

Aldo Gilbert : Le personnage ne comprend pas l'environnement dans lequel il est et moi je ne comprends pas les paroles que j'ai à dire. Je suis censé entendre la musique des mots et répondre en harmonie avec cette musique. Je réponds en fonction des intonations.

Elrik Thomas : Ce qui est la base du jeu d'acteur.

Aldo Gilbert : Effectivement. On pourrait faire du théâtre avec un texte écrit à partir d'onomatopées. Du coup je fais la genèse du théâtre. Peut-être aurais-je un jour un rôle avec un texte que je comprends. Cela me foutrait le trac je crois (rires)

Elrik Thomas : Et à part ça ?

Aldo Gilbert : Je fais beaucoup de musique et j'écris beaucoup de musique de pièces de théâtre. Comme par exemple dans le spectacle d'Elrik Thomas sur La Fontaine qui s'appelle "Ah oui ! les fables !" (ndlr : s'ensuit tout un épisode sur les intonations "Ah oui ! Les fables !"). Et puis je joue au sein d'un groupe qui s'appelle Zooty, une fanfare atypique avec un chanteur et nous tournons pas mal. Je suis un peu à la base de ce groupe et ce projet me tient très à cœur. Et les projets ne manquent pas !

Elrik Thomas : Nous avons d'ailleurs le projet de faire un spectacle sur Baudelaire dans la même veine musical et textes que celui sur La Fontaine.

Quelle échéance ?

Aldo Gilbert : Le centre culturel de Versailles est très intéressé par ce projet car on y a joué le spectacle sur La Fontaine qui l'avait enchanté.

Elrik Thomas : Les textes sont choisis mais il nous faut trouver le temps de nous poser pour y travailler. Sur La Fontaine il y a Candice Stevens qui chante alors que nous ne serons que deux, Aldo et moi, sur Baudelaire.

Aldo Gilbert : Nous allons reprendre La Fontaine pour une unique représentation et ça me fait très plaisir. C'est comme un ami qu'on n'a pas vu depuis longtemps…

C 'est la famille aussi ?

Elrik Thomas : Je me permets de répondre ? Nous jouons également d'ordinaire dans "Le cercle des menteurs" qui se déroule le lundi. Mais actuellement comme nous jouons à la Comédie de Paris tous les lundis nous sommes en vacance du cercle. Ca c'est la famille, notre famille de théâtre. On y retrouve des gens comme Jean-Luc Revol, Christian Sinniger…

Aldo Gilbert: … qui est aussi un parolier et un chanteur qui joue avec nous dans un autre groupe. Nous avons des projets mais il est toujours difficile de les monter.

Un peu comme dans la pièce "Tragique Academy" ?

Elrik Thomas : Oui, effectivement puisque cela raconte la vie d'une petite compagnie de province qui se bat comme des chiens pour faire exister de grands textes, avec plus ou moins de bonheur, qui se trouve subitement confrontée à une certaine réalité avec l'arrivée d'un producteur qui cherche à tous prix un spectacle de divertissement de remplacement. Les comédiens se retrouvent à faire de la variété et du music hall. D'où le choc en raison de la différence de valeurs.

Et en même temps on s'aperçoit que les gens sont les mêmes puisqu'ils vont arriver à changer de registre avec bien sûr tout ce que cela génère comme crises. Parce qu'il faut tout simplement exister. Et nous nous trouvons confrontés à la même problématique. Nous voulons et faisons tout ce qu'il faut pour que notre spectacle existe et marche. Et le public s'amuse parce que c'est une également une comédie.

D'ailleurs, sans vouloir dévoiler l'intrigue, il faut aussi dire que vous faite une entrée remarquée et qui entraîne parfois des réactions assez violentes.

Elrik Thomas : Oui, parce que j'interviens de façon inopinée dans quelque chose qui est en marche. Le spectacle commence par une représentation d'une tragédie et le public se laisse prendre au jeu, si on peut dire, et veut voir cette représentation se poursuivre alors qu'il est venu voir une comédie. Le perturbateur entraîne donc des réactions de la part du public.

Avez-vous été confronté à ce dilemme cornélien de ne vouloir jouer que du théâtre et rien qu'au théâtre, les grands classiques ?

Elrik Thomas : Pas du tout. J'ai eu la chance de jouer des spectacles d'improvisation, Shakespeare, des auteurs anglais contemporains, je me suis baladé un peu partout. Ce qui est intéressant dans le métier d'acteur est de pouvoir ainsi se promener dans tous les styles et jouer dans tous les registres. Du cabaret à la tragédie. Le théâtre est né un jour dans une grotte quand un homme a raconté une bonne blague à un autre. Il faut donc arrêter de créer une frontière au delà de laquelle ce n'est plus du théâtre.

Aldo Gilbert : Il en est de même en musique.

Elrik Thomas : Les grands musiciens jouent tout. Et ne s'imposent pas de limites. Les grands acteurs qui ont la possibilité de choisir leurs rôles se promènent aussi dans des registres différents. Je en crois pas aux "emplois" de la vieille école. Bien sûr chacun a un physique. Je suis petit, gros et chauve, donc on peut dire que j'ai un emploi. Et encore, nous avons joué à Versailles un rôle de jeune premier et c'était extraordinaire. Pourquoi un jeune premier serait-il toujours jeune et beau ? Il faut explorer toutes les pistes. C'est le même métier et comme on peut faire du théâtre et du cinéma.

Aldo Gilbert : As-tu néanmoins un registre de prédilection ?

Elrik Thomas : J'adore être dirigé. Sur "Les cailloux dans les poches" la direction de Stephan Meldegg était très précise. Sur "Tragique Academy" c'est différent car tout le monde se connaît et la mise en scène se fait de manière presque collective en concertation. C'est très agréable de devenir un instrument face à un metteur en scène qui a une vision très précise de ce qu'il veut.

"Les cailloux dans les poches" restent un très bon souvenir car je jouais avec Eric Métayer que je connais bien puisque nous avons débuté ensemble dans la Ligue d'improvisation en 1981 qui venait de démarrer. Tout a commencé pour moi cette année-là car avant j'étais éducateur spécialisé.

Votre venue dans la ligue relevait du simple hasard ?

Elrik Thomas : J'avais fait du théâtre de rue et on m'avait suggéré d'essayer l'impro. Et j'ai été choisi sur audition.

Alfdo Gilbert : L'impro est ce qui se rapproche le plus du côté ludique, du jeu. Quand un musicien va travailler, il dit qu'il va jouer. Comme dans la musique, l'impro c'est l'essence du ludique. Et les bonnes impro sont celles dans lesquelles, dans le respect des règles, les musiciens ou les comédiens s'amusent le plus. Dans "La ligue" et "Le cercle des menteurs il y a des soirées mémorables ! Du plaisir né de la surprise aussi ! Dans une pièce comme "Tragique Academy" on prend du plaisir mais on sait où on va. Il y a cependant un côté interactif avec le public qui crée cette surprise.

Elrik Thomas : Et si cette surprise, ce quelque chose ne se passe pas ou est moins intense, on est triste. Car c'est un catalyseur incroyable.

Aldo Gilbert : C'est comme un coup de théâtre !

Elrik Thomas : Et alors la comédie démarre ! Le public accepte la farce de bon cœur et c'est extraordinaire ! Car la pièce a été ainsi conçue !

Aldo Gilbert : C'est important que les gens se disent : "On s'est fait bien avoir !". Le "bien" est important !

L'improvisation est-elle particulièrement formatrice pour un comédien ?

Elrik Thomas : Bien sûr ! Car l'impro ne fonctionne qu'avec la résonance. La résonance avec l'autre et tout ce qui se passe. Le public et aussi les autres comédiens car rien n'est écrit. C'est du vivant avec un public en, face. Il n'y a pas de rails ! Il faut une attention constante car on est comme un marin sur son bateau, vigilent à garder le cap. Et c'est également ça qui crée le plaisir. Et contrairement à ce que pense certains nous n'avons pas de grille. Comme si on avait des grilles de vie !

Cette pièce c'est du bonheur alors ?

Elrik Thomas : Oui, parce que "Tragique Académy" fonctionne là-dessus et c'est le principe de la comédie.

Aldo Gilbert : Ce qui est agréable dans ce spectacle c'est qu'il se présente comme une impro écrite réussie dans laquelle chacun a sa place et sans que personne ne tire la couverture à soi. Et le succès est un succès commun. Et c'est finalement assez rare.

Et après "Tragique Academy" ?

Aldo Gilbert : Des concerts avec Zooty.

Elrik Thomas : Nous allons répéter le spectacle sur Baudelaire et je suis aussi deux projets en cours de "fabrication" : le 16 octobre je présente une lecture à la Comédie de Paris d'une pièce qui s'appelle "Les mangeuses de chocolat" de Philippe Blasband avec 4 femmes accro au chocolat, dont j'assure la mise en scène, et une autre pièce "Les ferrailleurs" dans laquelle je vais jouer avec mon ami Yvan Garouel qui est également à l'affiche de "Tragique Academy" de Patrice Lelouern avec une lecture ici également une comédie deux mecs dans un garage qui guettent les accidents de voiture pour piller les épaves.

Donc rendez-vous avec"Tragique Academy" jusqu'en décembre les dimanches et lundis à la Comédie de Paris et ensuite en 2007 !

 

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La chronique du spectacle"Tragique academy"
L'interview d'Antoine Seguin
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# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil

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