Le nom de Nina Nastasia évoque sûrement peu de chose pour vous, en tout cas d’un point de vue musical.
Derrière ce nom à consonance russe se cache une magnifique artiste New-yorkaise qui a déjà séduit les légendaires Steve Albini et John Peel, l’illustre et feu DJ anglais qui n’hésitait pas à employer le mot "extraordinaire" en évoquant l’Américaine.
Avec On leaving, Nina Nastasia sort son quatrième album et en profite pour changer de crèmerie, quittant Touch & Go pour le label anglais FatCat records.
Cet album est à mes yeux une splendide découverte (j’ai un peu honte, il faut l’avouer, après quatre albums en près de neuf ans !). La découverte d’une voix lumineuse et touchante, d’une musique aérienne et gracieuse. Enfin, la découverte d’une véritable auteur-compositrice-interprète, qui trouvera facilement sa place entre les non moins magnifiques Cat Power et autre Shannon Wright.
Steve Albini, signe pour la quatrième fois la production d’un album de Nina Nastasia. Le duo fonctionne à merveille, les compositions de la New-yorkaise trouvant un écho attentif auprès du producteur de Chicago. Comme à son habitude, Steve Albini met son intransigeance et sa technique au service de l’œuvre.
Les arrangements des douze chansons composant On leaving restent simples, voire bruts, valorisant ainsi la voix somptueuse de Nina Nastasia. Il est ainsi rare de trouver plus de trois instruments sur un même morceau. La guitare et le piano accompagnent le plus souvent les chansons, parfois agrémentées d’une rythmique ou de cordes. Steve Albini a su remarquablement doser les arrangements tel un chef cuisinier utilisant à bon escient le sel : ni trop prononcé, ni trop fade, tout simplement bien assaisonné !
Douze titres composent cet album à la manière d’un 33 tours et de ses deux faces. Nina Nastasia nous proposent de merveilleuses ballades folks, avec les joyaux "Why don’t leaving stay home", "Jim’s room" et "Bird of Cuzco". L’atmosphère sait également se relâcher avec le surprenant "Dum I am", chanson de deux minutes dans la pure lignée des chansons populaires américaines, à mi-chemin entre la country et la musique irlandaise.
Les chansons sont dans l’ensemble courtes. Deux chansons seulement ("Lee"et "Settling song") dépassent trois minutes, "Our day trip", saisissante chanson faisant même moins de deux minutes.
Privilégiant la qualité à la quantité, Nina Nastasia nous offre avec On leaving un album bouleversant, dont les douze titres culminent à un niveau rarement atteint. Il paraît que les concerts de la jeune femme sont des moments inoubliables. S’ils sont à l’image de l’album, nous le croyons sur parole.
A n’en pas douter, On leaving est déjà un monument musical… |