Un concert gratuit à Paris c'est rare. Un concert de The John Venture à Paris c'est encore plus rare. Un concert gratuit de John Venture ne pouvait donc pas se louper.
The John Venture, Personnage imaginaire tirant son nom d'une joint-venture entre Angil et B R OAD WAY (le groupe) est en fait matérialisé sur scène sous forme d'un nombre que l'on imagine variable de membres mais qui est ce soir en l'occurrence de 7.
Video jockey, platinistes (comme ils aiment à appeler les DJ qui officient sur scène), trombone, claviers, samplers, guitares, et bien entendu voix (2 qui plus est) sont au programme sur la scène du Divan du Monde.
Ambiance années 30 sur les écrans avec des projections d'images évoquant la prohibition pendant que les musiciens tous de noir vêtus, excepté quelques cravates rouges ça et là, et répartis sur les bords de la scène distillent une musique à la fois sombre et lumineuse, grave mais jubilatoire.
Le visuel est important certes mais reste à découvrir ce que donne ce projet fou sur scène.
Fou parce que le challenge est de taille : reproduire ce qui a été créé de façon quasi accidentelle et hasardeuse, sans partition pendant 18 jours dans un studio "improvisé".
Challenge difficile donc au détail près que les John Venture connaissent la chanson, c'est le cas de le dire, car la formation Angil est coutumière du fait. Les prestations du groupe étant souvent faites d'expérimentations, d'interactions et constituant à chaque fois une performance unique.
Et c'est dans cette direction que tendra ce concert des John Venture, avec ses imperfections autant que ses surprises mais aussi dans un respect des compositions originales.
Le duo vocal est une réussite et gagne même en force par rapport au disque. Plus amples, plus puissantes, les voix d'Angil et de Fab se complètent parfaitement et se confondent parfois dans une sorte de duel qui tient autant du rap, du slam que du canon (rappelez vous quand vous étiez petits), l'excellent "Stein Waltz" en étant la parfaite illustration.
Tom au trombone, transfert de Angil, tout comme Flavien, un des deux platinistes, vient parfaitement ponctuer les titres de ses interventions qui réussissent l'exploit de ne pas transformer le concert en exercice de style pour fanfare de village.
Il manie le trombone avec autant de délicatesse que Angil lui-même s'excite sur les rares parties de guitares du concert, à faire passer Mogwai pour de vulgaires plaisantins (en exagérant juste un peu).
The John Venture a donc réussi l'examen de passage ce soir à Paris : rendre crédible un projet décalé et rare en France. Un truc à défriser un canadien de la constellation Broken social scene et autre collectif, à rendre jaloux un new yorkais parmi les plus underground.
The John Venture est un projet ambitieux, un "one shot" entre copains qui aurait bien tourné et que l'on voudrait se voir développer. Quoi qu'il en soit ne ratez surtout pas les John Venture en concert, à Saint Etienne, à Vendôme ou à Paris où ils seront de retour en janvier a priori pour une Wedsession d'anthologie, qu'on se le dise !
D'ici là, commandez sans plus attendre l'album, assorti d'un DVD, vous ne le regretterez pas.
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