Riffifi chez les férus d’UFO ! Chroniquer le premier album d’I love UFO en octobre, à sa sortie, c’est comme qui dirait arriver après la guerre. Six mois que le visuel terrifiant se ballade d’happenings en teasings. Et sans sécessions.
Si la maison Tellier bat son plein au théâtre, les vrais initiés savent que la vraie maison Tellier se situe dans le 18ième, siège de Record Makers et de l’auteur de la "Ritournelle". Jamais label n’aura si bien porté son nom. Record makers fait des disques. Des disques pour le futur. L’antéchrist de Tricatel. Des disques pour les décennies à venir, apocalyptiques et définitives. Ambiance fin de monde.
Et I love UFO ne fait pas exception à la règle. Plutôt la règle par trois, tant le refus des concessions semble être le leitmotiv de l’ensemble des artistes du label (Tellier, Damien, Turzi, Hypnolove).
Des cristaux à l’état brut non travaillés, ni façonnés, encore moins markétés. Comme "Train" du UFO justement, longue plage expérimentale pigmentée de cris dérivant le long du manche, 7 minutes et 03 secondes floydiennes, voyage en narcotique le long des rails et des glissandos sur strato.
I love UFO ose l’acte de rébellion du moment. Diffuser des chansons indiffusables sur les ondes, créées pour l’auditeur, seulement pour l’auditeur, oscillant entre le métal léthal en larsens ("Happy Birthday") et power pop hypra efficace, voire single de l’année ("Like in the movies"). L’énergie des Clash qu’on imagine, la complexité des compositions allemandes 70’ ("Can", "Guru Guru", "Amon Duul"), longue transe tribale menée par le chant des guitares, sans chant ni vocaux. Puis capable d’une lente et longue ballade en arpège sans but sur "Cold", synthèse du Substance de New Order et du folk astral de Syd Barrett.
A l’image de leurs compagnons similaires de Turzi, I love UFO touche par sa singularité musicale où le compromis est un blasphème. Chansons taillées pour la scène et le chamanisme qui emporte tout sur son passage. Le mieux à ce stade reste encore de danser sans trébucher.
Décrire l’orgie sonore ne rime à rien lorsqu’elle est organisée comme "Take me", dérive galopante où les instruments se font orchestre, rage et violence opiacée. A quoi carbure I love UFO ? Ce Wish du UFO pourrait être le Blanc des Beatles que plus d’un n’en serait pas surpris, tant il rivalise avec le Helter Skelter de Macca. Et haut la main.
Les années 60 ont eu leur épopée spatiale avec "2001 l’odyssée de l’espace" de Kubrick, voyage onirique de plus trois heures dans le silence sidéral. Paris, 40 plus tard, possède enfin sa traduction musicale. Comme quoi UFO et espace sont intimement liés…
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