Samedi 4 juin 2005, Konono no. 1, "l'orchestre tout puissant likembé de Kinshasa", doit se produire à Paris. Auréolé d'une réputation des plus élogieuses (premières parties de Tortoise, hommage appuyé de The Ex sur leur dernier album Theme from Konono...), aucune hésitation ne semble possible, il faut rallier le New Morning au plus vite ! Il le FAUT !
C'est donc plein d'excitation mais aussi rempli d'appréhension que l'on se dirige vers la rue des Petites Ecuries ; la soirée pouvant tout aussi bien s'achever après deux bières que durer jusqu'à plus soif. Oubliés les dizaines de sets de vielles légendes croulantes ou de petits branleurs fraîchement débarqués d'Angleterre : ce soir, on se risque au bizarre ...
Pas si bizarre dans l'absolu tant la formation congolaise étale soigneusement ses accointances electro-rock comme autant de bouées destinées aux néophytes. Mais il n'empêche, c'est bien à un concert de musique africaine auquel on va assister. A peine arrivé à l'intérieur du mythique club parisien, la rusticité du matériel fascine : les cymbales de la batterie ressemblent étrangement à des enjoliveurs cabossés, deux haut-parleurs issus d'un autre temps dominent la scène ...
Outre les percussions (congas et batterie), les musiciens de Konono no.1 jouent du likembé, sorte de piano à pouces, électrifié et amplifié avec les moyens du bord. Pendant plus de 2h30, l'intégralité du public va se laisser entraîner vers une transe incontrôlable tant le son, absolument écrasant, répétitif à l'infini et saturé à l'extrême prend aux tripes.
Assez incroyable avec le recul de constater l'effet produit par ces quelques lamelles de métal de taille différente disposées suivant diverses orientations sur une plaque de bois : une claque comme on en prend peu au cours d'une année ... Une chose est en tout cas certaine, il existe plus addictif que n'importe quelle drogue : un concert de Konono no.1.
Pas d'autres objectifs à court terme que de retenter au plus vite l'expérience ! Clermont-Ferrand en avril (très réussi malgré un volume
insuffisant) et l'île de La Réunion en août (complètement dingue sous les étoiles) suivirent sans pour autant permettre d'atteindre la satiété. C'est ainsi que l'on se retrouve à aller, sans réfléchir une seule seconde, voir Konono no. 1 de retour au Point Ephémère en cette fin octobre.
Les tournées mondiales s'enchaînent sans changements majeurs : même matériel, même amateurisme apparent (un parpaing cale les congas sur la scène), tout juste observe-t-on quelques modifications dans la setlist et la perte de membres du line-up original.
Comme à l'habitude, le concert débute en douceur. L'air absent, soigneusement calé au fond de la scène, Mingiedi Mawangu, le patriarche fondateur - 70 ans passés - domine les débats.
Puis la sauce se met progressivement en place amenant les spectateurs vers les états de transe sus-citée. Les ingrédients sont pourtant simples : volume élevé, sons proche de beats électroniques, motifs dansants répétés en boucles, percutions hypnotiques, exhortations à la JSBX : "KONONO numéro un", "Bougez, Bougez, Bougez !"...
Malgré un set plus court que les fois précédentes, un merchandising plus présent, rien ne semble pouvoir altérer les prestations de ce groupe définitivement inclassable et irrésistible.
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