Quatorze ans déjà que les disques de Will Oldham hantent nos platines. Depuis le séminal There Is No One That Will take Care Of you jusqu’à The Letting Go.
Une discographie éparpillée dans notre discothèque : Palace, Palace Brothers, Will Oldham, The Marquis de Tren et enfin Bonnie Prince Billie… Rarement de faux-pas. Des compositions souvent arides comme un canyon en plein cagnard, des textes obsédés par l’amour, le sexe, l’inceste et la mort…
Au fond, même jeune, Oldham faisait déjà de la musique intensément mature, limite de la musique de vieux, au même moment où ses potes usinaient du hardcore tendu et tordu, comme ses copains de Slint ou son ami et parfois ingénieur du son Steve Albini avec Shellac…
Et puis très jeune, aidé par sa calvitie précoce agrémentée d’une barbe rarement taillée, Oldham a vite cultivé et traîné une image d’ermite austère, un poil ascétique… Ce garçon , que l’on imagine volontiers rongé par de violents démons avouait à une certaine époque adorer la musique dansante genre Madonna…
Pour son dernier effort, The Letting Go, le bonhomme est parti enregistrer à Reykjavík (Hey Will, Reykjavík c’était super hype il y a dix ans !!!). Cet exil au pays de Bjork et de Sigur Ros n’a rien changé aux compositions du bonhomme.
Accompagné de ses fidèles collaborateurs (son frère Paul Oldham, Jim White), il continue dans sa veine folk dépenaillé ("Cold & Wet"). On reconnaît instantanément ces guitares, ces percussions qui traînent des pieds ("God’s Small Song") et qui sonnent parfois vaguement jazzy, ainsi que ce piano aux notes éparses ("I Called You Back", magnifique).
La seule petite nouveauté mais de taille, ce sont ces luxuriants arrangements qui parcourent la majorité des compositions de ce Letting Go (le superbe "Love Comes To Me" en ouverture). Oldham a également invité la vocaliste Dawn Mc Carthy. Ses vocalises haut perchées enjolivent les compositions. La voix cristalline de Mc Carthy s’accorde à merveille avec la voix si particulière du petit père Oldham.
Toujours autant de constance et pas de trace de laisser aller dans ce nouvel album de Bonnie Prince Billie… |