Après une création en juin 2006 lors du festival du moyen métrage de Brive, Olivier Mellano, boulimique de projets musicaux de toutes sortes, est ce soir dans le bel auditorium du Tambour de Rennes 2, seul avec sa guitare, pour un ciné-concert sur le film "Duel" de Steven Spielberg.
Téléfilm culte de 1971, grand prix d'Avoriaz en 1973, et premier succès de Spielberg, Duel, dont l'histoire décrit la course folle d'un représentant de commerce poursuivi par un camion sur les routes de Californie, semble tout désigné pour l'expérience de ciné-concert, de plus en plus pratiquée, tant la tension, le suspens, et l'absence (relative) de dialogues réclament une musique haletante.
Et c'est bien ce que parvient à faire Olivier Mellano, armé de quelques pédales d'effets et du désormais célèbre live-sampling. La douceur de certaines mélodies dans les scènes les plus calmes est en totale opposition à la puissance des moments les plus forts de la course-poursuite où distorsion et boîte à rythmes prennent le pas sur les arpèges très post-rock.
Mellano fabrique également des bruitages à la guitare : il simule à la perfection le bruit d'un train réveillant en sursaut le héros du film (et les éventuels spectateurs assoupis), et glisse même quelques notes d'humour en proposant de la musique typiquement américaine quand l'autoradio est mis en marche. La synchronisation avec les moments forts du film est totale et les sursauts sont nombreux dans la salle presque pleine du Tambour.
Un petit bémol toutefois de part la difficulté de réaliser un tel ciné-concert sur un film parlant. L'absence totale de bruitages ou de dialogues sur un film qui en contient provoque parfois un manque. On ne sait pas ce que les personnages se disent, on évacue les fameux monologues intérieurs du héros, toutefois joliment remplacés dans la scène du bar par une guitare stridente, et surtout, on éclipse la plupart des bruits mécaniques qui finissent par manquer. Certes la musique de Mellano est omniprésente, en phase avec le film, mais par moments voir une course de voiture sans le moindre crissement de pneus est un peu frustrant.
L'épreuve n'en est pas moins réussie, le guitariste parvenant à captiver son auditoire pendant 75 minutes et achevant l'experience à la fin du générique, épuisé mais acclamé par la salle pendant plusieurs minutes.
Mélanges de cultures, d'époques, d'outils artistiques, les ciné-concerts ont le vent en poupe et le public semble toujours au rendez vous grâce au talent d'artistes comme Mellano, Burger ou encore OMR dont on ne peut oublier la prestation à la route du rock 2006.
Une belle alternative aux concerts et un vrai challenge pour les musiciens, vivement le prochain ! |