Début des festivités avec Bat For Lashes.
Bien qu’absente de la formidable compilation The Golden Apples Of The Sun, Bat For Lashes s’est raccrochée depuis quelque temps à la galaxie Devendra Banhart, comme en témoigne sa récente participation au festival All Tomorrow’s Parties du maître.
Visuellement on croirait Coco Rosie : pléthore de filles sur scène, majesté des costumes, maquillage exubérant, majoritairement à proximité des yeux ; Spleen traînant même dans les parages. Musicalement, on jurerait Bat For Lashes en provenance d’Islande (et non de Brighton) tant la voix de Natasha Khan rappelle celle Björk et les atmosphères celles de Sigur Ros (surtout ce spectacle minéral présenté il y a deux ans à La Villette : "Odin's Raven Magic").
Ne manquent plus que des projections de paysages humides, froids et verdoyants, peuplés d’elfes, hantés par des créatures et des légendes extraordinaires pour compléter le tableau. Une mise en bouche idéale.
Pas vraiment de points communs entre Bat For Lashes et le groupe suivant : Love Is All. La mélancolie a laissé place à la furie.
Responsable d’un premier disque paraît-il remarqué Nine Times That Same Song, les suédois marquent immédiatement leur différence : riffs furieux, chanteuse hurlante et saxophoniste maladroit à plein gaz.
Alléchant en théorie, ce mélange détonnant épuise après quelques titres seulement.
Ainsi, en dépit d’un fort investissement scénique, on ne reste que partiellement convaincu : impossible en effet, de dépasser le stade sous-Deerhoof (pour la folie de la chanteuse) ou sous-Bush Tetras (pour le côté post punk dansant).
Ce samedi, les Inrocks ont construit une affiche parfaitement cohérente, programmant successivement Guillemots et Midlake, pour leur plus grande salle dans la capitale à ce jour.
Confortablement lové dans un fauteuil en bois, face à un imposant clavier, le chanteur de Guillemots s’installe doucement sur "Sake" avant d’être rejoint par le reste du groupe sur "Trains To Brazil".
A l’instar de leurs influences, les personnalités composant Guillemots s’avèrent extrêmement différentes et parfaitement atypiques : chanteur vocalement très démonstratif et fort maniéré ; guitariste skater, doté d’un jeu de scène absolument dément, recroquevillé sur son instrument, bondissant d’arrière en avant ; violoncelliste concentrée derrière ses yeux clos !
On omettrait presque cette utilisation jamais abusive de percussions de récupération en tout genre (couvercle de poubelle, plat de cuisine …), recevant même à l’occasion le renfort d’un roadie.
Certains trouveront ces anglais prétentieux, d’autres abuseront en ne voyant en eux qu’un Arcade Fire du pauvre mais force est de constater que la pop un peu dingue de leur disque From The Cliffs fonctionne à merveille sur scène.
Auteur d’un magnifique second album (The Trials Of Van Occupanther) cette année, la venue de Midlake représentait incontestablement la grande attraction de cette soirée (après les vétérans de Gang Of Four, on s’entend).
Sans pour autant être déçu, il faut avouer que l’on s’attendait à mieux.
Probablement la faute au style du groupe, arrivant dans le meilleur des cas à sonner aussi bien que sur disque sans pouvoir proposer mieux (très évocateur pour ceux ont déjà vu Grandaddy sur scène).
Au risque de contrarier les aficionados de Gang Of Four, les barbus de Midlake proposent une pop-rock mélodique et fort contemplative, faite de longues plages instrumentales et d’harmonies magnifiques ; des images de films désuets ou de vastes paysages étant projetées à l’arrière de la scène.
Malgré quelques récurrents problèmes de son (de terribles coups de larsen), le groupe obtiendra les faveurs du public, revenant finalement pour rejouer "Roscoe" en rappel.
Bon nombre de spectateurs peinaient encore à se faire à cette idée démente.
Après des années de vaines espérances, Gang Of Four revenait en France dans sa formation originale (au batteur près).
Dans une des plus belles salles de Paris qui plus est ! Tous ces tubes dancefloor post-punk allaient enfin pouvoir être joués par leurs créateurs sous nos yeux ébahis.
Il faut dire que depuis leur pseudo débandade au milieu des années 80, la réputation de Gang Of Four n’a cessé d’enfler, devenant une référence citée, re-citée, galvaudée et souvent injustement réduite à leur insurpassable premier effort, Entertainment.
Les années se sont peut-être écoulées mais Gang Of Four n’a rien perdu de son efficacité.
La quarantaine largement tapée, les musiciens assurent en effet mieux que jamais. Ainsi, Dave Allen à la basse, porte son instrument au premier plan ("Ether"), distillant riffs métalliques et motifs répétitifs traumatisant encore les nuits de Shellac.
Jon King éructe des vocaux habités, comme si sa vie en dépendait, quand il ne s’acharne pas sur un four micro-ondes ou ne traverse latéralement la scène tel un crabe orang-outan.
De son côté, le guitariste Andy Gill s’avère probablement le plus époustouflant de la bande : au chant par moment, distillant le reste du temps riffs aiguisés ou solo assassins. Jamais une note de trop, d’une efficacité stupéfiante : la guitare comme on l’aime.
Côté répertoire, les londoniens piochent évidemment largement dans leur premier album (neuf titres) sans laisser de côté leur deuxième livraison Solid Gold ("Paralysed", "What We All Want"). Hommage tardif effectivement, mais amplement mérité.
Fin du set sur le premier simple "Damaged Goods", sans hésitation possible, haut la main, LE concert du week-end.
Setlist : Return The Gift, Not Great Men, Ether, Glass, At Home He’s A Tourist, Paralysed, What We All Want, Anthrax, He’d Send In The Army, 5:45, Natural’s Not In It, Poverty – I Parade Myself, Damaged Goods
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