C'est Tapes'n Tapes qui ouvre les festivités ce dimanche soir (aux allures de fin d'après midi puisqu'il est à peine 18h).
Avec leur allure de faux rebelles tout droit sortis d'une université américaine, les TnT ont un sacré charisme et remplissent la scène de la Cigale comme au bon vieux temps du rock n roll.
Pas de complexe et un public déjà nombreux fera de ce concert bien plus qu'un amuse bouche mais sans doute carrément une des vraies révélations de ce festival, au passage de moins en moins défricheurs de talents.
Débordant d'énergie, le batteur est visiblement la pièce maîtresse du groupe. Planqué derrière ses lunettes épaisses comme des vitres blindées il est arc bouté sur sa batterie et tout en donnant l'impression de ne faire qu'effleurer ses fûts, il donne à la musique de Tapes'n Tapes un vrai caractère et un rythme endiablé.
Rythme sur lequel les autres membres s'en donnent à coeur joie. Ca saute, ca hurle, ca fait hurler les guitares.
La musique des Tapes'n Tapes n'est rien d'autre que du rock, jubilatoire, joyeux et au final franchement excitant avec ses mélodies qui s'échappent de ci de là hésitant entre tradition rock un peu roots et pop musclée façon collège radio américaines.
On parle souvent des Pixies au sujet de Tapes'n Tapes. Et c'est vrai que l'on retrouve cette énergie un peu adolescente dans la musique des américains, mais le style est résolument différent et on pourrait aussi bien parler de Weezer pour donner une idée de ce que donnent les chansons énergiques et tubesques du groupe et du résultat sur la bonne humeur du public !
Quoi qu'il en soit, avec un album qui vient de sortir (un peu en deçà du live il est vrai) et cette brillante prestation aux festival des Inrocks, on ne peut qu'imaginer un avenir radieux et mérité pour ce groupe qui, bien que découvert sur internet, a de quoi faire taire les rumeurs selon lesquelles les groupes indé utilisant internet pour se faire connaître ne valent pas tripette !
Changement de ton et d'ambiance ensuite pour l'arrivée sur scène de Arman Méliès, le local de l'étape comme on dit dans les courses cyclistes.
Un batteur on ne peut plus discret à la limite du backstage, un ensemble de cuivres (3) de l'autre coté, et Arman Meliès affublé de ses éternels pédales d'effets et de samples sont prêts à en découdre avec le public survolté et venu en nombre de La Cigale.
Arman Meliès tentera dans cette formation de recréer l'ambiance éthérée et planante de ses 2 albums, Néons blancs et asphaltines et Les tortures volontaires. L'essentiel de sa musique est "générée" par le chanteur à l'aide de sa guitare dont il sample en direct les sons et les passent en boucle. S'ajoute sur certains titres la batterie et, plus discrètement, les cuivres.
Bien entendu, cela implique quelques temps morts liés au temps passé à la création de l'environnement sonore propre à chaque titre mais tout cela est réalisé de façon assez fluide et les morceaux prennent de l'ampleur au fil du temps.
Tant et si bien d'ailleurs que l'on regrette que les titres se terminent au moment où tout est en place et deviennent, comme sur le disque, quasi hypnotiques.
Les textes quant à eux sont bien entendu toujours aussi poétiques (et parfois un peu hermétiques pour quiconque ne connaîtrait pas les disques et n'aurait pas pris le temps de se pencher un peu sur l'univers de Arman Méliés).
Quoi qu'il en soit, le public est assez attentif et malgré la baisse de tempo par rapport aux Tapes'n Tapes ne semble pas perdre pied et saluera la prestation sinon chaleureusement, en tout cas assez respectueusement.
La tâche aura été difficile, certes, mais le challenge relevé par un set impeccable sans gros soucis technique venant perturber les boucles sonores en construction (on se souvient par exemple des problèmes rencontrés par Arman Méliès en solo à la Maroquinerie par exemple).
Il n'en reste pas moins que Arman Méliès et sa musique onirique sont plutôt taillés pour être écoutés dans de bonnes conditions sur albums ou bien à la limite dans des salles plus intimistes.
Plan B prend la relève.
Attendu de pied ferme par ses adorateurs autant que par ses détracteurs, ce loulou des banlieues anglaises accompagné d'un batteur (qui lance aussi des boucles de sons sur un pc portable) propose un rap auquel se mêlent quelques notes de guitare acoustique à la façon de Eminem auquel, il tente d'ailleurs vaguement de ressembler, tant physiquement que dans son attitude arrogante sur scène.
Mon anglais ayant ses limites, il ne m'a pas été donné de comprendre un traître mot de ses textes, sans doute l'intérêt principal de ce genre de musique.
Je ne m'étalerais donc pas sur cette prestation certes novatrice (parait-il) mais qui n'était pas forcément la très bienvenue entre Arman Méliès et les Pipettes !
L’hiver a fait son apparition depuis le festival Sous La Plage au parc André Citroën en juillet. C’est donc vêtues de collants (en plus de leur traditionnelles robes à poids) que l’on retrouve The Pipettes ce dimanche soir.
Et de répandre sans plus tarder sur la Cigale un peu de fraîcheur et de bonne humeur communicative. Paru en 2006, leur premier album, We Are The Pipettes, fait la part belle aux pépites pop imparables à la manière des girls-bands (Supremes, Ronettes, Shangris-Las …) des écuries black sixties.
Derrière leur physique de secrétaires un peu coincées, Gwenno, Rose et Becki se démènent, réalisant approximativement des chorégraphies souvent kitch, flirtant parfois avec le ridicule (pour le plus grand plaisir des spectateurs).
Mais voilà … c’est frais, léger, immédiat … impossible de rester de marbre dans ces conditions. Et ça tourne, ça s’agite dans tous les sens, ça tape dans ses mains, un chœur par ci, une pose par là ... A l’arrière de la scène, les quatre musiciens sont relégués au stade de vulgaires accompagnateurs. A peine remarque-t-on leur présence.
Etrangement, il faudra attendre la fin du set pour que la salle sorte de sa torpeur ; le trio quittant la scène sous un tonnerre d’applaudissements.
On reste néanmoins en droit se demander de quoi l’avenir sera fait pour nos trois demoiselles originaires de Brighton, la formule risquant fort de s’épuiser assez rapidement … Et si elles viraient rrrrgirl ou gothique ?
Qu’importe, grâce à elles, la fatigue s’est éloignée. Jarvis ! Jarvis ! Paris n’attend plus que toi.
Cinq ans après un set fabuleux avec Pulp en remplacement au pied levé de Strokes restés au pays, Jarvis Cocker retrouvait les Inrocks pour clore en beauté cette semaine de festival. Et d’accorder au public parisien, un jour avant son arrivée dans les bacs, la primeur de son nouvel album solo.
Ouverture du rideau. Face à la batterie, dos au public dans l’ombre des éclairages, Jarvis attend son heure, fondu pour quelques secondes encore parmi ses musiciens. Puis, d’un bond, il jaillit dans la lumière sur le devant de la scène.
Pantalon noir, chemise à carreaux, ceinture à boucle argentée, veste fatiguée aux poches déformées, cheveux tombant sur le visage, lunettes de mouche sur le nez, du haut de ses quarante-trois ans, Jarvis reste le dandy pop ultime, pétri d’une classe inégalable …
Dès les premières mesures, on constate avec ravissement que rien n’a changé depuis ce Underwear final en 2001.
Premier contact réussi avec le matériel du sobrement intitulé "Jarvis", tout à fait dans l’esprit de ce que Pulp aurait pu produire actuellement.
Arpentant la scène de déséquilibres en sauts de cabri, regard de myope perdu dans le vague, Jarvis fascine son auditoire par ce jeu de scène si personnel, hypnotisant au plus profond chaque spectateur ; les musiciens demeurant quant à eux dans l’ombre des éclairages.
Jarvis n’a manifestement nulle envie de taper dans le répertoire de son défunt combo de Sheffield.
Ainsi, l’ex frontman de Pulp a peu de morceaux sous le coude et dilue sa prestation dans de longues transitions, laissant libre court à son humour ravageur, s’essayant à la langue de Molière avec plus ou moins de réussite …
L’ambiance retombe quelque peu au milieu du set avec des titres d’inspiration Divine Comedy, sans atteindre le niveau de ceux du groupe de Neil Hannon.
Heureusement, en performer hors pair Jarvis saura garder ses meilleures cartouches pour le final, notamment un titre initialement composé pour Lee Hazelwood, que ce dernier avait refusé. Il y a des artistes comme ça à qui on pardonne tout. Cat Power en fait partie. Jarvis aussi.
Conscient d’avoir assisté à de meilleurs shows de sa part, c’est néanmoins parfaitement convaincu et le sourire béat que l’on quitte la Cigale. |