Un alerte au colis suspect à Picpus et on ne peut mieux faire que prendre le train en marche avec Boy Kill Boy dans la foulée d’un set de Mumm-Ra paraît-il fort réussi.
Pas original pour deux sous, le premier opus du quatuor anglais (Civilian) va subir durant une bonne demi-heure une énergique relecture.
Comme beaucoup de college bands du genre, en trois morceaux, tout est dit : structure d’un classicisme désespérant, riffs entendus des dizaines de fois, importantes similitudes entre les titres. Sans passer un moment désagréable, on s’ennuie ferme.
Ne reste plus qu’à patienter devant une bière avant l’arrivée de The Spinto Band.
Des mois qu’on attendait leur retour dans la capitale. Depuis ce génial véritable premier album Nice And Nicely Done et surtout ce show d’enfer à la Maroquinerie en début d’année en fait : écouter Spinto Band, c’est se prendre trente ans de pop en plein figure.
Sommet de la soirée sur le papier, cette prestation tournera pour notre plus grand désespoir au fiasco intégral.
Comme à leur habitude, tel un orchestre de boy-scouts hilares, les Spinto Band débarquent dans une forme olympique, de la bonne humeur et de l’optimiste plein les instruments.
Dès les premières mesures, quelque chose cloche : la balance donne l’impression d’avoir été effectuée avec les pieds.
Pour être exact, les enceintes sont inondées par une espère de bouillie sonore d’où n’émerge aucun instrument. Sans même parler de la voix de Nick Krill, à la limite de l’audible.
Quel gâchis ...
L’identification des titres est quasi impossible avant les premiers vers, les "Brown Boxes", "Did I Tell You" et autres tournent désespérément à vide, perdant au passage toute grâce.
En effet, bien que parfaitement reproduites sur scène, les subtilités de l’album demeurent parfaitement inaudibles du public comme gommées au mixage.
Se rendent-ils compte du carnage ? Visiblement non … Restent néanmoins l’énergie phénoménale et le jeu de scène de six gamins surexcités. Entre moulinets, grimaces, poses, bonds en tout genre et balancements, le spectacle s’avère ce soir avant tout visuel. Sans pour autant permettre de sauver la performance.
Dans des conditions pareilles, l’enthousiasme des spectateurs reste faible, exception faite du tube "Oh Mandy" …
Fin du concert, on se dirige vers le bar absolument navré par l’impression désastreuse produite sur les néophytes du groupe.
Après un tel saccage, rien ne pouvait plus empêcher The Kooks de sortir grands vainqueurs. 21h30, les lumières s’éteignent enfin … "Rumble" de Link Wray envahit les enceintes : la suite s’annonce redoutable !
Attendus de pied ferme par une salle complètement survoltée, les Kooks débarquent en territoire conquis pour gentiment envoyer la purée sur "Seaside"; les paroles étant religieusement récitées dans les premiers rangs.
On se croirait à une soirée Paris Calling tant la moyenne d’âge est basse, et le look pull rayés-jeans moulants-Repetto légion …
Telle une tornade, les Kooks procèdent ensuite à un ravage en règle de la Cigale avant de tirer leur révérence sur leur classique "You Don’t Love Me". Eu égard à leur jeune âge (ou pas d’ailleurs), nos quatre protagonistes impressionnent par leur maîtrise.
Rien ne semble pouvoir leur échapper : chant millimétré, mélodies catchy, exécution remarquable …
Un peu trop parfait, un peu trop propre, un peu trop lisse, un peu trop imparable. Un peu chiant aussi …
On pourrait s’extasier, parler de révélation ou même crier au concert de l’année si tout ne sentait pas à plein nez le déjà vu ou le déjà entendu …
Certes, les Kooks s’élèvent largement au-dessus de la mêlée mais ne deviendront en aucun cas les Franz Ferdinand ou Kaiser Chiefs de demain tant leur voie semble tracée vers le rock de stade à l’instar des Keane, Killers, Coldplay …
Un premier album écoutable avant de sombrer dans le mainstream le plus insipide. Le public en mal de sensations fortes ira plutôt se réconforter du côté de la Boule Noire, avec The Automatic … |