Effervescence à la Boule Noire ce vendredi soir. Trois vrais groupes de vrai rock se succèdent devant un parterre blindé de gens, des popeux au stoner, du public lambda qui ouvre la page culture des Inrocks une fois l’an aux groupies énamourées.
Et ce sont ces mêmes fans transies et moites qui acclament Rock & Roll, groupe encensé par les Inrocks, justement, et gagnant du CQFD 2005.
Il va sans dire que les compositions trouvent grâce auprès du public amateurs de buzz et de fuzz, même si l’inconsistance mélodique se fait criante sur "Lipstick", par exemple. Chanteur qui roule des yeux tel un psychopathe interné, groupe soudé qui bouge avec les cheveux dans le vent. Les cheveux, parlons en…
Ce groupe semble tout droit sorti d’une pub L’Oréal, ce groupe pose un groupe de top models, chemise ouverte, brushing tendance. Et la musique dans tout ça, hein ptit gars ? La musique semble être ailleurs, les chansons vides, le groupe absent. Et ce n’est pas la "Suzanne" joué en rappel façon jam session qui changera la donne. Rock & Roll est un groupe de bal sans réelle direction.
"Bande de gays !" lance un spectateur éméché. C’est un peu fort, c’est un peu homophobe, c’est un peu faux. Mais on rigole.
Tension qui monte d’un cran pour l’arrivée sur scène de The Automatic, groupe de Grande-Bretagne ayant très peu - ou jamais - joué en France.
Les fans s’agglutinent au premier rang, les autres un peu partout ailleurs, la Boule Noire semble prête à exploser. Et elle explose littéralement à l’apparition des kids brittons qui débutent leur set par quelques pépites fuzz bien tendance, de quoi réveiller la salle de la première partie soporifique.
The Automatic préfère l’énergie à la mélodie, c’est défendable, et l’ensemble de la salle semble s’en foutre, de la mélodie, tant la dynamique se lance, les pieds sautent, le cortex amoindri ne réfléchit plus, le rock anglais gagne les esprits et tout le monde y va de son refrain entonné.
Si les compos tiennent sur le fil (une partie clavier jouée sur deux notes !!), l’ensemble tient la route.
Véritable tête d’affiche de la soirée, The Blood Arm rentre en scène sous les applaudissements, quoiqu’un peu tard pour le commun des mortels.
Pas grave, les Californiens se fichent des horaires pour réciter leur rock chamanique, qui rapelle tantôt Franz Ferdinand pour le phrasé, tantôt The Doors, et l’on ne saurait dire pourquoi. L’utilisation du clavier, les origines du groupe… Peu importe. Le récital du dernier album, Lie lover lie, semble faire son effet, son violent et puissant, sans démonter le tympan, clair et propre.
Les américains prouvent que Bomb romantic, le premier album, et Lie lover lie s’inscrivent comme une évolution pour le groupe.
En synthèse, soirée rock, certes, mais pas de révélation outre mesure ou d’outre-manche. Peu de moments réellement incroyables, juste un poum-tchak sur fond de gling gling gling à la Fender, buveurs de bières invétérés sifflant les femmes dans le fond de scène. Le rock était maître, mais on cherchait ce soir ses serviteurs. |