Les quelques fumeurs de cigarettes pas bonnes pour la santé encore actifs dans l’hexagone comprendront sans doute la métaphore. Les détracteurs aussi, inévitablement.
Imaginez un cendrier basique, aucun éclat, sale, terni par la cendre, dégoulinant, vomissant, recrachant tous ses mégots, encore fumants et rugissants. Des Gauloises sans filtre peut-être. La souillure du tabac froid dans l’air renfermé, la nicotine à demie morte, attendant son heure. Du tabac froid.
Le rock réchauffé de The Killers c’est un peu cela, et bien plus ou pire encore. Et cette deuxième "œuvre", Sam’s town, enfonce le clou du rock mainstream, mais sans l’aura christique. Pas plus que le précédent massacre sonore de Hot fuss, piochant dans la réminiscence 80’ avec ses claviers nostalgiques.
Sam’s town enfonce le clou donc, vaudrait-il mieux parler de vice, et se rapproche des plus grands dans la conquête des masses et du grand public. Ne serait-ce qu’avec le lancement du single, "When you were young", l’incrédulité est de rigueur, la méfiance est de mise. Piochant ça et là ses influences (Depeche Mode, U2 et les guitares de The Edge, à la limite du plagiat), la bande de Brandon Flowers défriche des terres brûlées. Ni plus, ni moins.
En confiant la production à Flood et Alan Moulder, pourtant pas des têtes de pioches, voire encore moins des manches, en s’entourant de Anton Corbijn aux photos et Tim Burton à la réalisation du clip, on peut dire sans exagérer que The Killers ont du goût. Et pourtant…
Méfions des stickers apposés au dos des jaquettes. Car l’album est mauvais, sans inspiration, plat, sans dynamique, juste trafiqué pour atténuer la voix catastrophiquement mauvaise de Flowers, qui sans la magie des toners et de Protools en serait encore aujourd’hui à propager ses fausses notes à la Star Ac’ américaine. Séquence worst off.
Avec ce deuxième méfait, The Killers semblent loucher dangereusement du coté de Franz Ferdinand, mais sans les refrains qui ont au moins le mérite de rester en tête plusieurs heures après le concert payé trente euros au POPB de Bercy. Et le zénith de l’apocalypse de présente sur "Read my mind", aux violons d’une atrocité sans nom, piochés sur le premier expander qui passe, jouée aux claviers comme si l’auditeur pouvait encore croire au Père Noël. Le refrain est entêtant, certes, mais la copie conforme de U2 s’étiole au fil des secondes.
Et ne reste rien. La mélodie se dilue dans l’air, le rock en cuir neuf, acheté par maman, ne séduit pas. Et même les intros en disto ("Uncle Johnny") ne suffisent pas à élever le débat. The Killers a "décellophané" The Joshua tree de Bono, c’est certain.
Sam’s town est donc un échec artistique, gageons qu’il sera une réussite commerciale, chaque piste pouvant se démonter en trente secondes comme un subterfuge où le bruit couvre les inexactitudes, le volume cache la mélodie insipide. Un beau travail de producteur, pour le coup.
Si l’amendement anti-tabac passe en février 2007, autant poursuivre avec l’interdiction de The Killers dans les lieux publics. Question de santé publique. |