Le Festival Chant d’Elles s’est donc déroulé du 14 au 28 novembre à Rouen, dans plusieurs salles de l’agglomération.
Ce festival est réjouissant, et il mélange les genres de la musique féminine avec beaucoup d’à-propos, fruit d’une réflexion sur la programmation largement en amont et d’une volonté des créateurs de cet évènement d’à la fois créer une véritable dynamique culturelle globale sur cette belle endormie qu’est Rouen, tout en gardant une base militante qui est le sel de ce festival qui mêle concerts d’artistes confirmés, de débutantes prometteuses et d’ateliers de travail vocal mené au fil de l’année dans les quartiers populaires.
Une vision globale et englobante de l’Education Populaire par la culture pas si courante et qui mérite qu’on s’y intéresse. Au programme cet année au rayon découverte, Claire Diterzi était vraiment l’artiste à ne pas manquer : Mais doit-on encore parler de découverte : l’ancienne égérie des Forguette mi note assure aussi fort qu’il y a dix ans…
Il y avait également Lola Lafon, jeune chanteuse et écrivain aux racines slaves tout en écorchure et en présence scénique chaleureuse, avec des musiciens à son service pour le bonheur du public. Lola comptera dans les années à venir et s’est déjà fait une place.
Au rayon des confirmations, nous étions cette année ravis avec Natacha Atlas et Mamani Keita, clairement têtes d’affiche de cette quinzaine réjouissante où se côtoyait Jasmine Vegas, Victoria Abril ou Mademoiselle K.
Le concert de Natacha Atlas fut sans doute la séquence émotion de ce festival.
Empreinte d’une sensualité tant dans la voie que dans les gestes, la diva a tout donné dans ce concert alors qu’elle était marquée par un deuil familial.
Dans une petite salle très chaleureuse d’un quartier populaire, la diva habituée des salles plus grandes n’a pas snobé un public acquis venu pour danser et profiter d’un show réglé où se détachait principalement le cousin de Natacha Atlas, joueur de Darbouka particulièrement impressionnant.
Mamani Keita a mis un autre style de feu dans ce qui reste le spectacle le plus réjouissant de la quinzaine accompagné de musiciens imposants.
Jérôme Goldet bassiste de la tribu M et d’Olympic Gramophon et Nicolas Repac, guitariste d’Arthur H et orfèvre de l’album de Mamani, elle-même ancien membre de formation mythique, du super rail band de Bamako aux chœurs de Djemilmady Tounkara.
Accompagné de ces deux lascars ainsi que d’un griot, Moriba Koita, spécialiste du ngoni, Mamani livre un show époustouflant, vivant, extrêmement dense avec des morceaux de bravoure musicales à tous les coins de morceaux. Repac s’offre de large plage de soli sans jamais tomber dans la démonstration. Il a un jeu souple, puissant, fiévreux. Tout ce qu’il fallait, donc, pour offrir au public un grand, un beau concert.
Un festival qui s’est terminé le 28 novembre par une touche rock, Mademoiselle K, histoire d’avoir son comptant de décibel jusqu’à l’année prochaine.
Où de nouvelles surprises nous attendrons. |