Bang(s), Bang(s), rock'n'roll!
Quand mon père m'offrit ce livre de Jim DeRogatis, je dois dire que je n'avais aucune foutue idée de qui pouvait bien être Lester Bangs.
Pardonnez mes dix-sept ans. Je finissais tout juste la fabuleuse bio des Doors, "Personne ne sortira d'ici vivant", et même si j'en suis sortie sauve, j'avais un peu la gueule de bois des différentes beuveries du grand Jim. J'ai donc aussitôt enchaîné avec un autre alcoolique mais qui, pour certains, l'inventeur du concept du rock. Pour tous, il fut un des plus grands critiques de tous les temps.
D'une mère Témoin de Jéhovah qui ne pleurera pas son père mort dans un incendie, ce dont il gardera un traumatisme évident, il exprime tout sa courte vie par l'écriture, la critique et la littérature ce que ses contemporains traduisaient par la musique. Il s'essaiera d'ailleurs à la musique, ce qui se finira en un échec cuisant.
Tantôt l'esprit de révolution de l'époque, tantôt un profond sentiment d'ennui, il transcrira son époque (les années 1970), fervent tout autant de Jack Kerouac, de William Burroughs et de Lou Reed.Pour lui, le rock était avant tout chose un état d'esprit: que ce soit l'écriture, la façon de vivre, le rock ne se limita pas à la musique.
Ce livre paru en septembre 2006, trés bien écrit, recrée l'atmosphère de la blank generation (comme la chanson de Richard Hell & the Voidoids), de San Diego à New-York en passant par Détroit, le Texas. Il dépeint le lancement du magazine Creem, référence de l'époque, concurrent de Rolling Stone, et montre le lent déclin d'un mec qui aura tenter de panser/penser avec des mots ses plaies béantes.
Le bouquin propose à la fin un article inédit de Lester Bangs qui lui donne son titre.
C'est drôle, assez révélateur du genre d'humour que pouvait avoir le journaliste, pote de Patti Smith, des Clash, se lançant dans de violents échanges avec Lou Reed, son idole, ne ménageant personne lorsqu'il décrétait, dans le deuxième magazine rock du pays, qu'un album n'était rien “qu'un tas de bouse”. Voyez plutôt...
Vivant sa vie à fond la caisse, Lester Bangs mourra quelques semaines après que l'auteur du livre l'ait rencontré, à trente-trois ans, après une vie de rock'n'roll et de drogues. |