Trois jours de concerts, trois jours de musique, de photos et de chroniques au milieu de la gigantesque fourmillière que sont les Transmusicales de Rennes. Aujourd'hui, on change de méthode en abandonnant le récit de la journée au profit des grands moments de la soirée, du plus étonnant concert à la prestation la plus attendue, du plus country des français au plus bruyant des groupes de la sélection 2006. Place aux résultats :
Shoegazers never die ! : Serena Maneesh. Le retour du shoegazing annoncé l'an dernier avec les Pure Reason Revolution n'a pas duré. D'ailleurs en était-ce vraiment un ? Ce qui est sûr c'est que cette année, les dignes successeurs norvegiens des My Bloody Valentine étaient là, avec leur leader charismatique et une superbe bassiste. Du bruit et encore du bruit dans ce hall 3 plongé dans la pénombre. C'est parfois un peu brouillon mais quel bonheur de retrouver ce style de noisy tellement abandonné de nos jours.
Johnny Cash rennais : Orville Brody and the goodfellas. Le nom parait venir des amériques, la musique rappelle un certain Johnny Cash ou tout autre idole des cowboys et pourtant il est français cet Orville Brody, et fait de la country comme nul autre de nos concitoyens. Etonnant et excellent concert sur la belle scène du hall 4
L'homme orchestre : Son of Dave. Le live sampling est devenu pratique courante sur les scènes du monde entier. Armé d'une pédale d'effet et de ses instruments, l'artiste s'enregistre, joue, chante, sur les boucles ainsi créées à la volée. Son of Dave sublime cette technique par le nombre d'instruments qu'il peut jouer. Il sample sa voix, des percussions, de l'harmonica, puis chante un blues saturé et rajoute des boucles, en enleve jusqu'à devenir un terrifiant homme orchestre. Fascinant de part la technique et la prestation du bonhomme.
La surprise : Cassius. On les a vu partout, on les a entendu à la radio, à la télévision, avec leur french touch plaisante mais tellement convenue. Sauf que Cassius en live, ce n'est plus la même chose. A l'instar des Beastie Boys de 2004 délaissant le hip hop pendant une moitié de concert pour leurs fabuleux titres instrumentaux, les Cassius arrivent avec leurs instruments pour un vrai concert live particulièrement efficace.
La bouche : Ezra. Une bouche, un micro et ce sont 20 minutes de délire musical avec Ezra, human beat box du groupe Nouvel R présent demain sur la scène du hall x. Tout y passe, de la grosse caisse la plus sourde à la caisse claire étonnante de vérité en passant par les percussions ou les scratchs, la discipline la plus impressionante du hip hop est totalement maitrisée par le jeune Ezra qui laisse pantois le public du hall 9. Tous les yeux équarquillés et la bouche ouverte. Jean-Louis Brossard lui demandera même de sonoriser le changement de plateau et fera une bise au jeune homme terriblement ému.
La hype : Klaxons. Groupe à la mode, au nom qui laisse songeur, les britanniques des Klaxons ne font pas dementir leur réputation de rock déjanté tout en filtrant d'un titre à l'autre avec une pop plus calme et entrainante. On risque bien de les revoir sur beaucoup de festivals cet été car ils ont le don pour faire bouger les foules.
La petite frappe : Albert Hammond Jr. Dernière tête d'affiche à avoir été annoncée, en remplacement heureux des Scissor Sisters dont la venue n'a pas pu être finalisée, Albert Hammond Jr ne fait pas du Strokes en solo. Certes on retrouve sa guitare et son style, même chez ses compères (3 guitares sur scène), on retrouve presque la voix, mais on reste un tout petit peu sur notre faim en ayant tellement aimé voir le groupe au complet égrener ses albums sur la scène des Transmusicales. C'est très bien mais evidemment moins bien que les Strokes.
Panique sur le dancefloor : Beats and styles. You're a girl and i'm a boy, let's dance dance dance. C'est le credo de ce groupe finlandais mélangeant instruments acoustiques et drum'n bass. Juste de quoi faire danser l'assistance en cette fin de deuxième soirée des Trans 2006. Décevant après la belle prestation de Cassius mais les amateurs étaient nombreux.
La surprise : The Books. Belle surprise avec les américains de The Books, entre bricolages sonores brillament réussis et voix étherée. Des samples enrichissent le tout et plongent les spectateurs dans une ambiance musicale surprenante amplifiée par des projections telles que des anagrammes de Meditation pendant les accordages ou une chanson dont les paroles glissent magnifiquement sur l'écran pendant que le chanteur les prononce. Le guitariste et le bassiste/violoncelliste terminent sur une reprise de Nick Drake sous d'énormes applaudissements.
L'exceptionnelle arnaque : The Long Blondes. S'appeler les Long Blondes en proposant un line up composé de deux brunes, une fausse rousse et deux gaillards c'est quand même un peu une arnaque. Mais la déception s'efface dès les premières notes. La voix peut rappeler le côté androgyne de Katie Sketch sur une musique pop rock agitée. A ne pas manquer si ces simili-blondes passent près de chez vous.
Et à demain pour une soirée beaucoup plus electro mais certainement riche en surprises...
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