Des mois qu’on attendait ça. Après la vague de concerts qui entourèrent la sortie du premier album de Nosfell, il y eut inévitablement le silence… Le temps de reprendre du souffle, le temps de repenser à de nouveaux morceaux, le temps de les composer, le temps d’enregistrer à nouveau. Et le second album est sorti fin octobre où l’habitant de Klokochazia nous dévoile une nouvelle facette de son univers musical ! Restait donc à retrouver Nosfell sur scène…
Nous sommes maintenant le grand soir. Le rideau vient de tomber brusquement, mettant fin à plus de deux heures de concert exceptionnel ! La lumière de la salle vient de se rallumer sur un public aux mines travesties, ébahies et éblouies. Chacun d’entre nous se demande : mais que vient-il de m’arriver ?
Car il faut bien se rendre à l’évidence, le monde de Nosfell croît de manière exponentielle ! Artiste à l’univers très personnel et musicien à part entière, on le savait déjà. Mais aujourd’hui, sa démarche recouvre un horizon plus vaste.
Toujours accompagné de ses deux complices (Pierre Le Bourgeois, au violoncelle et Edouard Bonan au son), Nosfell a ce soir d’autres acolytes à ses côtés. Cette configuration insuffle à sa musique une dynamique et une fluidité qui lui permet d’exploser littéralement.
Mais peut-on encore vraiment parler de concert quand il s’agit d’aller le voir sur scène ?... Musique, chant, danse (Nosfell désarticulant son corps), jeux de lumières (des jeux d’ombres et une scène très peu éclairée) et projections vidéos, le tout articulé au sein d’un itinéraire onirique en pays klokobetz et entrecoupé de récits mythiques où la parole confère à l’histoire toutes ses nuances et tous ses méandres possibles et infinis.
C’est ainsi, qu’au détour des intermèdes, on apprend l’histoire d’un certain Gumel, gérant d’un village d’une contrée lointaine de Klokochazia, homme d’envergure déchu de ses fonctions, et pourvu d’une meute de chiens blancs à l’allure sensuelle...
Légendes s’entrecoupant les unes aux autres, dynasties de personnages régnants, cartographies de contrées aux allures légendaires, us et coutumes incongrues, toutes trames semblent reliées par les mêmes racines, par le même tout, un voyage dont on ne ressort pas indemne.
C’est donc bien un spectacle total que propose Nosfell, spectacle immensément créatif, pourvu d’une très grande maturité artistique, et qui projette le spectateur au sein d’un univers sans faux-semblant.
Chaque note, chaque mot, chaque posture semble être le fruit d’une même démarche sincère, pleine, généreuse et incarnée.
Il faut croire que la scène « française » n’ait pas connu une telle révolution depuis longtemps. |