Les Nuits Parisiennes. Deuxième édition. Qui aurait cru que ce joli festival initié en 2005 par Louise Attaque à l’occasion de leur retour se déroulerait cette année à Bercy ? Certes, depuis leur réapparition, le groupe avait principalement opté pour le circuit des grandes salles hexagonales, mais de là à jouer à Bercy …
Et pourtant. Contrairement au Grand Rex où seule la venue du quatuor parisien importait vue la faible envergure générale (Deportivo, Stanley Beckford ...), c’est en priorité pour les invités que l’on se traîne cette fois à Bercy ; le set de Louise Attaque n’étant que la cerise sur le gâteau.
En effet, fidèles à leurs talents de découvreurs et à leurs bons goûts caractérisés, les Louise ont réussi à rassembler autour d’eux pour la clôture de leur tournée rien de moins que ESG, Violent Femmes, Herman Düne, Têtes Raides, Tétard … Superbe affiche donc, mais également organisation sans failles.
En plus de la traditionnelle scène centrale, trois autres ont été installées : deux disséminées dans les couloirs et une dernière dans les entrailles de Bercy à l’arrière de la fosse.
A peine arrivé, direction donc le sous-sol pour ESG (Emerald Sapphire Gold).
A peu près personne dans cette immense salle pour assister au set des ces légendes de la scène post-punk.
Et il est vrai que dans ces conditions, le show funky des new-yorkaises prend difficilement malgré la montagne d’efforts déployés, notamment par la batteuse.
En résumé, content de les avoir vu, mais content également de les quitter pour les Violent Femmes.
Malgré son rôle de producteur sur les deux premiers Louise Attaque, Gordon Gano est resté relativement discret dans l’hexagone.
A peine se souvient-on d’un set bancal aux Effervessones fin 2002 où notre homme présentait son dernier album en date auréolé d’une montagne de collaborations (Lou Reed, PJ Harvey …).
Heureusement cette année, on avait enfin pu juger de l’excellente tenue de son groupe de toujours à Barcelone lors du festival Primavera.
Manifestement ravis d’être ici, Gordon et ses sbires gratifieront le public d’une prestation enflammée.
Des fameux tubes du premier album ("Blister In The Sun", "Gone Daddy Gone", "Kiss Off") aux autres classiques du groupe ("Jesus Walking On The Water" ou encore "Country Death Song") tout y passe sans que la salle manifeste le moindre signe de satiété.
Plus encore que sur disque, la musique du quatuor de Milwaukee n’a jamais semblé aussi proche de la musique folk traditionnelle américaine : "We love American music" déclarera d’ailleurs le frontman à plusieurs reprises.
Pas grand-chose à redire. Si, on en reprendrait bien à l’occasion une rasade dans un endroit un poil plus confiné.
Pause. Après avoir assuré au dernier moment la première partie des Louise à Angers et à Lille, voici qu’Herman Düne se voit également convié à Bercy pour une des dernières dates de leur virée automnale.
Un vrai petit évènement. Sapé comme un prince, Yaya discute tranquillement avec ses supporters de toujours avant de monter sur scène. Et force est de constater qu’en formation réduite (sans chœurs avec uniquement Dr Schonberg aux percutions et trompette), Herman Düne s’avère largement plus convaincant qu’à la Cigale.
Aux titres de Giant, le groupe préfère souvent ceux de son glorieux passé pour un set d’une remarquable efficacité. Après ça, les nouveaux convertis risquent encore une fois de se compter par dizaines. Meilleur titre à l’applaudimètre : "Walk Don’t Run".
Pas même le temps d’attendre la fin du show des Düne - du Düne restant en l’occurrence -, voici que résonnent déjà sur la scène principale, les premières mesures de "La Traversée Du Désert" immédiatement suivie de " Revolver" ("Et au milieu de tout ça, il y a moi qui pense à toi ; au milieu de tout ça, il y a moi, je pense à toi"). Entame identique à celle du nouvel album A Plus Tard Crocodile.
Quiconque les a déjà vu en concert pourra confirmer que c’est sur scène que la musique Louise Attaque prend toute son ampleur. Mais différemment suivant les périodes.
Epoque 97-98, en formation acoustique, sets survoltés sous le signe de l’urgence, portés par une série de tubes qui marqueront une génération à tout jamais.
An 2000, année de toutes les réussites, transition vers l’électricité, tournée sublime, album majestueux. Gros son rock taillé pour les grandes salles pour le retour après quelques infidélités du côté de chez Tarmac et AS Dragon. Définitivement, les Louise s’apparentent à un véritable phénomène de société, capables d’effacer n’importe quel clivage générationnel.
Excités comme des puces, les spectateurs (fosse comme gradins) se retrouvent le plus naturellement du monde à danser ou chanter à poumons ouverts les paroles de "Tu Dis Rien", "Les Nuits Parisiennes" ou "Arrache Moi".
Côté répertoire, mis à part ce premier extrait, aucun titre de Comme On A Dit ne sera joué. On ne peut évidemment que déplorer un tel reniement tant ce disque s’avère avec le recul comme leur chef d’œuvre.
Des simples impeccables, des balades lumineuses d’une beauté inouïe, sans parler d’innombrables audaces : les Louise venaient de trouver la formule parfaite.
Qu’importe … on se console avec une pléthore de titres récents : "Sean Penn, Mitchum", "Si C’était Hier", "Est-ce Que Tu M’aimes Encore ?", "Depuis Toujours" … ou avec la toujours efficace triplette du premier album ("Je T’Emmène Au Vent", "Léa" et "Ton Invitation").
Fort heureusement, le quatuor parisien alterne subtilement titres calmes et morceaux pêchus de manière à ménager son public.
En dépit des longs mois passés à soutenir leur nouvelle livraison, le groupe prend visiblement toujours autant de plaisir à jouer, renouant parfois avec les ambiances confinés des bars de leurs débuts, tous regroupés autour de la batterie.
Pour la suite, on passera sur le premier rappel durant lequel DJ Zebra viendra prêter main forte au groupe pour exécuter live certains de ses inénarrables "bootlegs" (collage sonore de deux morceaux).
Séduisant sur le papier, putassier et totalement dénué d’intérêt dans les faits. L’œil rivé sur sa montre, on se navre des "Soirées Parisiennes" superposées à "Seven Nation Army". Un bijou néanmoins comparé à "Da Funk" sur "Si L’on Marchait Jusqu’à Demain" précédent le pénible "Rockafeller Shank" sur "Si C’était Hier".
Pas idiots, les Louise reprennent l’idée à leur compte pour leur deuxième retour improvisant un medley (plutôt réussi cette fois) entre "La Brune" et "Country Death Song" des Violent Femmes voyant Gordon G. revenir au chant. Absorbé par le partage de tels instants avec son idole de toujours, Gaétan Roussel s’amuse comme un gamin.
Au point de tenter de lancer "Blister In The Sun". Sans succès malheureusement. La conclusion de ces deux heures de concert se fera donc sur "Amours", peut-être leur titre le plus représentatif.
Comme souvent, des hésitations ainsi qu’une pointe de septicité se font sentir avant de voir Louise Attaque, mais comme à l’habitude, on repart totalement convaincu par un groupe décidément inclassable pourvu d’une éthique à peu près irréprochable. Suffisamment rare pour être souligné. |